Le Port de Dakar, une entité porteuse de croissance dans le Partenariat Public Privé (PPP) et le Plan Sénégal Emergent (PSE)


Le Port de Dakar, une entité porteuse de croissance dans le  Partenariat Public Privé (PPP) et le Plan Sénégal Emergent (PSE)
Le Port de Dakar, une entité porteuse de croissance dans le Partenariat Public Privé (PPP) et le Plan Sénégal Emergent (PSE) « La vie de l’homme dépend de sa volonté ; sans volonté, elle serait abandonnée au hasard… » Confucius (551 av. J-C/ 479 av. J-C) Dans le contexte de l’évolution des transports maritimes et au-delà des contingences socio-économiques, les ports constituent des points focaux où se développent la quasi-totalité des échanges commerciaux entre les continents. En 2012, le volume de marchandises engrangé au Port Autonome de Dakar (PAD), se chiffre à 11 869 557 tonnes, représentant un chiffre d’affaires de 30 824 730 000 F cfa, soit une embellie de 4% par rapport à 2011. Et de bons résultats sont comptabilisés sur le trafic du Mali, avec un pic de 1 667 577 tonnes, soit une augmentation de 14%. A noter que 70% du transit malien passe par le Port de Dakar.
Cependant, avec l’avènement de la conteneurisation, les ports maritimes de la sous-région de l’Afrique de l’ouest ont connu de profondes mutations, tant dans leur configuration physique (ports de plus en plus profonds), leurs modes d’exploitations, que sur les choix relatifs aux orientations de stratégies managériales adoptées par les autorités portuaires. Ce phénomène de transports de marchandises par voie maritime est sous-tendu par un positionnement de leadership sans précédent entre les ports situés sur la même rangée maritime. Il se traduit par une concurrence acerbe, notée dans le trafic du transbordement de conteneurs et dans le transit de marchandises Compte tenu de cette réalité, le Port de Dakar doit se hisse au firmament des ports leaders. Dés lors, de grands projets doivent être engagés par les autorités compétentes. Ainsi, une véritable synergie doit être établie entre le Port et l’état, afin que de profondes réflexions soient menées et articulées autour de modèles de financements appropriés, comme le PPP et le PSE. Il s’agit d’adopter la méthodologie managériale et stratégique déclinée par le PAD par rapport aux PPP. Elle englobe les contrats de concessions des terminaux portuaires et l’élaboration de politique de spécialisation des quais, d’une part.
D’autre part, il ya lieu de justifier la pertinence du PSE sur l’amélioration de la compétitivité du port, relativement aux projets de construction du futur Port de Bargny/ Sendou et la réhabilitation de la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako. L’effectivité de cette ligne ferroviaire sera un vecteur d’intégration des peuples maliens et sénégalais et un facteur de redynamisation de l’exploitation des ressources minières. Cette approche nous permettrait d’apporter une réponse de taille à un des piliers fondamentaux du PSE, défini par « la transformation de la structure de l’économie sénégalaise, dans le sens de soutenir une dynamique de croissance forte, durable et inclusive ».
1. La position privilégiée de la presqu’ile de Dakar, est - t- elle suffisante pour conférer au Port de Dakar la position de leadership dans la sous-région ? De par sa position géographique, dire que le Port de Dakar est la porte océane de l’Afrique, relève de l’évidence. Il est la porte d’entrée de l’Afrique occidentale (le Cap Manuel). C’est un havre maritime en eaux profondes, situé aux confluents de grandes routes maritimes, abrité dans la baie de Gorée, ouvert a un marché potentiel ouest africain de plus de 300 millions de consommateurs. Cette situation bien qu’avantageuse, est loin d’être essentiel. Par conséquent, le Port de Dakar doit répondre aux exigences des standards de ports modernes. Comprenant l’urgence de la question, les autorités portuaires actuelles se sont inscrites dans une dynamique de rendre le Port plus performant, plus efficient et plus sécurisé. Sous l’impulsion de son Directeur Général, une nouvelle approche managériale est enclenchée, dont les centres d’intérêts sont motivés et définis par:
• La mise en place d’installations, d’infrastructures et de services nécessaires pour la réception ou la livraison du trafic domestique
• L’application d’une politique portuaire capable d’attirer le trafic de transbordement et de transit en misant sur le partenariat public- privé(les concessionnaires et les grands armateurs)
• La pratique des tarifs préférentiels en respectant la triade qualité/coût/délais et en appliquant des redevances concurrentielles à des niveaux plus bas que ceux appliqués dans la sous-région. • L’adoption de stratégies viables, orientées vers une politique de marketing et de commercialisation pour mieux vendre le « label port de Dakar » • Le dragage des chenaux d’accès, couplé à la disponibilité de pied de pilote admissible, pour l’accueil de navires Panamax, • L’élaboration des modalités d’organisation appropriée qui contribuent à la spécialisation des quais, à l’instauration d’installations spécialisées (équipements frigorifiques à température dirigée) et à la mise à disposition de mains d’œuvres qualifiées, • la possibilité de faire recours à des services de gestion informatisés
• assurer une bonne coordination administration douanière entre les autorités portuaires, les exploitants de terminaux et tous autres usagers des services portuaires. 2. Le modèle de financement PPP adopté par la direction générale, est il viable pour doper les activités de la chaîne logistique du Port de Dakar ? Ce chapitre a pour objet d’éclairer l’opinion sur la pertinence de la démarche adoptée par la direction générale du PAD, en matière de financement des projets infrastructurels par le PPP. Des éléments d’explications seront apportés, en vue d’une croissance optimale de l’entreprise. Ici, la notion de croissance de l’entreprise doit être circonscrite dans le temps et dans l’espace. Elle s’inspire du modèle de financement des PPP. Il s’agit, pour le PAD, de nouer des partenariats avec des privés crédibles, dans l’optique de concrétiser des infrastructures viables, en vue :
• d’augmenter sa taille, en termes d’extension géographique (port minéralier de Bargny/ Sendou,…)
• d’augmenter sa capacité de production, en tonnage et en volume de marchandises manutentionnées ou en transit,
• d’accroitre son chiffre d''affaires, et de créer des richesses additionnelles
• d’élargir ses parts de marché, en matière de transbordement à destination des ports de la sous-région et de transit vers les pays de l’hinterland,
• d’augmenter ses effectifs, en matière de création d’emplois,
• …. Dans le contexte de management portuaire, les principales plateformes logistiques des ports mondiaux sont gérées par des privés, sous le format de PPP. Un mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer des infrastructures, des équipements, …, assurant ou contribuant au service public. C’est l’exemple du financement du Canal du Midi en France, du canal de Panama, la percée du canal de Suez, … Pour le Port de Dakar, d’importants chantiers sont en cours de réalisation, avec option de financement PPP. Soutenue par une politique de créations de nouveaux emplois, dans toutes les filières rattachées aux métiers de la logistique portuaire. Le tout, s’inscrivant dans une logique de relance du trafic, en matière de produits pondéreux non alimentaires, de trafic des navires rouliers, des produits hydrocarbures, des produits exotiques à grandes échelles,… Ainsi, comme lui confère la loi, la direction générale s’est fondée sur un cadre juridique approprié pour mettre en concession les môles 2 et 8. C’est ; • la loi 76/66 du 02 Juillet 1976 en son article 16 qui fixe les modalités de conventions domaniales et l’article 5 de ladite loi qui fixe le champ d’application. • la loi 92-63 du 22 Décembre 1992, où le Port Autonome de Dakar est autorisé par convention portant cahier des charges, de consentir sur le domaine public qui lui est transféré, des autorisations d’occupation temporaire d’une durée au plus égale à 25 ans. Aussi, la bonne notation financière du Cabinet WARA lui a permis de lever des fonds auprès de la BOAD, pour la finalisation des travaux du dragage du chenal d’accès à -13,50 m. De même, dans un souci permanant de soutenir les entreprises nationales,
Le PAD a alloué une part consistante du capital des concessions aux privés sénégalais, dont 45% pour le môle 8 et 30% pour le môle 2. Ces concessions sont sous-tendues par des engagements de trafic. A terme, les concessions doperont le tonnage et contribueront à augmenter le chiffre d’affaires du port ; avec une nette embellie des coûts de manutention et de la création de richesses à tout point de vue… 3. la pertinence de la réhabilitation de la voie ferroviaire, un facteur d’inter connectivité entre le port et son hinterland, relativement au PSE. Avec la rude crise économique qui sévit dans le monde, le Sénégal n’est pas en reste. Pour faire face à cette situation, l’état du Sénégal entend relever le défi, dans des projets structurants, comme la réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako à écartement standard (60% du réseau mondial), à fort contenu de valeur additionnelle et de création d’emplois. La démarche ne consiste pas à faire une étude détaillée du PSE, encore moins de faire un quelconque commentaire sur le dit plan. Il s’agit plutôt de mettre en exergue la pertinence de la création de réelles passerelles qui lient les grands axes définis dans le PSE et les projets structurants du Port de Dakar ; calquée sur la vision PAD 2023. En effet, l’objectif visé est de faire du Sénégal un hub logistique industriel régional. L’enjeu, est d’ériger le Port de Dakar en hub maritime, aux fins d’instaurer une véritable plateforme régionale tertiaire, en matière de services rendus aux entreprises et d’asseoir une réelle politique d’industrialisation,…
Aussi, il est à préciser que le volet des Infrastructures et des services de transport représentent 52,5% des projets énoncés dans le PSE. Il concerne la relance du rail, qui va bénéficier de l’appui de partenaires techniques et financiers comme la Banque mondiale, l’Union européenne,… Sous un format imagé, il s’agit de mettre en exergue l’impact de la voie ferrée sur le tronçon Dakar-Bamako. Ceci, nous permettra de quantifier l’importance du PSE sur les performances du port et ses relents sur le corridor, en termes de respect des dispositions du Règlement 14 de l’UEMOA 2005 et de préservation des nos routes ; car l’état dépense en moyenne près de 45 milliards de Fcfa par an pour l’entretien des routes. Cette mesure sera soutenue par un contrôle minutieux de la charge à l’essieu des véhicules lourds et la mise en application effective du Transit Routier Inter-états (TRIE). La redynamisation du chemin de fer, un mode transport de marchandises de masse, aboutirait à l’exploitation des minerais de fer de la Falémé, du marbre de Kédougou, de l’acheminement des produits exotiques, de l’installation probable des unités de transformation à fortes valeurs ajoutées à Tambacounda …, d’une part. D’autre part, il contribuera à réaliser le Port minéralier de Bargny/ Sendo, avec en filigrane, l’érection d’un terminal à conteneurs, l’implantation d’une zone franche portuaire et/ou industrielle (offshoring), le tout orienté dans une logique de rationalisation judicieuse des réserves foncières,… .
A moyen terme, les autorités étatiques doivent élaborer des politiques porteuses, axées sur l’exploitation à grandes échelles des phosphates de Matam, en vue de leur acheminement au futur Port de Bargny/ Sendou. Par ailleurs, dans le contexte de concurrence entre ports de la sous-région ; il demeure impératif que le projet de chemin de fer Dakar-Bamako soit une réalité.
En effet, depuis le 7 Avril 2014, les travaux de construction de la voie ferrée Cotonou-Niamey, un tronçon de la boucle ferroviaire Cotonou-Niamey-Ouaga-Abidjan-Lomé, ont officiellement démarré à Niamey. (Source: NIAMAY (Xinhua)) L’analyse descriptive du financement des infrastructures du Port de Dakar par le PPP et la méthodologie adoptée par l’état, pour porter le Sénégal sur les rampes de l’Emergence à travers le PSE ; nous permet d’affirmer que la réussite de l’homo-senegalensis, réside dans son engagement d’entreprenariat et dans sa capacité à transformer les énergies positives en ambition, en vision, … . Comme pour paraphraser l’autre, « Le Plan Sénégal Emergent est une ambition, une vision,…, il demeure convainquant », dixit Tony Blair, Ancien Premier Britannique.

Commandant Amine TAMBA
 Capitaine au long cours
 e.mail: cdttamba@gmail.com
Mercredi 16 Avril 2014




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