Massata Diack sauvé de la prison par l’État du Sénégal / Chronique d’un marathon judiciaire entre Paris et Dakar


C’est désigner un lieu commun que de dire que le dossier relatif à des soupçons de corruption à la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf) dans le cadre de l’attri­bution des Jeux olympiques 2016 et 2020 respectivement à Rio et Tokyo a des relents politiques ; puisqu’il a une corrélation évidente avec la question du financement des activités de l’opposition à Abdoulaye Wade, eu égard aux révélations de Lamine Diack qui, en garde à vue en novembre 2015, avait, dans un entretien accordé au Monde, allégué que des « opposants sénégalais » (avant 2012) avaient bénéficié de l’argent de la Russie.

C’est ainsi que selon de nouvelles révélations de ce journal français, le juge ­Renaud Van Ruymbeke, désigné par le Parquet national financier, en France, pour conduire les investigations, a du faire montre de réels talents de diplomate pour essayer, en vain, de convaincre l’Etat du Sénégal de la nécessité de « livrer » Massata Diack, visé par un mandat d’arrêt international depuis le 16 décembre 2015.
Notre confrère du Monde est revenu sur l’engagement ferme du Premier ministre Boune Abdallah Dionne selon qui le Sénégal n’extrade pas ses enfants.
 
En mai 2016, les juges en charge de l’enquête ont, pour saisies ultérieures, adressé au ministère français de la justice une demande d’entraide judiciaire internationale, aux fins de réquisitions bancaires et à l’effet de procéder à l’inventaire des biens mobiliers et immobiliers de Papa
Massata Diack.
 
Niet catégorique du ministre sénégalais de la Justice, à l’époque Sidiki Kaba. Celui-ci, dans sa lettre du 25 juillet 2016, argue que le Sénégal compte bien exercer sa compétence dans le traitement de cette
affaire.
Six mois plus tard, le juge Renaud Van Ruymbeke revient à la charge et concède au Sénégal de traiter la partie relative aux financements électoraux mentionnés plus haut. Toutefois, tranche-t-il : « Il nous est impossible de nous dessaisir des faits imputés à ce dernier (Pape Massata Diack), même s’il bénéficie de la nationalité sénégalaise ».

Comme pour mettre Massata Diack à l’abri du danger, le Sénégal, six mois plus tard, excipera de l’ouverture d’une information à Dakar et Diack-fils sera placé sous contrôle judiciaire le 5 août 2016. Dès lors, les tribunaux sénégalais, en faisant prévaloir une compétence concurrente des juridictions nationales, poursuivent Pape Massata pour association de malfaiteurs,  corruption active et de blanchiment
de ca­pitaux ».
En clair, le mis en cause pourrait bénéficier des retombées de cette information ouverte par les juridictions nationales pour gagner du temps et espérer échapper à la justice française.  
Vendredi 20 Octobre 2017




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