Le prince milliardaire saoudien Al-Walid lance sa chaîne d'informations


Le prince milliardaire saoudien Al-Walid lance sa chaîne d'informations

Le richissime prince saoudien Al-Walid ben Talal lance dimanche, après de nombreux reports, une chaîne panarabe d'informations en continu qui promet l'objectivité face à des concurrentes déjà bien établies.

La diffusion par satellite d'Alarab commencera dimanche à 13H00 GMT depuis son siège à Bahreïn. Le lancement de cette chaîne en arabe n'a cessé d'être reporté depuis que le prince Al-Walid, neveu de feu le roi Abdallah, en a parlé pour la première fois en 2010.

Le directeur général d'Alarab, Jamal Khashoggi, a refusé de révéler le budget de la chaîne, indiquant seulement qu'elle compterait au total 280 personnes dans 30 pays. Le bureau de Ryad sera le plus important avec une vingtaine d'employés.

La première à s'être lancée en 1996 sur ce créneau, la chaîne Al Jazeera du Qatar, a été concurrencée en 2003 par la chaîne à capitaux saoudiens Al Arabiya du groupe MBC, propriété de cheikh Walid al-Ibrahim, parent du feu roi saoudien Fahd.

Al Jazeera et Al Arabiya ont toutes deux été accusées de refléter les vues de leurs propriétaires notamment après le Printemps arabe et les révoltes contre des régimes autoritaires.

Quand le Qatar a été accusé de soutenir les Frères musulmans en Egypte, l'Arabie saoudite a déclaré la confrérie "organisation terroriste", des positions qui se sont reflétées dans les couvertures des deux chaînes.

Jamal Khashoggi affirme que la chaîne sera "objective". "Nous n'allons pas prendre partie", affirme-t-il à l'AFP.

M. Khashoggi, un vétéran, avait en 2010 été contraint de quitter son poste de rédacteur en chef du quotidien saoudien Al-Watan après avoir écrit un éditorial qui avait provoqué la colère des milieux religieux conservateurs.

L'agence financière américaine Bloomberg partagera ses ressources journalistiques avec Alarab, ce qui permettra à la chaîne saoudienne de fournir cinq heures d'informations économiques par jour, précise M. Khashoggi.

 

- Limites de couverture -

 

"Nous souhaitons prêter attention au marché saoudien" même si le royaume voisin de Bahreïn a été considéré comme l'endroit le plus approprié pour émettre, dit-il.

L'Arabie saoudite, et dans un moindre degré Bahreïn, sont critiqués pour leurs politiques en matière de liberté de la presse. Le cas du blogueur Raef Badaoui, condamné en Arabie saoudite à 10 ans de prison et 1.000 coups de fouet pour "insulte envers l'islam", continue de susciter une vague d'indignation dans le monde.

M. Khashoggi "est connu pour sa modération et son ouverture. Il lui arrive d?adopter un point de vue critique par rapport à la politique étrangère saoudienne, mais il ne pourra donner la parole ni aux représentants de l?islam politique, notamment les Frères musulmans, ni aux opposants au régime saoudien", affirme Mohammed El Oifi, expert des médias arabes à l'Université Sorbonne Nouvelle à Paris.

Pour le prince Al-Walid, ajoute-t-il, Alarab est "un projet politique" pour "améliorer (ses) positions" et celle de ses alliés "sur l?échiquier saoudien et arabe", et pour promouvoir un "discours libéral" au sens économique du terme.

"Il ne s?agit pas d?un projet commercial dans la mesure où la rentabilité de ce type de chaîne, même à long terme, est peu probable", conclut M. El Oifi.

Le prince Al-Walid cherche à accroître sa visibilité à l'échelle arabe et mondiale. C'est un homme d'affaires milliardaire, actif dans la finance, l'hôtellerie et les médias.

Alarab devra également faire face à la concurrence de chaînes plus récentes comme Sky News Arabia, France 24 et la BBC en arabe, qui n'ont pas réussi à enlever de larges parts d'audience à Al Jazeera et à Al Arabiya.

France 24

Samedi 31 Janvier 2015




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