Me Oumar Youm, ministre et porte-parole du gouvernement : « le procès de Karim est un procès de droit (…) à Idrissa Seck, je lui dis que le fou a son cœur sur sa langue, et c’est son cas »

Me Youm, le procès de Karim Wade fait son bonhomme de chemin. Comment percevez-vous ces premiers échanges parfois à la limite du tolérable, entre les deux parties ?
 
Je voudrais d’abord rappeler que ce procès fait partie des exigences des démocraties modernes, mais aussi résulte de l’exercice transparent de la gestion des affaires publiques. Un Etat, à chaque fois que les personnes qui sont censées l’incarner, gérer ses deniers, biens et services, ont fini leur mission, a la responsabilité de les interpeller pour une réédition de comptes. C’est ce que fait actuellement l’Etat du Sénégal par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Ils sont en train d’examiner des dossiers, parmi lesquels, celui de Monsieur Karim Wade.
Dans un procès, malheureusement comme on a l’habitude de le dire, quand la politique entre au prétoire, le droit en sort par la fenêtre. C’est à dire qu’il faut vraiment regretter cette forme de politisation qui donne des allures de théâtralisation du procès.
Ce n’est pas un procès APR contre PDS ou Macky Sall versus Karim Wade. On a suivi la volonté du peuple d’aller jusqu’au bout de cette traque des biens mal acquis.
C’est un procès géré par une justice indépendante qui a considéré qu’effectivement à concurrence de 117 milliards de F CFA, ce qui n’est pas rien, il y a des recherches à faire pour situer des responsabilités sur la base d’une démarche contradictoire, permettant à Monsieur  Karim Wade de se défendre avec ses avocats et à la justice de se prononcer sur les accusations.
Alors cela me désole vraiment de voir ce procès se transformer en pugilat, en dérapages verbaux avec tout ce que cela comporte comme désagrément, ce qui tue la vérité judiciaire.
Je pense que c’est trop facile de faire le lien tout de suite entre l’inculpation ou la mise en demeure ou l’éventuelle garde à vue d’Abdoulaye Baldé avec la Casamance, la rébellion etc. Ce serait même très grave de supposer cela. Car cela voudrait dire qu’il y a un lien direct entre cette personne et la rébellion. Ce  serait quand même grave pour une personne qui a eu à occuper des postes de responsabilité dans le gouvernement.
Je n’irai pas jusque là, même si de par les écrits, une certaine presse fait état de ce lien entre lui et la Casamance. Un ancien  président français a été poursuivi récemment puis placé en garde à vue. Il appartient à la droite, qui est très forte mais il n'y a pas eu de mouvement de soutien ou de tentative de dénigrement de la machine judiciaire.
Il faut que nos hommes d’Etat arrêtent de verser dans cette manipulation de l’opinion. On doit laisser la justice, qui est au dessus de tout le monde, s’appliquer à tous les sénégalais quelles que soient ses origines ou ses appartenances politiques, etc...
 
La crise universitaire gangrène le Campus. Il y a eu même la mort de l’étudiant Bassirou Faye, jeudi dernier. Pourquoi une solution durable n’est-elle pas possible ?
 
Je pense qu’il faut d’abord déplorer cette situation et cette perte humaine qui est regrettable. C’est une occasion pour moi de réitérer, à la suite du chef de l’Etat, les condoléances du gouvernement à la famille éplorée et à la communauté estudiantine et sa solidarité aux blessés de quelque bord où ils se situent.
C’est sur la base d’une réforme que tout est arrivé. Car le ministre en charge de l’enseignement supérieur avec les responsables de l’université avaient pensé mettre les universités du Sénégal dans une dynamique de performance, d’excellence permettant à la communauté universitaire d’être dans de meilleures conditions de travail et de vie.
Malheureusement cette réforme a été très mal perçue jusqu’au jour où il y a eu cette manifestation. 
Il faut reconnaître que l’université a été jalonnée de violence même si ce n’est pas toujours le fait de l’appareil de l’Etat. Il faut rappeler qu’il y a quelques mois, des violences ont éclaté entre étudiants causant la mort de l’un d’entre eux.
Dans tous les cas, c’est une situation où il faut trouver très vite une solution et c’est ce qu’est en train de faire le président de la République, Macky Sall.
Il faut un dialogue sincère et responsable pour une solution durable. C’est ce que nous souhaitons pour l’université et pour les étudiants qui sont au cœur des préoccupations de l’Etat.
Il y a aussi un retard dans le paiement des bourses lié au fait qu’il fallait procéder à l’audit du fichier des boursiers qui a révélé d’ailleurs 35 000 noms de personnes qui n’auraient jamais du bénéficier d’une bourse. Et 35 000 étudiants fictifs, boursiers, c’est 10 milliards de perte par an pour l’Etat.  Cet argent va où ? Dans les poches de qui ? C’est la question selon laquelle nous avons besoin de réponse pour situer les responsabilités à ce niveau et peut être même que ce facteur n’est pas étranger à ces multiples manifestations et mouvements de revendication de paiement des bourses. 
Comme l’a dit le chef de l’Etat dans sa déclaration d’hier, les responsabilités seront situées, une enquête ouverte sans entrave de l’Etat. Une enquête indépendante annoncée par la justice. Il faut quand même saluer cette forme de communication transparente et dynamique entre l’appareil judiciaire et la population et de la famille du défunt qui a besoin de savoir ce qui se passe dans le déroulement de l’enquête.
Quand les résultats arriveront, il sera déclenché le processus de sanction de cet acte que nous condamnons. La perte d’une vie ne doit pas rester impunie.
 
Une pluviométrie déficiente…
 
 
Effectivement pour cette campagne 2014/2015, nous avons remarqué une pluviométrie déficiente. Pas seulement au Sénégal, mais dans tous les pays du Sahel. Ce qui était déjà annoncé depuis le mois de mai. Depuis, le ministère de l’agriculture avait entamé des concertations avec les paysans pour les sensibiliser sur cette question de changement climatique.
Maintenant des mesures sont prises pour accompagner le monde rural. Il faut les informer pour qu’ils soient en mesure de prendre les bonnes décisions. Nos paysans sont braves mais cette situation est du aux changements climatiques.
On est dans une logique de réflexion pour permettre aux paysans de même se passer de l'hivernage par une maîtrise de l’eau. S’ils maîtrisent cette technique avec l’eau, ils travailleront plus rapidement sans compter forcément sur l‘hivernage.
 Il faut espérer que les nouveaux programmes agricoles trouvent rapidement des financements pour leur mise en œuvre. Ils vont permettre à l’agro-business de moderniser l’agriculture comme le souhaite le chef de l’Etat.

L’APR est un parti outillé pour répondre aux attaques d’Idrissa Seck en direction du président Macky Sall. Je ne sais pas pourquoi nos alliés ne réagissent pas, mais l’APR est blindée pour répondre à ces attaques à la hauteur de l’affront.
J'en profite pour féliciter l’appareil politique de l’APR, car à chaque fois que le gouvernement a besoin de soutien, l’APR est présente pour servir de bouclier et vulgariser l’action gouvernementale.
Maintenant il faut comprendre que la coalition a ses règles, au delà de la personnalité individuelle de ceux qui la composent, mais il y a un fondamental de solidarité, de soutien mutuel qui doit être mis en exergue. Alors tous les alliés doivent être vigilants, surtout en cette période de manipulation.  Car chacun essaie d’aggraver la situation et de pousser vers le chaos, en se transformant en chevalier de l’apocalypse. Il faut rester ferme tout en étant serein et lucide.
Les questions du Sénégal ne se régleront pas par la violence, ni verbale, ni langagière, elles se règlent par la réflexion.
Maintenant Idrissa Seck a une liberté de langage qui fait que souvent, il dérape. Par exemple, en assimilant le chef de l’Etat à Ebola, je trouve qu'il est allé loin dans son exercice favori.
Les gens disent souvent que le fou a son cœur sur sa langue, je pense que c’est son cas. Depuis qu’il a perdu les privilèges et l’environnement du pouvoir, on ne lui reconnaît ni talent, ni génie. C’est quelqu’un qui malheureusement verse dans l’insolence et l’injure. Ce qui est très grave pour son statut d’ancien « homme d’Etat »!