Lettre ouverte à son Excellence Macky Sall : Vous avez bien dit présomption d’innocence M. Le Président ?


Lettre ouverte à son Excellence Macky Sall : Vous avez bien dit présomption d’innocence M. Le Président ?
Les Sénégalais de ma génération sont assez jeunes pour avoir connu l’alternance du 1er avril 2000, et assez matures pour se rappeler les pénibles années du quasi monopartisme. C’est certainement pour cette raison que nous sommes nombreux à éprouver aujourd'hui cette forte impression de « déjà vu » face aux  récents développements de la vie politique sénégalaise, qui nous ramènent à la répression politique des années 80 et 1990.

En tant qu'observateur et citoyen, l’arrestation de Khalifa Sall, suivie de son incarcération, m’ont d'abord étonné, agacé ensuite, puis finalement scandalisé tant l’acharnement des autorités judiciaires est outrancier, et les motivations politiques de cette affaire évidentes. 

Au début, je pensais que cette histoire durerait quelques semaines, et n'entraverait pas le choix des Sénégalais. 
Puis j'ai constaté une volonté manifeste des autorités judiciaires de faire durer la procédure. Aujourd'hui, le courage et la combativité de cet homme qui n'a pas cherché à simuler une santé défaillante pour fuir ses responsabilités, ont fini de me convaincre de prendre la plume pour rappeler nos institutions à la raison.

Moi qui me suis toujours senti fier de mon pays à l’étranger, qui ai toujours bombé le torse lorsqu’on louait le Sénégal comme parangon de la démocratie en Afrique, je me désole de voir une personnalité publique, un élu local internationalement reconnu traité comme un criminel. 

Pourquoi le Président Macky Sall a t-il affirmé devant un parterre de journalistes étrangers les principes de séparation des pouvoirs et de présomption d’innocence, alors que nous savons très bien que ce sont là des mots creux pour ceux qui sont en charge de ce dossier ?

Qui peut sérieusement envisager l'hypothèse que Khalifa Sall s'enfuie hors du pays s’il obtient la liberté provisoire alors même qu'il est candidat aux prochaines élections législatives ? 
Serions-nous revenus des décennies en arrière au temps où un Président Tout-Puissant semait la terreur dans les rangs de l’opposition, où l’on pouvait être jeté dans les geôles de Rebeuss ad vitam eternam et où la liberté se payait avec le reniement de ses idéaux politiques ?

Autant de questions qui restent sans réponses et qui sont pourtant révélatrices de l'état de notre démocratie.
Par cette présente, j'en appelle à vous Macky Sall, au Conseil constitutionnel, ainsi qu’à tous les épris de liberté et de démocratie, idéaux que mes professeurs m’ont tant loué sur les bancs de l’université, pour que les droits du citoyen Khalifa Sall soient respectés. Puisqu’il est présumé innocent, laissez-le exercer ses droits politiques, et puisqu’il est un représentant du peuple, laissez-lui donner au peuple les raisons pour lesquelles il entend poursuivre cette mission.

Signé : Bocar Diallo, un Sénégalais, patriote qui croit en la Démocratie
Mercredi 21 Juin 2017




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