Le petit-fils de Kim Jong-il ne passera pas son bac à Hongkong


Le petit-fils de Kim Jong-il ne passera pas son bac à Hongkong
Apparemment, l'étudiant nord-coréen dénommé Kim Han-sol avait toutes les qualités requises pour être admis au "World United College" de Hongkong, un lycée très réputé où à peine un candidat sur dix est admis. "Sympathique, l'œil brillant, un bon sens de l'humour", a indiqué l'ancien proviseur du lycée, Stephen Codrington, qui lui avait fait passer son entretien d'admission en avril dernier.

"C'est un jeune adorable, très brillant, charismatique, avec beaucoup d'idéalisme et parlant très bien l'anglais", a ajouté Stephen Codrington, qui a déclaré au South China Morning Post, jeudi 6 octobre, que c'était Hongkong qui était perdant en refusant au petit-fils du dictateur nord-coréen Kim Jong-il un visa d'étudiant. "Cela aurait pu permettre de construire un lien entre Hong Kong et une partie de l'Asie très importante, mais cela n'aura pas lieu à cause de quelques fonctionnaires hyper conservateurs de l'immigration", a-t-il ajouté.

ACCEPTÉ EN BOSNIE

Résultat, le jeune homme a été finalement accepté au "World united college" de Mostar, en Bosnie. Kim Han-sol avait en fait déjà quitté la Corée du Nord depuis plusieurs années et vivait à Macao avec son père, Kim Jong-nam, le fils ainé de Kim Jong-il, qui fut un temps l'héritier pressenti de la dynastie Kim. Mais après avoir tenté de rentrer avec femme et enfants au Japon, à l'aide de faux passeports dominicains, sous prétexte de vouloir visiter Disneyland à Tokyo, Kim Jong-nam a perdu les faveurs de son père. On considère désormais que c'est sans doute au cadet de ses fils, Kim Jong-un que le père a l'intention de passer le pouvoir. Depuis, Kim Jong-nam s'est d'ailleurs prononcé publiquement "contre la transmission héréditaire du pouvoir".

L'attitude de l'immigration hongkongaise à l'égard du jeune Kim a d'autant plus surpris que la "région autonome spéciale" de Chine continentale a plutôt la réputation d'être, si ce n'est accueillante, du moins peu regardante, à l'égard de certains dictateurs ou repris de justice, réservant son zèle aux dissidents chinois ou aux activistes pro-démocratie en Chine.

Début 2009, l'opinion publique s'était momentanément émue en apprenant que Bona Mugabe, la fille du président-dicateur du Zimbabwe, était inscrite à CityU, l'une des universités de Hongkong.

Au même moment, Mme Mugabe, s'était fait remarquer pendant une session de shopping, en agressant un photographe qui la filait. "Elle portait des bagues incrustées de diamants qui m'ont tailladé la peau", avait déclaré Richard Jones, du Sunday Times. L'hebdomadaire avait révélé que le dictateur africain, interdit de séjour dans la plupart des pays occidentaux, venait d'acheter une villa de 4 millions d'euros à Hongkong. A l'époque, un porte-parole de Pékin avait volé au secours des Mugabe en déclarant "ne pas voir pourquoi le président Mugabe n'aurait pas le droit d'acheter une maison à Tai Po, alors que même la secte Falun Gong pouvait le faire".

Quant à Thaksin Shinawatra, l'ancien premier ministre thaïlandais, condamné in absentia par la justice de son pays, et interdit de séjour au Royaume-Uni depuis 2008, il partagerait désormais son temps entre Dubai, Montenegro et Hong Kong. C'est peut-être donc simplement de peur de devenir un havre de paix pour petits-fils de despotes, épouses de dictateurs en goguette et autres puissants en cavale, que Hongkong aurait refusé l'accès au plus éclairé de la jeune génération des Kim.

Florence de Changy

( Le Monde )
Vendredi 7 Octobre 2011




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