« Les communes aurifères de Kédougou sont des zones conflictuelles, l’Etat et les sociétés minières se doivent d’éviter de prendre des décisions impopulaires et inopportunes » (Mamady CISSOKHO)


Avec la commune de Sabodala, celle de Khossanto située au Nord-Est de Kédougou est très prisée par les sociétés minières.  L'orpaillage traditionnel est très pratiqué dans cette commune qui regroupe aujourd’hui des milliers et des milliers d’habitants venus de toute la sous-région. On y retrouve toutes les nationalités. En plus des “DIOURA“, des sociétés minières, comme la SGO, qui y interviennent avec la bénédiction de l’Etat qui octroie des permis d’exploitation. L’Etat implique-t-il les communautés locales dans le processus d’octroi des permis ? Ces sociétés minières respecte-t-elle les communautés, l’environnement et leurs engagements ? Du fait de son peuplement exponentiel, la sécurité y est-elle garantie ? Le jeune maire de  Khossanto, M. Mamady CISSOKHO livre son point de vue et fait des recommandations.
« La SGO fait beaucoup de choses, mais se doit de faire plus »
Parmi les sociétés minières intervenant à Khossanto, la SGO (Sabodala Gold Operation) est de tres  loin celle qui participe le plus au développement économique et sociale de Khossanto. En effet, selon M. CISSOKHO « la SGO intervient dans tous les secteurs de développement. Dans l’éducation, la santé, le financement des femmes… elle finance beaucoup de projets .» Mais de l’avis du premier magistrat de la commune de khossanto, « elle peut et doit faire plus. La Société aiderait plus en appuyant financièrement la commune, qui a besoin de recruter du personnel surtout pour la sécurité, de développer des stratégies de communication et de sensibilisation, mais les fonds de dotation ne nous les permettent pas »
Selon le maire si les sociétés participent au budget des communes, cela ne serait que bénéfique pour toutes les parties.
« La délivrance des permis d’exploitation doit se faire avec les communautés à la base » 
Dans la très prisée commune de khossanto et dans toute la région, les populations sont parfois prises au dépourvu et assistent impuissantes à des interventions de société détentrices de permis livrés par l’Etat.  Cette situation, se désole le maire de khossanto, « a fini d’installer un malaise au sein de la population, qui ne peut pas accepter qu’une société vienne sur leurs terres et dit avoir le droit de s’installer où elle veut et d’y faire ce qu’elle veut » Par exemple, « une société minière peut vous trouver dans votre champ et vous dire de quitter. » C’est pourquoi « même si c’est l’Etat qui délivre les permis, il est bien de fixer des limites et le nouveau code minier doit corriger ces manquements, sinon ce sont des risques permanents de conflits ».
« Une seule de brigade de gendarmerie pour les deux communes de Sabodala et de Khossanto, c’est de la négligence de la part de l’Etat »
Les zones aurifères sont des zones de conflits permanents. En plus l’insécurité y est de plus en plus croissante. Selon le M. CISSOKHO, « il ne se passe pas une journée sans qu’il n’y ait une attaque armée. La zone est devenue très dangereuse, ce sont des braquages de jour comme de nuit. La gendarmerie la plus proche et qui a très peu d’agents,  est à trois heures de route. L’Etat doit prendre cette question très au sérieux, il doit installer une nouvelle brigade et y affecter plus d’homme ou y installer une base de l’armée. L’Etat et seul responsable de l’insécurité que vivent les populations. C’est de la négligence et de l’irrespect »
« Fermer les “DIOURA“ aujourd’hui à Khossanto équivaut à interdire la pêche à Kayar ou à Dakar »
L’orpaillage et l’agriculture sont les deux seules activités qui font vivre les populations de Khossanto. L’or surtout, est la principale source de revenus de ces populations. Et pourtant un décret présidentiel interdit l’orpaillage pendant l’hivernage et cette mesure est mise en œuvre par arrêté du gouverneur de région. Selon le Maire de Khossanto « fermer les “DIOURA“ aujourd’hui à khossanto équivaut à interdire la pêche à Kayar ou à Dakar.  Les communes aurifères de Kédougou sont des zones conflictuelles, l’Etat et les sociétés minières se doivent d’éviter de prendre des décisions impopulaires et inopportunes»
Samedi 10 Décembre 2016




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