Dakaractu : Vous avez fait plusieurs séjours au Sénégal ces mois derniers. Quel est le motif de celui-ci?
L.T. : Je suis venu avant tout pour deux expositions qui ont lieu à l’Institut Français, qui traitent des tirailleurs sénégalais, ainsi que que pour la présentation du film de Pascal Blanchard qui a trait lui aux «Noirs de France». J’ai aussi l’occasion de reparler de mon livre, «Mes Etoiles Noires», dans diverses écoles de Dakar, c’est donc dans ce cadre-là que se déroule mon séjour.
- A. : Votre livre témoigne de quelle vision?
- T. : Je questionne la société sur l’image que nous pouvons avoir des populations noires, et trop souvent, nous avons l’impression que l’histoire des populations noires commence avec l’esclavage. Et à partir de ce moment où vous avez cette idée, c’est tout à fait compréhensible que des personnes aient des préjugés négatifs sur les noirs. L’idée est donc de présenter des hommes et des femmes, qui permettent d’enrichir nos connaissances et de faire tomber nos préjugés. Il est important de donner des images positives à nos enfants. Car, lorsque vous n’avez comme modèles que des joueurs de football, vous allez vous projeter dans le foot, alors que si vous avez des modèles, disons intellectuels, peut-être allez-vous grandir différemment.Vous allez vous dire : «Ces hommes et ces femmes ont changé l’histoire du mode, moi aussi je veux y participer.
- A. : Votre Fondation Lilian Thuram est engagée dans l’éducation. Qu’avez-vous à dire aux jeunes sénégalais, pour qu’ils se prolongent dans leur état d’êtres et dans l’avenir?
- TH. : Ma fondation traite de racisme, d’éducation, de sexisme et d’homophobie. La première des choses est de comprendre l’Histoire, la hiérarchie qu’elle a induite, et qui était basée sur la couleur de la peau, avec les blancs en haut et les noirs en bas. Si vous ne comprenez pas cette problématique, vous ne pourrez pas vous dépasser.
- A. : N’a-t-on pas une responsabilité dans le développement de notre jeunesse?
- Th. : Tout le travail consiste à éviter la victimisation, car on ne peut donner le meilleur de soi-même. La victimisation est fatigante, elle empêche de développer l’estime de soi nécessaire à un bon développement personnel, et ne permet pas de toujours se demander par quel moyen il est possible de s’améliorer, pour aller plus haut. Quand vous êtes sportif de haut niveau, il vous faut nourrir une vraie réflexion sur soi-même pour aller encore plus haut et vous dépasser. La victimisation empêche d’avancer. Mais de génération en génération, les choses semblent aller dans le bon sens, et pour cela, il faut continuer à former le plus d’hommes et de femmes possible, par une éducation de haut niveau.
- A. : Que dites vous aux jeunes sénégalais qui ont été vexés par la funeste sortie de Willy Sagnol concernant la non intelligence des joueurs noirs?
L. Th. : Il faut leur dire que le respect se gagne. La société d’aujourd’hui vous commande d’arrêter de raser les murs et de ne rien laisser passer.
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