Lettre commune des cadres et autres villageois de Djilor Djidack adressée au maire et aux membres du conseil municipal de Fimela

L’île de Katamag terroir commun à tous les villageois de Djilor Djidack


Lettre commune des cadres et autres villageois de Djilor Djidack adressée au maire et aux membres du conseil municipal de Fimela
Monsieur le Maire,

Mesdames messieurs les membres du Conseil Municipal,

Depuis plusieurs mois, les habitants du village de Djilor sont confrontés à un problème du domaine national dans leur terroir. En effet, il s’agit de l’île de « KATAMAG » situé à l’est du village, face à ce dernier. De toutes les informations recueillies depuis, lors, notamment auprès de certains notables du village, une famille maternelle du village prétend être propriétaire du terroir de l’île.
Le rappel historique que nous voudrions faire solennellement ici est que de tout le temps de l’existence de ce village fondé par feu Djidack Selbé FAYE en 1830, cette île est la propriété commune du village. Ce dernier est plus ancien que les villages de Fimela, Yayéme, Ndangane, Sambadia, Dioffior etc…
Jadis les premiers greniers de toutes les familles du village étaient installés sur cette île pour la sécurité des biens du village. Devant ce problème domanial qui constitue un conflit latent et dangereux pour le village, la plus grande majorité des villageois s’oppose à toute utilisation partielle ou totale de cette île pour un quelconque projet personnel ou familial d’une personne ou d’un groupe de personnes.
Pétition contre la délibération du site « KATAMAG » ; sis sur la rive gauche de Djilor attribuée à la lignée « GAGAW »
Nous signataires de la pétition, chefs de carrés et notables demeurant au village de Djilor Djidiack venons vous faire part de notre opposition à ladite délibération suscitée.
L’île  dénommée « KATAMAG » n’a jamais appartenu à une famille Djilor. Elle a été  d’abord un lieu de refuge des populations pendant les réquisitions des temps des colons, le réservoir pour cacher les vivres avec des greniers sur pilotis. Cette île deviendra plus tard un réservoir naturel pour le fourrage des animaux pendant les années de grande sécheresse. Sur ce gîte, git un génie nommé « ARDO SOW » sous un autre arbre dont le gardien a toujours été issu de la famille « GAGAW ». Ceux qui réclament la propriété du site et non de l’arbre se trouvent être des petits fils des ancêtres de « GAGAW » qui n’ont jamais fait cas d’un droit de possession sur les lieux. Les libations faites sur l’île au début de chaque hivernage constituent un pan important dans l’histoire culturelle du village traditionnel de Djilor, fondé en 1530  par Djidiack Selbé FAYE.
Chaque année également une chasse (O’MISS) est organisée sur l’île de « KATAMAG » comme sur beaucoup d’autres lieux dits de Djilor pour implorer aux dieux de la pluie et des vents, un hivernage fécond et paisible. La lignée ou la famille « GAGAW » ne peut en aucune façon s’arroger un droit de propriété sur ce site mémorable, classé patrimoine de l’Unesco et bien chanté par feu Léopold Sédar Senghor dans ETHIOPIQUES «LE PALMIER DE KATAMAG».
Nous signatures de la présente lettre sommes prêts à défendre notre position jusqu’à la preuve du contraire, en utilisant toutes les voies légales que nous offre la justice.
L’île de « KATAMAG » est consubstantielle à l’histoire de Djilor et nulle action ne peut l’altérer sans de fâcheuses conséquences.
Il semble qu’une enquête des autorités locales a été faite. Selon nos informations, cette enquête n’a réuni que certains villageois dont la plupart ignorent l’histoire du village et de cette île.
Monsieur le Maire, Mesdames messieurs les membres du Conseil Municipal, la loi 64-46 du 17 juin 1964 relative au Domaine National et ses décrets d’application, dans ses dispositions, classe en quatre catégories les terres du Domaine National
1-Zone urbaines ;
2- Zones classées ;
3- Zones de Terroirs
4- Zones Pionnières.
Dans l’article 7 de cette loi 64-46 du 17 juin 1964, les zones pionnières correspondent aux autres zones qui ne sont pas régulièrement exploitées pour l’habitat rural, la culture ou l’élevage. Les zones de l’île de Katamag et de Khollou Ndigue sont par la loi relative au domaine National et la pratique réelle actuelle au village de Djilor Djidack, des zones pionnières ; c'est-à-dire un bien commun de tous les villageois qui ne sauraient être la propriété d’une famille issue de Djilor ou d’ailleurs.
De toutes ces informations que nous mettons à la disposition de l’opinion, nous demandons au Maire et aux membres du Conseil Municipal de Fimela de considérer que les habitants du village de Djilor en majorité sont opposés au projet en gestation que veulent réaliser quelques personnes d’une famille d’un village.
Si par ailleurs, une décision devait être prise par votre Conseil Municipal, nous demandons que celle-ci ne soit prise avant une Assemblée Générale de tous les villageois de Djilor résidents, comme ceux actuellement non résidents ; mais ayant les mêmes droits que les premiers. Cette assemblée pourrait déterminer l’avis général du village et non de quelques personnes peut-être acquise à la cause des initiateurs du projet. Nous joignons à cette lettre la liste des cadres et autres résidents à Dakar qui s’oppose à ce projet.
Ont signé, Mamadou Lamine Bob, Mamadou Thiaw, Mignane Diouf, Ndigue Faye, Séni Senghor, Alfons Diouf, Libasse Bâ, Abdoulaye Bob, Pape Senghor, Amath Diouf, Birame Diouf, Waly Coumba Faye, Etienne Coumba Faye, Birame Bâ.
Mercredi 29 Juillet 2015




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