Les surréalistes révélations de Hugo Broos sur le Cameroun

Ce mercredi, Hugo Broos, le sélectionneur du Cameroun, s'est présenté en conférence presse. Il a totalement disjoncté et montré les dysfonctionnements de la fédération camerounaise de football.


Rien ne va plus au Cameroun. Cette semaine, les vainqueurs de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Gabon étaient en stage à Nantes. Et apparemment, cela a été loin d’être une idylle si l’on écoute le sélectionneur camerounais en conférence de presse. « Pendant le stage à Nantes, les deux premiers jours, tout l’équipement d’entraînement n’était pas là, on ne pouvait pas transporter l’équipement parce que c’était trop cher, il n’y a pas d’argent. Notre docteur a dû acheter ses propres médicaments, ses bandages et tout parce que c’était resté à Yaoundé, pour les mêmes raisons. Il a dû avancer l’argent et jusqu’à présent, il n’a pas été remboursé. On a quelques personnes dans le staff qui ont avancé l’argent pour le groupe, des choses qui auraient dû être payées qui ne sont pas remboursées aujourd’hui », a commencé par expliquer assez sereinement Hugo Broos devant quelques journalistes.
Mais l’entraîneur belge s’est montré bien plus offensif et incisif vis-à-vis de sa fédération ensuite. « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase dans le sens où ce midi quand on a voulu prendre le déjeuner, le personnel de l’hôtel a refusé parce que l’hôtel n’a pas été payé donc on n’a pas mangé ce midi. Écoutez, je suis quelqu’un qui aime travailler dans des conditions professionnelles. Dans tous les sens, on me met des bâtons dans les roues, ce n’est pas normal. À la CAN, on est venu la veille de notre départ avec les primes (3 millions d’euros, ndlr) , il n’y a pas eu de concertation, les joueurs ont fermé leur bouche, ils ont fait des performances, ils ont montré que l’argent ce n’était pas le plus important. Le plus important c’est de jouer pour leur pays, jouer pour la victoire. Alors de notre côté on demande aussi des responsables qui sont professionnels, qui travaillent pour le groupe. Où est cet argent ? Je me le demande », a développé l’ancien entraîneur de Trabzonzpor (2009) qui lui n’a pas été payé par sa fédération depuis sept mois maintenant ce que cette dernière dément avec des propos du premier vice-président de son comité exécutif relayés par Camfoot.
« Je vais bien réfléchir sur mon avenir »

Fort de sa belle victoire dans la Coupe d’Afrique des Nations avec les Lions indomptables, Broos sait ce qu’il peut obtenir de sa fédération et dans sa longue diatribe, il n’évoque pas une seule fois son salaire, mais bien la notion de groupe et le respect. Un respect qui manque, selon lui : « encore une fois, il y a, je trouve, un manque de transparence, je trouve que ce n’est pas normal, il faut une transparence autrement tu ne peux pas travailler. Il y a une désorganisation à un certain moment. J’ai bossé pendant un an pour arriver ici, mes joueurs m’ont suivi, tout le long du parcours, et je pense qu’on a su renverser la situation par rapport à il y a un an. Maintenant, je dois dire que je me pose des questions pour continuer avec le Cameroun. Parce que si tu bosses et qu’à chaque fois les mêmes erreurs se reproduisent, alors je me dis que c’est impossible de continuer. Donc je vais bien réfléchir sur mon avenir parce que je peux dire que moi et le groupe, pas seulement les joueurs, mais tout l’encadrement, on a été très professionnel, a travaillé pour le même but pendant les cinq six semaines où on était au Gabon ».
Mais voilà, la défaite contre la Guinée (1-2) a été la défaite de trop due, selon Broos, à une préparation désastreuse. Le sélectionneur de 64 ans pourrait ne pas faire de vieux os et dispose même déjà d’une offre de l’Afrique du Sud. Reste à savoir ce qu’il va faire, mais lui, semble abattu : « tout le monde a travaillé professionnellement et quand chaque fois il y a des choses pas nettes qui arrivent, ce n’est pas gai pour moi. Mais les joueurs qui préparent le match d’aujourd’hui à qui on ne sert pas le repas ce midi parce que des gens sont dans leur fauteuil et foutent rien ça on ne peut pas l’accepter. La préparation du match a été mauvaise et ce n’est pas notre faute. Si on me dit "tu te mets à table" et le personnel me dit "on ne peut pas vous servir, l’hôtel n’est pas payé". Ici on parle de l’équipe nationale camerounaise et avoir une organisation pareille, ce n’est pas pour ça qu’on a bossé pendant un an. On veut un retour, moi surtout. Je vais réfléchir sur l’avenir. Je ne vais pas dire que je vais quitter le Cameroun, je vais réfléchir. Mais aujourd’hui on a montré le respect qu’on n’a pas pour ce groupe qui travaille tous les jours au niveau professionnel ». Les sélections africaines semblent jamais être un long fleuve tranquille. Hugo Broos vient d’en faire l’amère expérience.
Mercredi 29 Mars 2017




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