MCA : Les Espagnols désertent la RN6

La société espagnole chargée de construire la Route nationale n°6, qui relie Ziguinchor à Tambacounda, est en train d’abandonner le chantier, pour se porter vers celui du pont de la Gambie, qu’il a gagné. Cette désertion risque de porter un grand coup au projet d’un second compact du Sénégal pour le Mca.


MCA : Les Espagnols désertent la RN6

La société espagnole des Bâtiments et travaux publics Isolux Corsan Corviam, qui a gagné le marché de réalisation de la Route nationale n°6, notamment du tronçon Tanaff-Kolda, long d’environ 75 km, est en train de plier bagages alors que le contrat du chantier n’est réalisé qu’à moitié, en moins de deux mois de la fin du contrat de construction. Cette route, qui fait partie des infrastructures financées par le Millenium challenge account (Mca) américain, a connu beaucoup de retard dans sa réalisation, comme l’a déjà dit Le Quotidien (voir n°3540 et 3541 des jeudi et vendredi 20-21 novembre 2014). L’entreprise espagnole, qui a été adjudicataire du lot le plus important de cette route, a déjà enregistré beaucoup de retard sur ce chantier. Il faut rappeler que ce n’est qu’une partie du large chantier de la route qui doit relier Ziguinchor à Tambacounda.

Les enjeux étant importants pour le Sénégal qui vise un autre compact avec les Américains, compact qu’il espère plus important que celui négocié en 2009 par un Abdoulaye Wade désabusé par l’annulation du premier qui avait été proposé aux Américains, et qui portait sur l’aménagement de Diamniadio, les autorités ont tout fait pour que l’entreprise espagnole ne continue pas de retarder les travaux. Il lui avait même était enjoint de sous-traiter une partie de son chantier pour aller très vite. Mais il semble que cela n’ait pas changé grand-chose.
Si des ouvrages symboliques, comme le pont de Kolda, qui a même été inauguré par le Président Macky Sall, ont pu être achevés et réceptionnés sans trop de difficultés, il n’en est pas de même avec d’autres parties du chantier. Cette situation a laissé pantois de nombreux observateurs, qui indiquant que les Espagnols avaient même reçu une avance très consistante, pour ce chantier d’environ 70 milliards de francs Cfa. Les mises en demeure n’ont pas tellement fait avancer les choses, alors que les normes du Mca imposent que les financements se terminent à la fin du compact. Et pour le Sénégal, celui-ci est, actuellement, à moins de 147 jours.
La compagnie espagnole, dont Le Quotidien avait révélé qu’il avait été co adjudicataire du marché de construction du pont sur le fleuve Gambie à Farafégné, avec l’entreprise Arezki, aurait, selon des informations fiables, commencé à déplacer le peu de matériel qu’il possédait sur le chantier de la Rn6 vers la Gambie. A ceux qui les interrogent sur ce qui ressemble de plus en plus à un abandon du chantier, les dirigeants de la société Isolux rétorquent que le Sénégal leur doit de l’argent après lequel ils seraient fatigués de courir.
Ce à quoi les autorités sénégalaises feraient comprendre que le contrat est pris en charge par la représentation du Mca au Sénégal, mise en place par les Américains, et qui est seule habilitée à faire des décaissements. Par conséquent, le Sénégal ne doit rien à Isolux. Par ailleurs, cette entreprise aurait encaissé à deux reprises, l’équivalent de 10% du chantier total, et ce, avant même qu’elle ait commencé son travail. Par ailleurs, les règles du Mca indiqueraient que n’ait payé que le service fait. Ce qui, à deux reprises, n’avait pas été respecté en ce qui concerne Isolux, et cela ne l’a pas poussée à être plus entreprenante, malheureusement. 
Pour le moment, toutes les autorités interrogées sur les éventuelles conséquences de l’arrêt des travaux sur la négociation du second compact, essaient de se monter optimistes, en faisant valoir que ce ne serait que ce tronçon de Tanaf-Kolda, et même pas dans son entièreté, qui connaîtrait du retard. Et même si le compact venait à prendre fin, le Sénégal pourrait activer les choses pour que le tronçon prenne rapidement fin. D’où un optimisme assez mesuré, pour ne pas dire de façade. Car les enjeux sont très importants pour le Sénégal, qui espère recevoir cette fois-ci, un peu plus du double des 270 milliards de Cfa du premier compact.


Le Quotidien

Mardi 28 Avril 2015




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