Latif Gomis raconte son supplice au commissariat central Vers 1 heure du matin, des policiers m’ont réveillé pour me "bastonner"


Latif Gomis raconte son supplice au commissariat central Vers 1 heure du matin, des policiers m’ont réveillé pour me "bastonner"
Mis aux arrêts samedi dernier dans le cadre de la marche du Collectif du littoral, Latif Gomis a été finalement relâché hier. Membre de «Y en a marre», rappeur de la Coalition «Niamu mbaam» de Pikine, Latif Gomis plus connu sous le nom de Laz-five ou Tifla a vécu un week-end d’enfer dans les locaux du Commissariat central de Dakar. Tabassé et blessé, le jeune rappeur de 34 ans n’a pas craqué comme l’aurait voulu les policiers. Dans cet entretien, il narre son calvaire
 
«Tout s’est passé samedi dernier, lors de la marche organisée par le collectif du littoral pour dire non au mur de la honte. La marche avait été interrompue par les policiers avec des tirs de munitions à blanc et à gaz lacrymogène. Il s’en est suivi, alors, des arrestations.
 
Ainsi, plus de vingt de nos camarades ont été arrêtés et conduits au Commissariat central. Lorsqu’on a arrêté mes camarades, je suis allé, avec d’autres manifestants, vers 15 heures, au niveau du Commissariat central. Les policiers sont venus nous demander d’évacuer les lieux. Chose qu’on a faite sans rouspéter. Moi, je me trouvais en dernière position.
 
C’est alors qu’un policier m’a sommé de me dépêcher en m’insultant de mère. Je me suis retourné pour lui dire qu’il ne devait pas m’insulter. C’est par la suite que l’un d’entre eux en civil m’a interpellé avec des insultes tout en me disant : 'Toi, on te demande de partir et tu ripostes'. J’ai rétorqué en lui disant : 'Je ne riposte pas, j’étais en train de m’en aller tranquillement quand il m’a insulté et je lui ai juste fait savoir qu’il n’en avait pas le droit'. Soudain, j’ai reçu une gifle de la part du policier, puis un coup de genou. Ces autres collègues sont venus se ruer sur moi. Ils m’ont asséné des coups de matraques à la tête. Ils m’ont déchiré le R4. Le sang giclait, mes habits étaient rouges de sang. Ils m’ont attrapé et m’ont emmené dans les locaux du Commissariat central».
 
«Au commissariat, j’ai été jeté sur les carreaux et tabasse»
«Une fois à l'intérieur du Commissariat central, j’ai été jeté sur les carreaux et tabassé. J’ai même reçu une matraque électrique. Ils m’ont ensuite installé dans une cellule. Attiré par le sang qui ne cessait d’éclabousser mon visage, un policier est venu me proposer d’aller me laver le visage. Il est allé chercher les clefs de la cellule et m’a ouvert la porte pour que j’aille me laver la figure. De retour, je me suis assis sagement sur le banc qu’il m’avait indiqué. C’est en ce moment qu’il m’a dit : 'J’avais interdit aux gars de frapper les gens, mais ils n’en font qu’à leur tête. Je m’excuse'.
 
A ces mots, il m’a dit d’attendre un peu l’arrivée des ‘gars’ pour me faire conduire à l’hôpital car j’avais besoin de soins. Sur ce, je lui ai demandé puisque les ‘gars’ étaient occupés, si je pourrais, tout seul, aller me faire soigner et me prendre en charge. Proposition qu’il a refusée prétextant que c’était la police centrale qui devait me prendre en charge. Il m’a dit alors d’attendre un peu. Ce que j’ai fait. Lorsque les policiers sont arrivés, ils m’ont conduit à l’hôpital et m’ont fait soigner. On m’a prescrit une ordonnance que les policiers m’ont remise et que j’ai rangée précieusement dans la poche de mon pantalon.
 
Une fois revenu au commissariat, le commissaire a dit qu’on devait retourner à l’hôpital pour les besoins d’un autre papier. Il n’avait pas parlé de certificat médical, mais d’un autre papier que le médecin devait me livrer. A notre arrivée à l’hôpital, on nous a dit que le médecin ne serait présent que le lundi. Aussitôt, le policier qui m’avait remis l’ordonnance m’a demandé de la lui remettre. Ce que j’ai fait».
 
«Ils m’ont remis dans une cellule alors qu’ils avaient dit que j’allais être relâché»
 
«De retour au commissariat, un policier m’a dit d’enlever mon boubou car c’était taché de sang. On m’a remis un autre blouson qui avait la fermeture craquée. J’ai enfilé le boubou et ils m’ont remis dans une cellule alors qu’ils avaient dit que j’allais être relâché. Je n’avais même pas mangé, car je me méfiai des policiers. J’étais tout le temps sur mes gardes. La nuit du samedi au dimanche, vers 1 heure du matin, des policiers m’ont réveillé pour me bastonner. Vers 3 heures du matin, ils sont revenus pour m’interroger croyant qu’à cette heure tardive de la nuit j’allais changer de déclaration. Mais je leur ai fait savoir que je pouvais revenir sur ce que j’avais dit sans y changer aucune virgule.
 
Les policiers ont essayé de tout faire pour me faire inculper. Le lundi, à 9 heures, ils m’ont appelé et m’ont fait signer d’autres papiers, puis ils m’ont embarqué dans un 4X4 pour m’emmener au Palais de justice de Dakar. Au parquet, ils ont tout fait pour me griller. Mais Dieu fait tellement bien les choses qu’il a mis sur mon chemin un procureur juste, que je remercie au passage, car il a été indulgent. Il a fait son travail convenablement, il s’est penché du côté de la vérité».
 
«Le Parquet m’a libéré sans condition»
 
«Une fois devant le Procureur, il a lu le procès verbal, la déclaration des policiers. Il m’a fait savoir que ces derniers ont affirmé que je m’étais mis devant la porte de la police en disant que je vais délivrer par la force mes camarades retenus. Ils ont aussi écrit que je leur avais tenu tête lorsqu’ils m’ont demandé de quitter les lieux et que je m’étais bagarré avec eux. Mais ce n’était pas ce qui s’est passé parce que, quoi qu’on puisse dire, 'Y en a marre' m’a appris quelque chose en plus de ce que je savais déjà. 'Y en a marre' m’a appris le respect de mon pays, des hommes de tenue, etc. C’est pourquoi je n’ai pas réagi quand les policiers m’ont insulté, car je respecte leur uniforme. Je n’ai bousculé, ni blessé personne. C’est suite à ces déclarations que le Procureur m’a dit : 'Je te décharge sans condition et que la paix règne'. Ils m’ont libéré vers 18 heures. J’étais fatigué, car je n’avais pas mangé de toute la journée. Mais, Dieu est grand.
 
A ma sortie, j’étais heureux de retrouver mes camarades de 'Y en a marre' qui veillaient au grain. On est devenu une famille. Je sais que ‘Y en a marre' dérange, mais le combat va continuer. Je serai toujours tapi dans l’ombre comme je l’ai toujours été, mais je continuerai le combat. Car, il n’est pas question que la richesse des populations soit gaspillée. On ne laissera personne détruire notre pays».
« Le Populaire »
Mardi 15 Avril 2014




1.Posté par HONNEUR le 15/04/2014 18:02
NOS FLICS MENTENT SANS CESSE SUR LEURS PVS, ILS ABUSENT DE LEUR STATUT D'AGENTS ASSERMENTES, ILS NE RESPECTENT PAS LEUR SERMENT. ILS COMMETTENT TROP D'INJUSTICES. LA GANGRENE EST AU COEUR DE LA POLICE, LES BANDITS ET GANGSTERS SONT BIEN REPRESENTES DANS CE CORPS.ET C'EST POURQUOI, RARES SONT PARMI EUX CEUX QUI MEURENT AVEC LA CONSCIENCE EN PAIX.

2.Posté par LEMZ le 15/04/2014 19:13
ET RANGER AUX OUBLIETTES COMME TANT D'AUTRES. A QUI LE TOUR...

3.Posté par Tristan le 16/04/2014 01:25
Policiers Sénégal yeux la bagne. Les procureurs sont complices. Pourquoi n'inclulpent-ils pas les policiers qui font de fausses déclarations et qui violent les droits civiques et humains des populations? Justice de Merde, police de merde, politiciens de merde. Pays de merde. A la police, s'en leu fuel ndeye yen nieup



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