Le mari de la célèbre couturière Aïcha Sow Dicko, et deux ex-détenus à Rebeuss : Une rocambolesque affaire de cambriolage, séquestration et torture

Amadou Dicko, Adama Kane et Touba Kane ont comparu hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, pour séquestration, coups et blessures volontaires et usurpation de fonction au préjudice de Modou Cissokho et Mame Birame Sow. Ce dernier est poursuivi pour le vol d’un montant de 1,5 million de F CFA au domicile de la célèbre couturière Aïcha Sow et non moins épouse d’Amadou Dicko. Le juge a prononcé la jonction des deux affaires, avant de les renvoyer à l’audience de ce vendredi.


Le mari de la célèbre couturière Aïcha Sow Dicko, et deux ex-détenus à Rebeuss : Une rocambolesque affaire de cambriolage, séquestration et torture
Envoyés à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss, Amadou Dicko, Adama Kane et Touba Kane ont été attraits hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Les prévenus ont comparu pour les chefs de prévention de séquestration d’une durée de 10 jours, coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail de 10 jours au préjudice de Modou Cissokho, usurpation de fonction et complicité. C’est une affaire de cambriolage qui a tourné à la séquestration et actes de torture. En effet, lorsque la maison du couple Amadou Dicko et Aïcha Sow, célèbre couturière, sise aux Maristes, a reçu la visite d’un cambrioleur, la somme de 1,5 million de F CFA a été dérobée. Le mari, agent marketing, a visionné les caméras de surveillance de la villa et vu le présumé voleur, en l’occurrence Mame Birame Sow qui a été arrêté par la police.
 
Déféré au Parquet et mis en détention préventive, son procès a été renvoyé jusqu’à ce jeudi 23 février pour la comparution des parties civiles, la couturière proche du lutteur Modou Lô et son mari. En effet, Amadou Dicko était devant les enquêteurs de police, en même temps qu’Adama Kane et Touba Kane, à la suite d’une plainte d’Aly Sow, pour la disparition de son fils Mame Birame Sow. Ce dernier, extrait de sa cellule, a expliqué hier au juge comment il a été torturé dans la maison d’Amadou Dicko. C’est d’une voix audible, remplie de colère, que le commerçant a déclaré : « Mon père m’a appelé pour me dire que des gens demandaient après moi. Quand je suis sorti de ma chambre, j’ai vu Touba Kane. Il me dit qu’il avait un marché pour la vente de téléphones portables. Qu’il voulait que je vienne voir la marchandise pour une collaboration », dit-il. Avant de poursuivre : « Sur ces entrefaites, son frère est entré dans la maison. J’ai commencé à avoir des soupçons. Malgré cela, j’ai décidé de les suivre. »
« Ils ont utilisé des matraques électriques sur mon sexe… »
« Mais avant de partir, j’ai averti mes parents en leur disant que si je tardais à rentrer, qu’ils sachent que c’est Touba et Adama qui m’ont emmené avec eux. Car je n’ai jamais eu confiance en eux. Ce sont des gens dangereux », a-t-il raconté devant le tribunal. « Un taxi m’attendait dehors. Adama a voulu nous suivre avec son scooter, mais Touba lui a proposé de venir nous rejoindre dans le véhicule pour économiser son carburant. Arrivés aux Maristes, chez Amadou Dicko, j’ai été installé dans une salle. Touba a allumé la télévision, avant de me dire que j’étais la personne qu’on montrait dans la vidéo. Que c’était la même taille et le même handicap, car l’individu marche en claudiquant comme moi ». Le prévenu a ajouté que lorsqu’il a protesté, Adama Kane l’a giflé. « J’ai été conduit au bord de la piscine. Ils ont utilisé des matraques électriques sur mon sexe, sous le regard d’Amadou Dicko, de Niang Kharagne Lô, de Papis et des gardiens de la maison ».  Il n’a pas terminé son propos que le juge a décidé de joindre cette affaire de séquestration à celle de vol pour laquelle il est poursuivi, sur la demande du Parquet.
 
En effet, avant le récit de Mame Birame Sow, c’est le jeune Modou Cissokho qui a raconté des faits identiques. D’ailleurs, dans cette affaire, il s’est constitué partie civile. A la barre, Modou a raconté que Touba Kane et Adama Kane se sont présentés chez lui aux environs de minuit, comme étant des policiers. « J’étais déjà couché. Ils m’ont surpris dans ma chambre, en me lançant : « c’est la police ! ». Je leur ai demandé la raison de mon arrestation, en vain. Mieux, ils ne m’ont pas laissé le temps de me rhabiller. Je suis sorti de chez moi en sous-vêtements ». Direction chez Amadou Dicko. Lorsqu’ils sont arrivés dans la luxueuse demeure, c’est le maître des lieux qui a ouvert la porte. Il raconte : « Touba et Adama m’ont dit que Mame Birame Sow a volé dans cette maison la somme d’1,5 million de F CFA et que c’est à moi qu’il aurait remis le butin. J’ai répondu par la négative. Sur ce, ils m’ont ligoté et battu. Mes bourreaux ont versé de l’eau de piscine sur tout mon corps en me piétinant. Ma douleur était immense. J’ai pensé que j’allais y laisser ma vie. » Ensuite, poursuit-il, « Ils m’ont fait monter à l’étage où j’ai trouvé Amadou Dicko au salon. Devant lui, Adama Kane a sorti un couteau avec lequel il m’a poignardé à sa guise. Ils voulaient que je passe aux aveux. J’ai été torturé jusqu’à 3 heures du matin », a-t-il indiqué.
 
 
 
Les frères Kane ont déjà fait la prison pour drogue et meurtre
 
Mais malgré ce récit qui rejoint le premier, l’avocat de la défense, Me Bamba Cissé, s’est opposé à la décision de joindre les deux affaires. Souhaitant qu’on juge l’affaire de la séquestration, il a déclaré : « Ce n’est pas la même affaire. Les faits de séquestration ne sont pas concernés. L’autre est un dossier de vol dont l’issue n’a aucune incidence sur cette affaire. Ce dossier étant en état, rien ne s’oppose à ce qu’il soit plaidé », a-t-il tonné. Bondissant de sa chaise, le maître des poursuites a asséné : « J’ai signé l’extraction de Mame Birame Sow pour sa comparution. Cependant, en cours d’audience, je me suis rendu compte que la jonction des deux affaires est nécessaire pour la manifestation de la vérité. » Après le renvoi de cette affaire à la date du 24 février, l’avocat d’Amadou Dicko a formulé une demande de mise en liberté provisoire. Laquelle a été rejetée par le tribunal. Après que le Parquet a qualifié les faits d’extrêmement graves, susceptibles de créer des troubles à l’ordre public. Par ailleurs, si Amadou Dicko n’a jamais fait l’objet d’une condamnation, ce n’est pas le cas pour ses acolytes. Adama Kane a été emprisonné pendant plusieurs années pour drogue. Son frère Touba Kane, élargi récemment de prison, a purgé une peine de 15 ans de travaux forcés pour meurtre.
Enquête
Jeudi 23 Février 2017
Dakar actu




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