Logiques de Prédation et Logiques de Construction au Sénégal (Suite et fin)


Logiques de Prédation et Logiques de Construction au Sénégal (Suite et fin)
Logiques de Prédation et Logiques de Construction au Sénégal (Suite et fin) (Complément à l’Analyse du Professeur Thioub)
Seconde Partie
Par A. Aziz Mbacké Majalis
Extrait 4 de l’interview du Professeur Thioub : « Le clientélisme s'installe dans une société où le pouvoir n'est plus régi par des règles de droit coutumier ou moderne.»
Entièrement d'accord avec cette règle générale. Sauf qu’il faut rappeler que, même dans des sociétés dites modernes où le pouvoir est prétendument « régi par des règles de droit » réputées solides, subsistent encore d'autres formes de clientélismes, souvent même plus insidieuses et plus préjudiciables à terme aux masses, sous certains aspects, que les nôtres. Si l'on prend l'exemple des pays dits « avancés », il est facile de voir, à l'analyse, que les logiques d'exercices du pouvoir y sont souvent assujetties à des « lobbies » (occultes ou officiels) extrêmement puissants, dont les intérêts se trouvent bien souvent opposés à ceux des populations ou même de l'humanité : lobbies financiers, militaro-industriels, médiatiques, juifs, homosexuels, maçonniques etc. Il suffit, pour s'en convaincre, d’observer lucidement, sans céder au diktat de la pensée unique et autres manipulations médiatiques des opinions, comment le monde fonctionne de nos jours, comment l'Homme y devient de plus en plus une variable fort négligeable dans le jeu politico-financier et géostratégique mondial, comment les droits de l'homme ne sont devenus qu'un simple cheval de Troie et un alibi pour imposer l'arbitraire et ses propres visions, comment la stratégie de la « Démolicratie » meurtrière, en œuvre dans plusieurs points du globe (Irak, Afghanistan, Égypte, Libye, Syrie, Ukraine etc.), est entrain de devenir une norme juridico-politique internationale largement acceptée...
Ce sont donc, à notre avis, plus les terminologies qui changent (ou sont changées), alors que, dans la pratique, d'autres logiques de « prédation » mondialisées, infiniment plus puissantes, plus sophistiquées et plus destructrices que celles en cours dans notre pays, ont aujourd'hui tendance à prendre le pas sur absolument tout. Alors que, fait étrange, jamais auparavant, il n'y a autant  eu de chartes, de traités, de structures d'encadrement mises en place par les « Grands » de ce monde s’étant autoproclamés « communauté internationale » sans que nul n'y trouve à redire. Cherchez l'erreur...
Extrait 5 : « Pour se prémunir de la violence du système, les individus sont obligés de s'inscrire dans des réseaux de parentèle ou professionnels ou religieux. Ils cherchent par ce biais à se soumettre à un patron qui peut prendre la figure d'un patriarche, d'un chef religieux, d’un leader politique, syndical ou associatif, etc.»
Ceci aussi constitue une indéniable réalité, sous certains rapports. Mais, en plus de ces motivations de « patronage » généralement invoquées dans la recherche pour justifier (par exemple) l'adhésion à un groupe religieux, nous aurions aimé que la réflexion académique progresse aujourd’hui un peu plus, sans s'arrêter aux classiques clichés du modèle de la « soumission féodale du serf à son seigneur » emprunté au Moyen-Âge européen. Démarche qui permettra à cette recherche, jusqu’ici «  rampante », de se remettre sur pied, en accédant à la profondeur même de la pensée des leaders religieux sénégalais « protecteurs », pour comprendre enfin en quoi le projet de société que ces derniers ont proposé à leur peuple (car ils ne sont pas venus les mains vides) a pu obtenir l'adhésion active (et nullement passive) de celui-ci.
En d'autres termes, comme nous l'avons suggéré dans notre essai précité, nos universitaires se doivent désormais d'étudier plus profondément et de façon plus scientifique l'œuvre intellectuelle et littéraire de nos illustres penseurs. Et ne plus se contenter d'assimiler ceux-ci à des « chefferies religieuses féodales », exploitant la crédulité du peuple ou n'ayant pour seul mérite que d'avoir été là au bon moment de l'histoire, selon le paradigme tenace appréhendant les confréries comme des structures de « substitution » transitoires ou palliatives de la société wolof déstabilisée par la colonisation (reproduisant ainsi mécaniquement les schémas éculés des Marty ou Copans, à travers leurs œillères matérialistes/marxistes). Ceci, afin d'y chercher minutieusement les éléments vivants et endogènes qui expliquent leur succès auprès des masses. Ce n'est qu'à cette condition, que les chercheurs pourront procéder à l'(auto)critique nécessaire et objective de certaines dynamiques négatives et de dévoiements dans nos milieux religieux. Critique constructive seule à même de mener vers les réformes (tajdîd) indispensables à la mise à niveau de ces derniers, afin de mettre leurs immenses potentialités au service de la nation et d'une meilleure rationalisation de notre rapport à la chose publique. Autrement dit, à mieux articuler notre « confrerité » à notre citoyenneté...
Extrait 6 : « Le peuple sénégalais sacrifie rarement ses enfants dans la rue. C'est l'expression d'une culture très profonde qui agace d'ailleurs souvent les intellectuels. Ayant culturellement mémorisé la violence débridée des Ceddo, les citoyens restent sereins et lucides face aux agressions du pouvoir, dans l’attente du jour de la sanction par les urnes. Cela me semble venir d'une lecture correcte de la longue expérience de la violence sans limite du pouvoir ceddo. »
Là encore, il nous semble important de compléter la pensée de l'historien. En effet, au-delà de cette intéressante approche du « boa » qu'il décrit, il nous semble exister d'autres facteurs, non moins importants que cette mémoire collective de la violence ceddo, qui peuvent expliquer ce que d'aucuns conçoivent comme une sorte d'apathie et d'attentisme nonchalant des sénégalais face à l'arbitraire. Notamment les valeurs soufies de patience, de longanimité devant l'épreuve, de pardon, de réconciliation etc. qui ont joué un rôle prépondérant dans l'éducation des masses (à travers les logiques de « tarbiya » dans les daaras spartiates), dans leur relativisation des contextes de crises, dans leur préférence pour des démarches pacifiques et non-violentes, de conciliation (maslaha), de dépassement des différences etc.
C'est ainsi que, à travers certains mythes fondateurs de la nation sénégalaise (comme la merveilleuse odyssée de Cheikh A. Bamba et les dures épreuves qu'il eut à endurer de façon stoïque jusqu’au triomphe final), les valeurs de patience et de paix régulièrement rappelées par les guides religieux (héritiers des « serigne fàkk-taal ») dans leurs sermons et discours au peuple, surtout en temps de crises, ont su imprimer dans notre identité ces valeurs, plus même, à notre sens, que la mémoire ceddo. Même s'il peut quelques fois arriver à ces symboles, dans certaines circonstances particulières (comme la décrédibilisation accrue de certains types de religieux, héritiers des « serigne làmb »), de ne plus être totalement opérants. Surtout dans un contexte moderne où ces valeurs et symboles sont rudement concurrencés, sur le « marché des valeurs mondialisées », par de plus en plus de perspectives antinomiques à toute notion d'autorité morale. D'autant plus que, à l'analyse, le « psyché » sénégalais, exposé depuis longtemps à tous les vents d’une société ouverte, est constamment tiraillé entre différentes influences qui, à tour de rôle et dans certaines circonstances, prennent alternativement le pas, les unes sur les autres : soubassement négro-africain et animiste primaire, valeurs millénaires arabo-islamiques, idéaux coloniaux-occidentaux des Lumières, contexte et nouvelles valeurs de la mondialisation-modernité etc.
Extrait 7 : « Paradoxalement, c’est dans le discours des jeunes rappeurs du mouvement hip-hop que cet héritage se perpétue. Celui-ci s’est substitué à la voix des autorités morales et religieuses devenues trop souvent aphones par intérêt, devenant de fait la conscience morale de l'Afrique contemporaine.»
Nous avions déjà, aux plus forts moments de la contestation contre le régime précédent, entamé une réflexion sur ce sujet. En l'analysant sous le prisme du concept fort controversé de « Ndigël », dans un article aux relents polémiques, intitulé « Le Sénégal au Carrefour du Ndigël et de Y en a marre » (voir ce lien). Nous aimerions simplement ajouter ici, pour relativiser un peu l'analyse du Pr Thioub, que l'impact du mouvement hip-hop dans les bouleversements politiques récents du pays, bien que non négligeable, nous a toujours semblé (sciemment ?) exagéré dans le discours médiatique. Peut-on aujourd'hui sérieusement, et avec le recul, soutenir que ce sont les rappeurs qui ont poussé le peuple sénégalais à se soulever et à sanctionner l'ancien régime ? Ou sont-ce plutôt ces rappeurs qui ont réussi à surfer efficacement, aidés en cela par les médias (et d'autres mécènes ?), sur les sentiments de frustrations et de rejet accumulé de ce même peuple envers les dérives devenues intolérables du régime de Wade ? En réalité, le rejet de la majorité des citoyens sénégalais du régime de l'Alternance était devenu tel que, n'importe quelle mouche enhardie aurait pu s'afficher ostensiblement au dessus du coche de la colère populaire et s'autoproclamer sauveur de la nation (à l'instar d'un célèbre « député du peuple » qui s'érigea bruyamment instigateur du 23 juin). Les masses, non moins habiles dans ce jeu d'opportunisme politique, ayant simplement accepté le compagnonnage des rappeurs, dans la conscience que ces derniers pouvaient bien servir leur cause (tous les moyens pour se débarrasser du régime étant tenus comme bons en ce moment là par les populations). En outre, si l'on se rappelle que les rappeurs avaient préféré le front de la guérilla urbaine des « place-de-l'indépendantistes », qui rejetaient alors toute éventualité d'élections décisives, après la forfaiture du Conseil Constitutionnel, comment se fit-il que l'écrasante majorité du peuple ait décidé de ne pas les suivre dans ce combat et de se conformer, entre autres, au Ndigël du Calife des mourides et d’autres voix morales, consistant à se déterminer pacifiquement à travers des joutes transparentes et paisibles le jour J, puis de voter pour l'un des seuls candidats à avoir consenti à battre pacifiquement campagne ?
Nous pensons ainsi que l'essentiel du peuple sénégalais n'est nullement dupe et n'est pas encore prêt, malgré toute l’armada médiatique mobilisée, à faire des figures du hip-hop, déambulant torse nus, l'injure à la bouche, la nouvelle « conscience morale de l'Afrique contemporaine », selon la formule optimiste du Pr Thioub. Mais que ce sont plutôt des entités non identifiées (ou même officielles, comme tendraient à le montrer clairement le spectaculaire geste de Fabius et les ultérieurs types de mécénats non moins explicites), désireuses de récupérer à long terme le sentiment de révolte de la jeunesse envers l'autorité établie suscitée par la seconde alternance, qui aspirent nous imposer un nouveau paradigme culturel, en « fabriquant » habilement notre consentement à devenir un « Nouveau Type de Sénégalais » sorti d'on ne sait où. Les rappeurs contestataires n'ont qu'à appeler une nouvelle fois le peuple sénégalais à une insurrection semblable à celle du 23 Juin, dans un contexte différent, pour sentir véritablement  la capacité de ce peuple de leur rétorquer cyniquement « Y en a marre ! »...
Extrait 8 : « Les écrits et pratiques des lettrés musulmans soufis [comme Cheikh A. Bamba, El Hadj Malick Sy etc.] constituent à mon sens la critique intellectuelle et religieuse la plus radicale de la culture de prédation au Sénégal. Je doute que cet héritage inspire aujourd’hui la pensée intellectuelle sénégalaise qui a tendance à lui tourner le dos par complexe de laïcité. »
Nous sommes parfaitement en phase avec le professeur sur la portée, malheureusement pas encore assez étudiée ni assumée, des écrits et de la pensée globale de nos illustres grands penseurs. Il va également de soi que cette pensée de nos « Pères Fondateurs », artisans de ce que nous qualifions de « Siècle Sénégalais des Lumières », peine encore à impacter, de façon optimale, sur tous les aspects de notre vécu quotidien (éthique, politique, socioéconomique, culturel etc.). Pour plusieurs raisons.
Certaines d'entre elles, et non des moindres, consistent aux pesanteurs sociologiques internes de nos communautés religieuses mêmes, à certaines dynamiques de dévoiement d'acteurs religieux non vertueux (que nous avons nommées « mouridophagie » (ou dundee yoonu mouride) dans le cas spécifique du Mouridisme), à une insuffisance d'adaptation méthodologique de nos organisations demeurées globalement traditionnelles, au culte souvent passif ou folklorique et pas toujours volontariste des anciens, à des problèmes de priorisation de nos initiatives, à la négligence envers le patrimoine intellectuel et littéraire au profit d'autres projets moins importants à long terme, aux logiques de prédation ceddo (que nous avons dénommées « Khidma dévoyée ») perpétuées par les brebis galeuses évoluant à l'intérieur des leaderships confrériques, qui contrebalancent ou neutralisent même celles de construction (Khidma) de leurs éléments vertueux etc. Ces écarts et dévoiements étant notamment illustrés par la contradiction entre le sacrifice de sa propre personne pour autrui, qu’implique la Khidma théorisée par Cheikh A. Bamba, et les adages wolof biens connus, comme « Sama bopp a ma la gënël du bañ naa la » (Ce n’est pas parce que je me préfère à toi que je te hais pour autant) ou « Njariñ loo fekke » (Mieux vaut se sacrifier pour une cause dont on est certain de profiter soi-même). Maximes populaires assez représentatives de certaines attitudes de nature « individualiste » ou même « obscurantiste » constatées dans nos communautés, de la part surtout de certains de leurs leaders. De même que l’utilisation fréquemment dénoncée de la chose politique ou religieuse à des fins préjudiciables à l’intérêt général et aux générations futures.
En décrivant les processus d'intégration (auxquels le Pr Thioub fit référence) de certains éléments issus du système ceddo dans le Mouridisme, nous écrivions déjà dans KHIDMA : « Et bien que beaucoup d’entre eux se soient ultérieurement distingués par leur grande valeur éthique et morale dans l’œuvre du Cheikh (qualités quelques fois transposées de certaines valeurs fortes de noblesse ou de fierté traditionnelle Ceddo), il n’en demeura pas moins vrai que le processus d’assimilation des enseignements de Cheikh A. Bamba par les éléments issus de l’ancien système ne se fit pas sans l’incorporation en retour de certaines traditions, réflexes et schèmes fondant ce système dans le corpus doctrinal du « Mouridisme sociologique ». Ainsi, confrontée à certaines ruptures décisives et douloureuses  imposées par la nouvelle perspective spirituelle et sociale proposée par le Mouridisme, avec tous ses corollaires politiques, économiques, organisationnels etc., la société wolof réagit en adaptant un grand nombre de ses schèmes traditionnels (dont certaines structures de pouvoir avec leurs forces et leurs dérives) au nouveau contexte mouride, comme c’est le cas à chaque fois qu’un groupe social se trouve soumis à certaines évolutions brusques et importantes. » (p. 109) C'est donc dire que des réformes ou entreprises de renouveau éclairées et courageuses de ces insuffisances nous semblent inévitables dans le futur. Si, du moins, nous aspirons à ce que le milieu religieux sénégalais ne soit un jour laissé en rade de l'Histoire (comme s'y emploient activement ses ennemis) et puisse enfin jouer pleinement le rôle de matrice éthique et socioculturelle qui doit naturellement demeurer le sien.
En dehors de nos communautés, le « complexe de laïcité » des élites politiques et intellectuelles, surtout francophones, invoqué par le Pr Thioub, a jusqu'ici empêché à notre nation de s'approprier pleinement les inestimables enseignements et idées de nos propres penseurs. Une appropriation pourtant plus que nécessaire pour réaliser un jour notre propre « Révolution culturelle » (plus décisive que les simples « révoltes » passagères du 23 juin). Ces élites acculturées lui ayant préféré, surtout au niveau de l'école publique et des institutions, d'autres visions du monde et schémas de pensée pas toujours en accord avec notre identité et nos aspirations endogènes, tout en excluant de façon insidieuse toute référence utile à notre patrimoine littéraire et intellectuel, sous le fallacieux prétexte d'une laïcité neutralisante. Un déphasage nous ayant poussé à nous interroger, au moment de théoriser ce que nous appelons « La République SÉNÉGALAISE » : « Comment, dès lors, s’étonner que la schizophrénie culturelle qui frappe une bonne partie de nos élites (très éloignée de l’heureux « métissage » tant chanté) et une grande partie de notre peuple, ait mené beaucoup d’entre nous à ne plus savoir qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons ? Comment une nation, qui se trouve quotidiennement obligée de porter les habits taillés pour d’autres personnages, astreinte de monter, aussi fantasquement accoutrée, sur une scène mondialisée à laquelle elle ne s’est pas assez préparée, pour jouer un rôle burlesque dont les dialogues furent écrits dans une langue non maîtrisée, pourrait-elle offrir un spectacle autre que grotesque au monde et à l’Histoire ? » (Khidma, p. 361)
La « Révolution culturelle », il faut le savoir, ne se décrète pas solennellement du haut du parvis de la République. Elle procède d'abord et avant tout d'une profonde révolution des références et des comportements, aussi bien à la base qu’au niveau même des élites censées diriger le peuple et lui montrer la voie. Au risque autrement de voir, tôt ou tard, cette révolution se faire un jour à l'encontre de ces mêmes élites…

Dimanche 9 Mars 2014




1.Posté par serigne fallou le 09/03/2014 15:29
une tasse de the à boire, par les mbacké-mbacké eux-memes
Ce qu’ABDOUL AZIZ MBACKE, ignore royalement c’est qu’une élite religieuse qui se trébuche de gros esclandres politico-financiers et complice de mille et une prédations, ne serait point rompue à la tache de rédemption morale.
Force est reconnaitre c’est cette élite maraboutique qui fait toujours la courte échelle aux détracteurs de la religion à cause de leurs erreurs répétitives et propension foncières à être une basse-cour aux régimes successifs en place. Cette élite maraboutique misonéiste exclusiviste et patrimonialiste. Ceux qui n’acceptent sont frileux au changement et reste peu enclin à faire un inventaire entre la pensée de cheikh AHMADOU BAMBA, ses exploits surhumains, ses œuvres titanesque et transversales. et le comportement des marabouts et disciples.
la confrérie souffre d'une instrumentalisation politicienne excessive et une vassalisation sans précédant des talibés de serigne touba, ce qui du reste explique cet enchevêtrement des clans "néo-païens" dans la confrérie.
la replique se trouve dans le livre intitulé " les petit personnage de l'histoire du collaborationnisme politicoreligieux au senegal".

2.Posté par serigne fallou le 09/03/2014 16:29
La mission sacerdotale d’éveiller des consciences pour le rayonnement morale n’est pas synonyme d’ériger en troisieme larron pour exiger sa part du gâteau !
Le m23 a pris le terrain à l’heure
Ce que certains de mes frères marabouts, ignorent par « un sursaut d’orgueil » c’est qu’une élite religieuse qui se trébuche de gros esclandres politico-financiers et complice de mille et une prédations, ne serait point en mesure d’être rompue à la tache de rédemption morale.
Force est reconnaitre c’est cette élite maraboutique qui fait toujours la courte échelle aux détracteurs de la religion à cause de ses erreurs répétitives et ses propensions foncières à être une basse-cour à la solde des régimes successifs en place. Une élite maraboutique misonéiste exclusiviste et féodale, qui est frileux au changement et peu enclin de mettre sur « la balance de la pensée de cheikh AHMADOU BAMBA, de ses exploits surhumains, de ses œuvres titanesque et transversales » Le comportement des marabouts et des disciples. En d’autres termes : la conformité entre les recommandations du cheikh et le comportement du marabout qui est maintenant plus articulé au chef d’un clan traditionnel, qu’un maitre spirituel
La confrérie est en proie à une instrumentalisation excessive à des fins politiciennes et une vassalisation fantasque et sans précédant des talibés de serigne touba, ce qui du reste explique cet enchevêtrement des « clans néo-païens » dans la confrérie. Je suis en mesure de les énumérer un par un dans mon livre intitulé « les petits personnages de l’histoire du collaborationnisme politico-religieux du Sénégal »
Que l’on ne s’y trompe pas éveiller les consciences et répandre l’amour, la solidarité au sein de la communauté, témoigner l’image de DIEU – dans un monde de plus en plus sécularisé n’est pas synonyme d’ériger « en troisième larron » qui avalise la forfaiture pour revendiquer sa part du butin politique.
le M23 a pris le train à heure où La plus part des marabouts étaient endormis : par excès « d’exultations de délices de ABDOULAYE WADE ».
C’est pour cela Serigne touba a pardonné l’ostracisme, la privation, brimade et prédation la plus inhumaine du colonialiste mais ne pardonnera jamais la mauvaise conscience - que des gens se réclamant de lui – donnent au Mouridisme, à travers des incongruités quotidiennes et des entorses flagrant des enseignements de l’islam

3.Posté par Lat Soucabe MBOW le 10/03/2014 07:53
Quoiqu'on puisse en dire quant au fond, cette hypothese sur la survivance de la mentalite ceddo, responsable des pratiques - non des logiques - de predation presentes dans la gouvernance publique, souleve au plan scientifique un probleme d'ordre methodologique.

Comment la mentalite ceddo peut elle etre predominante au sein de la societe senegalaise contemporaine alors que les ceddo y representent une population statistiquement sans grande signification ? Si tant est qu'il en existe encore. En pre-supposant qu'une mentalite serait susceptible de se transmettre de generation en generation, encore faudrait-il comme en biologie en fournir une demonstration aussi convaincante que l'interpretation du code genetique dans une affaire de test de paternite'.

N'est-on pas en train de surevaluer l'influence des jeunes rappeurs sur l'emergence des mouvements sociaux ? Qu'ils soient l'echo d'un malaise social latent, nul n'en doute. Que certaines de ses figures les plus emblematiques aient pris une part active a la vague de contestation du 23 juin, cela releve de l'evidence. Mais qu'ils aient supplante' les autorites morales et religieuses dans la critique radicale de la situation politique, notamment en 2012, c'est tenir pour nuls ou negligeables les discours des predicateurs et imams dont certains ont du reste fait une entree en politique justement a cause de la gravite' de la crise politique et de l'importance des enjeux d'avenir de cette periode cruciale de l'election presidentielle (Imam Mbaye Niang, Serigne Mansour Sy Djamil, Serigne Modou Kara MBacke...). D'autres se sont mobilises et ont incite' a la mobilisation dans les quartiers, notamment dans la banlieue dakaroise, pour denoncer les coupures de courant, les hausses de prix, etc.

Les califes generaux des confreries musulmanes - pour les nommer autrement que par une allusion - ont ete aphones, il est vrai, mais leur position au sein de la societe ne peut leur dicter une attitude autre que la neutralite ou a tout le moins l'impartialite. Ils ont des taalibe' dans toutes les couches de la societe et dans tous les camps politiques. Faire des interventions aussi visibles politiquement que celles des eveques latino-americains dans les revendications sociales reviendrait d'une part a renforcer les clivages sociaux, d'autre part cela les aurait exposes a la critique de leurs concitoyens. Ce qui constitue le moyen le plus rapide et le plus fatal d'entamer la perte de leur leadership dans la societe.



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