Le pape François entrouvre la porte de l’Eglise aux femmes


Le pape François entrouvre la porte de l’Eglise aux femmes
Les femmes pourront-elles un jour être ordonnées diacres de l’Eglise catholique ? Le pape François a semblé ouvrir cette perspective, jeudi 12 mai, au Vatican, au cours d’une rencontre avec plusieurs centaines de supérieures de congrégations de religieuses. Interrogé à ce sujet par ces femmes venues du monde entier, lors d’une discussion à huis clos, le pontife argentin a déclaré qu’il acceptait de constituer une commission chargée d’étudier la question. « Cela ferait du bien à l’Eglise de clarifier ce point. Je parlerai pour qu’on fasse quelque chose dans ce genre », a déclaré François, selon le site du National Catholic Reporter.
Si cette idée se concrétisait, ce serait une nouveauté majeure dans l’Eglise dans la mesure où cela marquerait l’accession de femmes à l’ordination, sacrement aujourd’hui réservé aux hommes. Comme les prêtres, les diacres sont en effet ordonnés. Mais contrairement à eux, ils ne reçoivent que le premier degré du sacrement de l’ordre. Ils ne peuvent donc exercer toutes les missions dévolues aux prêtres. Ils peuvent baptiser, marier, célébrer des funérailles, conduire la prière, proclamer l’Evangile, prêcher. Mais ils ne peuvent ni confesser ni célébrer l’eucharistie (la communion), et donc la messe.

Le sacerdoce réservé aux hommes
Si l’Eglise décidait de permettre à des femmes d’accéder au diaconat, cela ne pourrait cependant en aucun cas être considéré comme un premier pas vers l’ouverture de la prêtrise aux femmes. Comme ses prédécesseurs, le pape François l’a explicitement exclu. « Le sacerdoce réservé aux hommes est une question qui ne se discute pas », a-t-il écrit dans son encyclique Evangelii gaudium (2013). Avant lui, en 1994, dans sa lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, Jean Paul II avait complètement « verrouillé » cette question dont certains catholiques voulaient débattre :
« Afin qu’il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l’Eglise, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères, que l’Eglise n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Eglise. »
La réserve de la prêtrise aux hommes, chez les catholiques, est fondée sur le fait que le Christ a choisi ses apôtres uniquement parmi des hommes et « sur l’idée que les femmes et les hommes n’ont pas la même fonction symbolique et spirituelle dans l’ordre de la création », explique Cédric Burgun, professeur de droit canonique à l’Institut catholique de Paris (ICP).
En revanche, l’idée de permettre aux femmes d’être ordonnées diacres « est une réflexion en cours car, contrairement à la prêtrise, elle n’a jamais été tranchée théologiquement », relève l’enseignant. Benoît XVI y a longuement réfléchi. Lors du synode sur la famille d’octobre 2015, l’évêque canadien Paul-André Durocher l’avait proposée comme moyen d’accroître la place des femmes dans l’Eglise. L’idée avait été remarquée parce qu’elle détonnait dans cette assemblée d’évêques, mais, sans doute pour la même raison, elle n’avait pas été reprise.
Des femmes diacres ont déjà existé
La commission évoquée de manière informelle par le pape François jeudi pourrait avoir pour mission de défricher la dimension théologique du problème. « Si la commission disait que ce n’est pas de droit divin que les femmes sont exclues du diaconat, le pape pourrait alors prendre une décision », explique le père Burgun. Des femmes diacres ont existé aux premiers temps du christianisme, sans que l’on sache précisément quelles fonctions elles exerçaient.
Le diaconat pourrait offrir au pape François l’occasion de traduire dans les faits son désir, exprimé à plusieurs reprises, d’une « présence féminine plus affirmée dans l’Eglise ». Car, bien qu’il ait souhaité un renforcement de la place des femmes en particulier « là où se prennent les décisions importantes », depuis son élection, en mars 2013, aucune avancée concrète n’a encore été enregistrée au sommet. On a évoqué à plusieurs reprises la nomination de femmes à des postes élevés de la curie romaine, mais cela ne s’est pas encore produit. Les religieuses qui ont questionné François jeudi le lui ont d’ailleurs fait remarquer. Le discours du Vatican, et celui du pape, continue de glorifier un « génie féminin » spécifique dont la « dignité » n’est pas liée à « la fonction » que les femmes occupent et qui trouve en Marie, la mère de Jésus, son expression la plus accomplie.
Avec une centaine d’ordinations par an, la France comptait 2 681 diacres permanents en 2014. Le concile Vatican II (1962-1965) a contribué à la renaissance de cette fonction, qui permet aussi de pallier la baisse du nombre de prêtres. Les diacres sont soit des hommes qui choisissent le célibat, soit des hommes mariés ayant une vie conjugale stable dans le temps. Ils sont pour la plupart engagés dans la vie active ou retraités. Ils ont suivi une formation étalée sur deux ou trois ans.
Jeudi 12 Mai 2016




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