Le rôle redoutable et irremplaçable du juge dans une société.


Le rôle redoutable et irremplaçable du juge dans une société.
C’est un truisme de rappeler  pour situer le sujet de notre réflexion, que le propre de l’homme c’est de vivre en société avec d’autres hommes ; et que la vie en société engendre inéluctablement des désaccords et des oppositions d’intérêts. Cette situation,  faute d’avoir été réglée correctement, peut déboucher sur des divergences susceptibles de menacer jusqu’ à  l’existence de la société tout entière ; d’ où la nécessité de l’organisation du pouvoir de l’ordre juridique qu’est aujourd’hui l’Etat. Ce dernier dans un contexte démocratique se déploie pour le peuple car étant légitimé  par lui. Ainsi dans des relations polemogènes, on voudrait par le droit passer à des rapports irenogènes ; telle est véritablement la prétention du droit voulu pacificateur et stabilisateur des rapports humains. De ce point de vue, il pourrait bien être avancé que si nous étions tous droits, si nous pouvions l’être à tout moment, il n’y aurait pas de droit pour redresser nos courbures humaines ; ainsi s’établit le lien entre la rectitude juridique et celle morale. En effet le droit comme la morale, prétend nous dicter ce que nous devon faire. De ce fait, la compréhension la plus simple du rapport juridique se résume au diptyque droit-obligation, le contentieux potentiel ou réel qu’il faut régler par l’entremise du droit ; d’où la nécessité indéniable du juge ou de l’arbitre exerçant la fonction juridictionnelle. Ainsi se dévoile la primauté du juge. Cette fonction judiciaire, donc celle de juger, de trancher les différends selon la loi, de constater ou de déclarer  le droit suppose un fort esprit de responsabilité. Fonction indispensable dans une société,  le pouvoir de juger constitue une activité redoutable car renvoyant à l’idée de trancher, de condamner voire avoir pouvoir de vie ou de mort sur ces semblables. Mais juge qui t’as donne un tel pouvoir ? De qui tiens-tu ton pouvoir ? De Dieu ou du peuple ?  Le juge tient son pouvoir de la loi. L’ordre juridique est constitué d’un ensemble de normes reliées les uns aux autres en ayant établi comme une condition de son existence, la distinction entre le consacré et le prohibé, le licite et l’illicite. Sous ce rapport, nous devons tous obéissance à la loi. C’est alors au juge qu’il revient de dire si le droit ou la loi a été ou non respecté,  violé ou non,  de constater les fautes  et d’assurer le redressement du manquement au droit, en ramenant chacun au respect de l’ordre juridique troublé. En cela, le juge fait respecter la loi en  tant que juge de la loi. Ainsi, le juge tenant son pouvoir dans  la loi, il doit épuiser celui-ci dans la loi car il est tenu de respecter cette dernière et d’agir dans son respect et cela suppose qu’il agisse conformément à la loi et selon elle ; tout en étant soumis au respect des règles déterminant sa compétence et de celles relatives à la procédure dont il ne peut s’éloigner. En plus, il doit dire la vérité celle du droit en rendant justice et en attribuant à chacun ses droits et obligations.
Mais qu’est-ce que la justice ? Qui est habilité dans la société pour dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas ? La justice pour tout le monde, devrait renvoyer au couple égalité et légalité au sens de l’égalité entre tous les humains et légalité au sens de soumission aux normes édictées par la société. Enfin, le juge a une mission de paix d’ordre et de sécurité et ne saurait être insensible aux pulsations et convulsions socio politiques qui scandent la vie de l’Etat.
Malheureusement l’épineuse question de la nomination des magistrats par le pouvoir exécutif soulève encore le débat sur l’indépendance des juges en Afrique. Pourtant même si ces derniers peuvent dépendre de l’exécutif pour leur promotion et leur carrière, la conformité avec les principes qu’incombe leur profession doit être de mise. Hélas, l’actualité politico-juridique du Sénégal, marquée par l’affaire Karim Wade, doit nous inquiéter sensiblement par rapport au devenir de la justice africaine. Une future « épreuve de force juridique » dénoncée par les avocats de Karim peut encore exposer l’Afrique sur le banc des ridiculisés et des caricaturés  en donnant certainement raison à l’autre de l’hexagone qui disait que l’Afrique n’est pas encore mure pour la démocratie et le respect des droits de l’homme. Par conséquent, il faudrait réfléchir sur les rapports que les africains ont avec le pouvoir ; ils l’aiment mieux que toute personne sur terre  et l’exercent tant avec tyrannie et despotisme et ce dans toutes les sphères de la société ; comme s’ils l’avaient dans le sang. En ce sens, le seul refuge pour les sociétés africaines, c’est d’avoir des juridictions à la hauteur dirigées par des juges responsables et conscients de leur rôle afin de délivrer les citoyens africains de la dictature de l’injustice sociale qui les engloutit quotidiennement. Pour le cas précis de l’affaire Karim Wade, il faudrait s’en remettre à la responsabilité des  juges de la CREI, à qui on demande de  le juger avec ses présumer complices, en disant entièrement et exclusivement le droit. 
Mouhidine Abdoukhadre Sanoko.
Sociologue. Diplômé en sciences politiques et juridiques : Option Consolidation de la Paix. Enseignant à l’Université de Thiès-Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest- Institut Supérieur de l’enseignement professionnel.
Membre de la Convergence Patriotique et Libérale.
 
Jeudi 5 Mars 2015
Dakar actu




1.Posté par bof le 11/03/2015 05:07
C'est clair utile.



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