Mais qui a vraiment exclu Jean-Marie Le Pen?

La vice-présidente du FN Marie-Christine Arnautu assure qu'il n'y a pas eu de vote formel à l'issue du bureau exécutif de jeudi. Le président de séance la contredit alors que l'avocat de Jean-Marie Le Pen évoque un "vice de forme".


Le bureau exécutif du Front national a-t-il voté l'exclusion de Jean-Marie Le Pen  dans les règles et en toute indépendance? La question se pose alors que l'une des membres de ce bureau, Marie-Christine Arnautu, seule personnalité favorable au patriarche au sein de cette instance, s'est dite dès jeudi soir "choquée". "On devait échanger par mail avant de prendre une décision finale pour définir un communiqué commun", a assuré sur BFMTV la fidèle qui se sent "victime d'une mascarade". "Il était clairement question de nous revoir avant les conclusions finales." 

Un témoignage qui pourrait avoir son importance et qui n'a pas échappé en tous les cas à l'avocat de Jean-Marie Le Pen, Me Frédéric Joachim. Rebondissant dessus, le conseil en conclut  que "tout était joué d'avance" et que Marine Le Pen et Florian Philippot, qui n'ont pas participé au vote, "n'ont pas voulu se salir les mains et ont laissé l'exécution des basses oeuvres à des dirigeants moins importants". Un élément susceptible d'être mis en avant dans la procédure en justice que Jean-Marie Le Pen va désormais déclencher  pour contester la décision. L'avocat l'a d'ailleurs confirmé dans une interview à Paris-Match : "Les membres du bureau exécutif ont (...) attendu que Marie-Christine Arnautu, membre du bureau exécutif et proche de Jean-Marie Le Pen, soit rentrée chez elle, pour rendre leur décision. Il y a là, sans doute, aussi un vice de forme." 

 
 

Un tour de table a bien eu lieu

Contacté par L'Express, Jean-François Jalkh, vice-président du FN qui présidait jeudi le bureau exécutif, conteste la version de Marie-Christine Arnautu. "Jean-Marie Le Pen a été entendu puis la séance a été levée. Il y a eu ensuite un tour de table où chaque membre du bureau exécutif [ils n'étaient que cinq, Louis Aliot s'étant absenté pour un impératif personnel, selon Marie-Christine Arnautu] s'est exprimé, en présence de Marie-Christine Arnautu", indique Jean-François Jalkh qui refuse, au nom de la "confidentialité des débats", de ne pas révéler combien de membres du bureau se sont prononcés en faveur de l'exclusion. Seule indication: l'exclusion a été décidée à la "majorité requise", que le Front national refuse de préciser.  

Marie-Christine Arnautu pouvait-elle ne pas savoir que l'exclusion était alors adoptée? "Elle ne sait pas compter ou elle a des pertes de mémoire et je ne suis pas médecin", répond Jean-François Jalkh. L'intéressée confie à L'Express: "C'est vrai que chacun a exprimé son vote éventuel. Mais à l'issue de cette réunion, il a été convenu de nous reparler, aucun délai n'a été fixé. Wallerand de Saint-Just a même demandé qui était là demain [vendredi 21 août] afin que nous puissions échanger par e-mail." 

"Je sentais les membres du bureau exécutif ébranlés"

 

La vice-présidente du FN chargée des Affaires sociales reconnaît toutefois que "très sincèrement, oui, j'avais l'impression que les jeux était faits [en faveur d'une exclusion de Jean-Marie Le Pen]. Mais je sentais les membres du bureau exécutif, à tort apparemment, ébranlés par ce que Jean-Marie Le Pen leur avait dit dans l'après-midi et pensais que ça pouvait évoluer". En tous les cas, "contrairement à ce qui s'était passé le 4 mai ", jour du vote de la première suspension de Jean-Marie Le Pen, il n'y a pas eu de vote formel pour ou contre l'exclusion, assure Marie-Christine Arnautu. 

"Elle sort la question du délibéré de son chapeau", contredit Jean-François Jalkh qui reconnaît qu'une chose: "On avait pris le parti d'un embargo sur le résultat du vote. C'est Marine Le Pen et Florian Philippot, qui ont décidé de le lever le jour-même." Sans doute, confie une source frontiste, pour battre en brèche les propos de Me Frédéric Joachim qui, à l'issue de l'audition de son client, avait laissé entendre que ses arguments juridiques avaient fait mouche. 

Express

Vendredi 21 Août 2015




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