Lettre ouverte au ministre de l'enseignement supérieur de la République du Sénégal


Lettre ouverte au ministre de l'enseignement supérieur de la République du Sénégal
Monsieur le Ministre,

C’est avec stupeur et dégoût que nous avons appris d’un site d’informations en ligne, que nos maigres ressources faisaient l’objet, une fois de plus, de détournement. En effet, selon le site, invité à l’émission « 7 milliards de voisins » sur RFI, vous y déclarez, je cite : « Il y’a eu beaucoup de malversations sur les bourses. On a rayé 35000 personnes qui n’étaient ni inscrites à l’UCAD, ni dans les autres universités ».
Depuis la parution de cet article ce 12 Décembre, aucune information ne nous est parvenue de votre département ni pour démentir, ni pour corriger, ni même pour corroborer ce qui nous semble un véritable scandale.
Ainsi je m’autorise à vous interpeller sur certains points afin que vous éclairiez la lanterne des Sénégalais dont le moral, si déjà fortement éprouvé par la lancinante récurrence des vols dont ils sont victimes, vacille :
- Qui sont les étudiants fraudeurs ? Sont-ils déjà fichés ? Où sont-ils ?
- Qui sont leurs complices ? Où exercent-ils ?
- Depuis quand cette forfaiture a commencé ?
- A combien se chiffre le préjudice ?
Supposant que les étudiants fraudeurs étaient tous bénéficiaires de la bourse entière, c’est-à-dire 36000FCFA mensuellement (précisons que le montant des bourses dans nos universités varie de 18000FCA à 60000FCFA), le préjudice serait à hauteur de 25200000000 (vingt-cinq milliard deux cent million FCFA) par an.
A combien s’élèverait le manque à gagner si tous ces non étudiants bénéficieraient en sus des bourses indument perçues, des services sociaux des universités (repas subventionnés, hébergements et couverture sanitaire) ?
Tout porte à croire qu’il s’agit ici d’un crime organisé car l’éligibilité, l’octroi et la perception des bourses et aides dans le pays répondent à des critères et obéissent à des procédures notamment administratives (certificats d’inscription, relevés de notes, attestations de réussite, cartes d’étudiant…).
Monsieur le professeur d’université, est ce que la direction des bourses travaillait en totale intelligence avec les services de scolarité des universités et instituts pour vérifier et croiser les données?
Monsieur le Ministre, je n’ai jamais compris que mon pays qui se targue d’investir tant de moyens à l’éducation de ses enfants (40% du budget national, 40 milliards alloués annuellement aux bourses) puisse assister impuissant aux grèves cycliques de ses enseignants et enseignés. Assurément, par ces aveux, vous venez d’apporter une des principales réponses à mes questionnements.
Où étiez-vous quand l’argent de nos universités était si injustement spolié ?
Que faisiez-vous pendant que de petits délinquants mettaient la main sur les pécules destinés aux étudiants ?
Tant de blessures, de brulures, de déchirures dans notre système éducatif malgré tous les efforts et sacrifices consentis par le peuple pour donner à notre jeunesse une éducation et une formation de qualité !
Si cette mirobolante somme ne s’était pas volatilisée de l’argent destiné aux bourses, les étudiants n’investiraient pas aussi assidument et violemment la rue jusqu’à ce qu’il y ait mort d’homme.
Hier, c’étaient des fonctionnaires à qui on payait indument le salaire et pendant des années ; aujourd’hui ce sont des étudiants qui piquent dans l’argent du contribuable sénégalais. Ces crimes économiques inestimables, se chiffreraient certainement à des centaines de milliards.
Comment espérer entrevoir l’émergence dans ces conditions ?
Le seul chantier qui vaille aujourd’hui dans ce Sénégal porte sur l’homosenegalensis. Notre tort est de réfléchir sur tous les modèles (politique, économique, stratégique…) sauf sur le modèle de citoyen que nous voulons offrir à notre peuple.
Faire l’état des lieux, décliner une planification, assurer un suivi-évaluation sont des outils élémentaires mais si précieux de gestion, de management et de bonne gouvernance.
Mon cher Mary Tew Niane, vos concitoyens vous observent, vous écoutent et attendent de vous que vous leur apportiez dans la rigueur et dans les meilleurs délais toute la lumière sur cette sombre affaire afin que les responsabilités soient bien situées et que des mesures préventives et correctives des écarts soient prises.
Il demeure constant dans ce scandale, que des manquements très graves existent dans toute la chaine de planification et de gestion des bourses, ce qui implique nécessairement des sanctions hardies et exemplaires à la dimension du mal subi et sans préjudice des poursuites à l’encontre des étudiants faussaires.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’assurance de ma haute considération
Dr Mamadou Badara Seck
Auteur du livre : « Une missive pour Birima : pour que notre peuple se relève enfin ! » éditions l’Harmattan




 
Jeudi 18 Décembre 2014
Dr Mamadou Badara Seck




1.Posté par SAKHOBA le 19/12/2014 09:26
je suis vraiment désolé mais je pense que votre reflexion soit celui d'un docteur comme votre titre l'indique.



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