Le Sénégal encore endeuillé par les pluies: 7 morts à Touba , Bambey et Diaoulé

Pluie-inondation, l’équation n’a pas encore trouvé de spécialiste au Sénégal. Si chacun de ces mots a son sens propre, on peut faire remarquer que dans le monde des pays qui savent s’y faire, toute pluie n’est pas synonyme d’inondation. Il est donc devenu nécessité de le dire et le marteler pour que les Sénégalais qui vivent dans l’agglomération dakaroise le comprennent.


Le Sénégal encore endeuillé par les pluies: 7 morts à Touba , Bambey et Diaoulé
A Bambey, ville habituée à ce phénomène dérivant de la forte tombée de l’eau venant du ciel, les populations le lient à la qualité argileuse du sol et au mauvais assainissement. Dans cette partie du centre-ouest du pays, à Kaolack aussi comme dans les villes du sud à Kolda, Sédhiou… les raisons sont à trouver ailleurs que dans les fortes pluies qui tombent à chaque saison hivernale.

On connaissait le casse-tête chinois au chinois dans le film. Il y a maintenant un casse-tête bien sénégalais : la pluie et les inondations. Eternelle rengaine, l’imaginaire voudrait croire que les Dakarois n’aiment pas la pluie. Mais sont-ils assez dupes pour comprendre que sans la pluie, pas de riz, pas de mil, pas de manioc, encore moins de navet et des carottes dans le bol du déjeuner et du dîner ? Pas de mangue, encore moins d’oranges et de ces bananes que l’on aime bien consommer chaque fois que les poches ne sont pas trouées ? On n’aime pas la pluie. Une rengaine de nuls, à mon avis. Et quand on pense aux ravages de la dernière tempête Isaac sur une ville meurtrie comme Port aux Princes (Haïti) et qui menace aujourd’hui et demain, le Golfe du Mexique et la Floride, on peut en conclure que les pluies banales de 100 mm en cas d’exception, sont plutôt les bienvenues malgré le mal qu’elles peuvent causer. Les agriculteurs en vivent pour l’essentiel.

Les maraichers qui opèrent pendant la saison morte profitent aussi de ses effets en puisant sur les réserves de la nappe phréatique. L’économie sénégalaise, essentiellement basée sur l’agriculture, la pêche et l’élevage en est fortement dépendante.

La pluie est un mal nécessaire pour ne pas dire vital. Et au bord de l’Atlantique, certains pays ont eu le privilège d’avoir été bien situés sur les cartes.

Le Sénégal comme l’Afrique de l’Ouest ne connaissent ni typhon, ni ouragan encore moins des cyclones et tsunamis. Mais simplement, des pluies diluviennes que le mauvais assainissement de nos villes a le don d’aggraver et parfois d’exagérer. Les commentaires qui s’ensuivent sont malheureusement parfois mal venus parce que ne correspondant pas toujours à la réalité. Des mots comme catastrophe et cauchemar sont fréquemment utilisés, mais la faute à qui finalement ?

Pays pauvre, le Sénégal qu’on définissait - à tort, dans une forme étincelante d’émergence il n’y a guère - l’est assurément. Incapable de faire un assainissement correct dans les villes, c’est plutôt rêver que penser qu’un jour les inondations ne seront plus qu’un mauvais souvenir à Dakar, Thiès, Podor, Matam, Saint-Louis et encore. De 600 dollars par tête d’habitant au milieu des années 1990, pour faire un assainissement correct dans les pays en voie de développement, on devrait avoir aujourd’hui dépassé ce chiffre. Même si les études sorties de la réunion organisée à Dakar en mars 1995, sur la stratégie environnementale des villes africaines semblent aujourd’hui bien loin, la nature qui a horreur du vide semble nous renvoyer chaque fois à cette rengaine quasi éternelle de la pluie synonyme d’inondation ici au Sénégal.

L’explication est simple : nos villes sont incapables de faire une modernité durable. Quand, au mépris des sciences d’urbanisme, l’Etat, ses représentants, les élus et les citoyens optent pour des raccourcis politiciens et parfois mesquins pour « aménager », (le mot n’est même pas le bon pour la circonstance), une autoroute, une route, une piste, un marché, un projet d’immeubles pour des logements dans un quartier… Les discours ne suffisent plus pour cela. Il faut inventer autre chose. Mal le mal est que nous ne savons pas faire de la stratégie pour le futur. On pense pour le ventre, pour le présent et l’instantané.
Où est le génie urbain ?

Des débats sur les changements du climat aux inondations, tout semble avoir été dit ici et là au Sénégal. Mais, il n’y a pas encore d’esquisse de solution et d’adaptation. Pour dire que l’autre raison est encore à lier à l’assassinat du génie urbain sénégalais, depuis la mort programmée des écoles d’ingénierie comme Polytechnique et encore l’absence de grands laboratoires dans nos universités, d’ateliers de recherche sur la science des villes comme il en existe à l’Université de Paris I, Paris VIII Saint-Denis et nombre d’autres universités canadiennes et américaines. De quels moyens disposent aujourd’hui la Direction de l’Architecture et de l’Urbanisme, la Fondation Droit à la ville, et même le ministère de l’Habitat, de l’urbanisme, l’Office national d’Assainissement pour penser la prochaine ville sénégalaise ? La réponse est aussi simple pour un élève de sixième. De rien ou de peu de moyens.

Alors, au cauchemar des gens qui ont eu le mauvais reflexe d’aller s’installer sur des sites fragiles comme les abords des Niayes, les anciennes rivières du Cap vert, les terres boueuses et le poto-poto de Rufisque, il n’y a pas encore de solution. Ni aujourd’hui, ni demain. A beau crier, à beau pleurer, la solution n’existe pas. Ni les sacs de sable pour bloquer les eaux, ni les engins envoyés dans le cadre du Plan d’organisation des secours (Orsec) n’y pourront quelque chose. L’année prochaine, à pareille époque, les agriculteurs et les paysans qui le sont restés encore un peu partout dans la région de Dakar et ailleurs, souhaiteront qu’ils tombent autant de pluies. Pour le grand bonheur des campagnes sénégalaises.

On a beau crier, on aura beau continuer à mobiliser la presse en quête de sensation… Rien n’y fera. L’eau sera de retour sur son chemin. Pour vaincre les inondations - une rengaine éternelle à laquelle les Sénégalais sont désormais confrontés dans les grandes villes, si on peut les appeler ainsi - aucun assainissement sommaire ne pourra grand-chose. Et pour vaincre cette équation, le pays cherchera encore le ou les spécialistes.

Quatre morts à Touba et Bambey

Le Khalife Général des mourides a dégagé un milliard de FCFA pour l’assainissement à la suite des fortes pluies qui se sont abattues sur la ville Sainte de Touba et qui ont occasionné trois morts dont un jeune de 27 ans et une vieille dame.

La pluviométrie enregistrée au niveau de la cité religieuse avoisine les 137 mm. En dehors des pertes de vies humaines, il ya eu des dégâts matériels estimés à plusieurs millions de FCFA. Le plan Orsec a été déclenché pour venir en aide aux sinistrés. Les quartiers fora, Darou marnane, situés sur les bas fonds sont les plus touchés. Les ministres de l’Hydraulique et de l’Assainissement , Oumar Guèye et le ministre des Infrastructures et du Transport, Mor Ngom, ont fait le déplacement pour s’enquérir de la situation.

Le Khalife général des mourides Serigne sidy Makhtar Mbacké a dégagé une enveloppe d’1 milliard de FCFA pour contribuer à la mise en œuvre du plan d’assainissement de la ville Sainte de Touba mise en place par l’Etat. Après la visite sur le terrain, une réunion d’évalution s’en est suivie.

A Bambey, la foudre a fait une victime à Touba Ndiné dans la communauté rurale de Ngoy. Madame N. Amar qui était sortie pour faire paitre ses animaux a eu la malchance d’être foudroyée. Ce nouveau décès lié à la foudre remet sur les tapis le manque de paratonnerre dans le monde rural.

Trois morts, des maisons détruites à Diaoulé

Trois morts à Diaoulé, 50 km au Nord-Est de Fatick. Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur l’ensemble du territoire national ont emporté la vie de trois enfants dont deux jumeaux et un bébé de trois. Le toit d’une maison qui s’est effondré sur eux.

La pluie a encore causé des victimes hier dans le village de Diaoulé situé à environs 50 Kms au Nord Est dans la région de Fatick. Une mère de famille ainsi perdu trois de ses enfants, deux jumeaux et un bébé de trois mois, décédés des suites de l’ effondrement de la maison familiale qui ne pouvait guère résister à la charge des vents et des précipitations causées par l’abondance des tornades ces temps-ci dans la région de Fatick. Cinq maisons se sont aussi effondrées.Joint au téléphone, le préfet Mamadou Mactar Diop a aussi fait état de quatre maisons entièrement endommagée dont les anciens occupants sont présentement internés à l’école 3 de la commune

Abdoulaye Ndiaye, président du conseil rural que nous avons joint au téléphone, a relevé la série de malheurs qui s’est abattue sur la pauvre maman. Elle avait perdu son mari quatre mois auparavant, ensuite sa fille aînée. Le président du conseil rural a par ailleurs dénoncé la négligence dont les autorités étatiques ont toujours fait montre pour la prévention de ce genre de calamités.

Déjà en 2009 raconte t-il, Diaoulé était pour la première fois confronté au problème des inondations. Malgré l’ampleur des dégâts matériels et les lourdes pertes en vivres que cela a occasionné, les autorités gouvernementales de l’époque n’avaient jamais mis les pieds dans ce village pour soulager les populations dans le désarroi, ou leur apporter un quelconque soutien ou assistance. Depuis, le village de Diaolé, à chaque année est coupé du reste du monde. Les équipes de Caritas Sénégal et de la Croix rouge ont été les premières à s’y rendre.

Après le choc qui a plongé tout le village dans la tristesse et la consternation, elles sont restées pendant de longues heures au près des populations. Malgré les efforts fournis ça et là par ces mêmes partenaires, le conseil rural de Diaoulé par la voix de son président sollicite une assistance d’urgence pour les blessés et les multiples autres personnes menacées de déguerpissement forcé.
Lundi 27 Août 2012
Sudonline




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