Laser du lundi : Vers une pax americana en Casamance ? (Par Babacar Justin Ndiaye)

Laser du lundi ,Retrouvez chaque Lundi matin sur Dakaractu la chronique politique de Babacar Justin Ndiaye, Analyste politique et social .


Laser du lundi : Vers une pax americana en Casamance ?  (Par Babacar Justin Ndiaye)
Qu’est-ce qui fait courir l’ambassade américaine en direction du Sud du Sénégal ? Les représentants d’Obama à Dakar, se croient-ils au Panama ? Non satisfaite de se pourvoir publiquement et officiellement d’un « Monsieur Casamance » – l’amitié ne doit en aucun cas supplanter la souveraineté – la chancellerie US se projette en première ligne dans la recherche de la paix. Le rendez-vous de la semaine dernière, à Rome, entre des émissaires de l’Etat et une délégation incomplète du Mfdc en dit long.

Des informations de sources variées révèlent que c’est une conseillère de l’ambassade américaine au Sénégal (Mme… X) qui a été la tête chercheuse de la fusée, c’est-à-dire de l’équipe de négociateurs sénégalais désireux d’entrer en contact avec le Mfdc en exil, notamment la branche représentée par le Cercle des Intellectuels et Chercheurs basé en Europe. En effet, c’est la diplomate américaine qui a appelé au téléphone Ousmane Tamba (responsable du Mfdc établi en Suisse) et proposé une rencontre non loin de l’ambassade US à Rome, située en face du Vatican.

Plus souple et plus démocrate que le roc Nkrumah Sané (l’autre chef historique résidant à Paris) Ousmane Tamba a soumis l’invitation américaine au Cercle des Intellectuels et aux participants aux vidéos-conférences hebdomadaires que les branches du Mfdc-Europe tiennent régulièrement. Pour la circonstance, autrement dit pour examiner spécifiquement la démarche de la diplomate américaine, le conclave a été élargi aux ex-rédacteurs de la revue « Kéloumack » (assemblée en Diola) et aux animateurs des sites de la rébellion en exil. Faute de consensus, Ousmane Tamba n’est pas allé à Rome.

Pour la petite histoire, Ousmane Tamba est un ancien sous-officier du Groupement Aérien Sénégalais (GAS) ancêtre de l’actuelle Armée de l’Air du Sénégal. Démasqué par les services de renseignement, le sergent Tamba (membre caché du Mfdc) a été arrêté par la Gendarmerie. Au lendemain d’une des nombreuses grâces présidentielles sous Abdou Diouf, il a pris le chemin de Genève. On dit qu’il cultive un grand respect à l’endroit du Général Mamadou Niang ancien directeur de la DDSE et ex-ministre de l’Intérieur. Et, surtout, artisan des négociations de Toubacouta qui ont culminé avec les Accords de paix de Cacheu, au début des années 90. Longtemps malade (presque mourant) Ousmane a, depuis peu, retrouvé sa santé.

En clair, l’absence d’Ousmane Tamba et du Docteur Ahmed Apakéna Diémé (respectivement figure de proue et idéologue du club des intellos indépendantistes) contrecarrera le plan de travail des officiels et réduira la portée des contacts de Rome, placés sous l’égide de la fameuse communauté Sant’Egidio. Les résultats des conciliabules romains entre l’Etat et le MFDC sont d’autant plus mitigés que les aspects politiques, techniques et stratégiques relatifs à la sortie de crise, dépassent de loin les capacités de travail et de négociation des délégués de Salif Sadio (braves au combat mais rustiques et ignares) autour d’un tapis vert. En particulier, dans un marchandage ou poker politique dont l’issue conditionnera grandement le destin de la Casamance. Et par ricochet, celui du Sénégal.

Au demeurant, le camp du refus incarné par le très posé Apakéna (depuis l’Allemagne) par le grand sage Tamba (depuis la Suisse) et par le trop raide Nkrumah (depuis la France) a la certitude que l’unique concession que le Président Macky Sall est prêt à faire, pivote autour de l’Acte 3 de la Décentralisation, c’est-à-dire une décentralisation accrue pour la Casamance. Plus accrue que les précédentes. L’autre motif du boycott renvoie à la colère du Mfdc-Europe contre Sant’Egidio dont l’approche réductrice et frénétique constitue une source de tensions (on pourrait dire de supplément de tensions) entre les factions du Mfdc.

D’autres milieux bien informés ajoutent que Sant’Egidio aurait reçu 1 million de dollars des Etats-Unis, pour réaliser la paix en Casamance. D’où son activisme débordant pour justifier l’utilisation de l’argent. Ironie du sort : au moment où Sant’Egidio parraine la rencontre entre plénipotentiaires du Sénégal et délégués rebelles, la paix qu’elle avait bricolée au Mozambique, vole en éclats. Le gouvernement du FRELIMO a ordonné le bombardement du siège de la RENAMO. Fâcheuse coïncidence. Et mauvaise nouvelle pour les inconditionnels de Sant’Egidio.

Même si le succès est traînant (le processus de paix n’est pas la magie de la paix) la présente étape dans la recherche de la paix est, d’ores et déjà, riche en enseignements aux yeux des observateurs. D’abord, le gouvernement a le souci d’impliquer tous les clans et coteries du Mfdc, d’ici et d’ailleurs. Choix juste et pertinent. C’est à ce titre qu’il fait des pieds et des mains pour rencontrer les cerveaux (intellos et stratèges) du Mfdc. A cet effet, les initiatives ont abondé. En dehors de la diplomate américaine citée plus haut, on a enregistré l’entrée en scène de Mme Yannick de l’ONG Apran qui a cherché le contact avec le Docteur Diémé. Lequel a subodoré, à tort ou à raison, un stratagème : à savoir que des officiers sénégalais désireux de le voir de plus près, se cachent derrière Mme Yannick.

Formé en Algérie, le docteur en sciences sociales et consultant Ahmed Apakéna Diémé fait partie de la crème du Mfdc dont il est le commis voyageur (Sud-Soudan, pays du Sahel etc.) Il est aussi chargé des questions de doctrine. Sans être un faucon comme Nkrumah Sané (styles et profils différents) l’ancien élève du collège Arfang Bessire de Bignona n’en demeure pas moins attaché à l’idéal indépendantiste. Brillant avocat de la cause du Mfdc, penseur doté d’une solide armature intellectuelle, Diémé reste toutefois poreux aux arguments pertinents que ses interlocuteurs lui opposent. Y compris sur l’indépendance de la Casamance.

Ensuite, (c’est le second enseignement) le choc des approches entre le groupe de Robert Sagna (défavorable à la médiation de Sant’Egidio) et l’équipe de l’Amiral Farba Sarr (favorable) est apparemment arbitré par Macky Sall, en faveur du militaire. En tout cas, pas l’ombre de Robert Sagna à Rome. En revanche, l’Amiral Sarr, le Général Charlemagne Pereira (aviateur formé à Marrakech) les diplomates Abdou Cissé, César Coly et Boubacar Diouf empruntent le chemin de Rome. Cassure définitive ou complémentarité en panne au sein du collège des négociateurs ? Robert Sagna préfère la terminologie : facilitateurs.

Justement, n’est-il pas temps de tirer les leçons de la prépondérance des militaires sur le processus de paix ; et éventuellement de rectifier le tir ? Tout le monde sait que le militaire porteur d’armes et belligérant en Casamance (noble vocation oblige) n’est pas psychologiquement indiqué pour être la sage-femme accoucheuse de paix. Comment peut-on faire et bien faire la sale guerre – une guerre propre n’existe pas – ; et négocier la paix avec une douceur exquise et avec une parfaite pureté ? Les belligérants du conflit – rebelles et soldats – se regarderont longtemps encore, avec une méfiance instinctivement digne des chiens de faïence. C’est une loi universelle.

Du reste, à quoi servent les leçons de l’Histoire et celles de l’actualité pour les conseillers du chef de l’Etat ? Au Viêt-Nam, ce n’est pas le Général William Westmorland qui a négocié la paix avec le Général Vo Nguyen Giap. Ce sont plutôt les politiques, Le Duc Tho et Henry Kissinger, qui ont discuté à Paris, à l’avenue Kléber. Plus près de nous, ce sont les proches collaborateurs de Blaise Compaoré (Djibril Bassolé et Limame Chaffi) qui pilotent le dossier touareg, à Ouagadougou. Le Général Gilbert Diendiéré, pourtant numéro deux du régime militaire burkinabé – qui n’est démocratique et civil que par le vernis institutionnel et les jolis costumes de Blaise – se tient toujours en arrière-plan. Enfin, la semaine dernière, les médias ont salué unanimement le rôle joué par Mohamed Akotey (neveu de Mano Dayak) dans la libération des ex-otages enlevés à Arlit. Cependant, les initiés savent que le très effacé Général Lawal Chékou Koré, directeur des services secrets du Niger, a fourni la logistique, assuré la panification et, last but no least, crapahuté en personne sur le terrain. Mais en arrière-plan. Evitant le contact direct avec Ansar Dine.

Tout le contraire de ce qui se passe au Sénégal où l’armée est constamment allée au-delà du théâtre des opérations, pour chapeauter le processus de paix. C’est le Général du Génie militaire Doudou Diop (cousin du Président Abdou Diouf) qui a ouvert le bal des contacts de paix avec la rébellion. Après lui, le Général Boubacar Wane, patron du CENCAR, a pris le relais. Puis, le Général Abdoulaye Fall (Gendarmerie) a présidé les pourparlers de Paris qui ont débouché sur l’Accord de paix (bien élaboré mais mal appliqué) de décembre 2004. Aujourd’hui, c’est l’Amiral Farba Sarr qui est en première ligne. En d’autres termes, l’armée fait de la guerre, son monopole. Et de la paix, sa chasse gardée. Bonne chance !

Le troisième enseignement se situe au carrefour des impératifs stratégiques et de l’intelligence politique. Certes, le gouvernement a bien raison de penser que la négociation (dimension délicate de la diplomatie) ne se fait pas avec publicité et tapage. Toutefois – le secret ne pouvant jamais être total – l’intelligence politique et les servitudes démocratiques commandent d’informer l’opinion, à doses homéopathiques. Pour parer à toute éventualité. Car l’hypothèse d’un raté (mauvais accord ou accord de paix saboté) pourrait retentir négativement sur le bilan du quinquennat. Après tout, les électeurs ne sont ni des moutons ni des momies. Pour adhérer à une politique et réélire un Président, les citoyens doivent savoir un brin de ce qui se fait en leur nom, pour eux, et avec le poids de la légitimité qu’ils octroient.

Désormais, l’évidence a pour nom : internationalisation. Là où Abdou Diouf et Abdoulaye Wade – ce dernier ayant avoué publiquement et scandaleusement qu’il fut l’intendant des rebelles – refusèrent toute négociation hors de l’Afrique, Macky Sall, lui, cautionne une internationalisation rampante puis galopante avec l’implication poussée des USA et du Vatican.
Lundi 4 Novembre 2013
Dakar actu



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9.Posté par zegun le 04/11/2013 12:05
ça suffit avec tes analyses a la con.c'est comme ça que t'avais révu la vcitoire de wade en 2012.c'est toujours des mots lourd our epater la galerie.rretes tes connneries et de faire croire que t'es trés informé.t'es au courant de rien du tout

8.Posté par waw le 04/11/2013 11:36
Justin, excuse moi d'apporter une petite précision: l'ambassade US ne se situe pas en face du Vatican mais bien loin de là. pour qui connait Rome, elle se trouve sur la via Veneto, metro Barberini, à quelques centaines de metres de la Fontaine de Trevi. bref à pas moins de 5 km du Vatican. soit vous ne connaissez pas Rome, et cela n'est pas une faute, soit vous nous dites le non-dit de ce rapprochement un peu trop forcé. sinon belle analyse. merci.

7.Posté par SENTINELLE le 04/11/2013 11:25
Mamadou a tout et bien dit ! Lisez entre les lignes : " En dehors de la diplomate américaine citée plus haut, on a enregistré l’entrée en scène de Mme Yannick de l’ONG Apran qui a cherché le contact avec le Docteur Diémé. Lequel a subodoré, à tort ou à raison, un stratagème : à savoir que des officiers sénégalais désireux de le voir de plus près, se cachent derrière Mme Yannick".

Ce justin n'est pas patriote en cela que tout ce qu'il sait des négociateurs Etat/MFDC et ne sait pas mais qu'il interprète ou travestit, il l'expose dans le dessein de tout saboter. Dommage qu'au Sénégal, nombre de nos compatriotes se comportent malheureusement comme Justin à savoir : ce sera moi, avec moi ou rien ne marchera...Ayez un tant soit peu de patriotisme svp ! Ce farba Sarr et autres négociateurs peut être remplissent des critères qui inspirent de part et d'autre des 2 camps confiance et crédibilité...deux éléments fondamentaux dans un processus de négociation. Nous sommes tous des sénégalais, donc travaillons tous au retour de la Paix définitive(qui ne va pas tarder parce que irréversible incha Allah) que toutes les populations de la région sud et le reste du Sénégal appellent de leur voeux. Amine !

6.Posté par waw le 04/11/2013 11:22
Justin, excuse moi d'apporter une petite précision: l'ambassade US ne se situe pas en face du Vatican mais bien loin de là. pour qui connait Rome, elle se trouve sur la via Veneto, metro Barberini, à quelques centaines de metres de la Fontaine de Trevi. bref à pas moins de 5 km du Vatican. soit vous ne connaissez pas Rome, et cela n'est pas une faute, soit vous nous dites le non dit de ce rapprochement un peu trop forcé. sinon belle analyse. merci.

5.Posté par billu le 04/11/2013 10:01
quand la paix reviendra casamance je pense de Justin fermera sa grande gueule. beaucoup de contradictions dans tes analyses tantot il dit que ousmane tamba serait malade et n'etait pas present au rendez-vous avec les americains tantot c'est le contraire en ajoutant des resultats mitiges d'une telle rencontre. dakaractu vous ferez mieux de fermer cette page offerte a cet oiseau de mauvaise augure.

4.Posté par foutaises le 04/11/2013 09:59
Justin fais tes analyses bidons sans citer les noms des negociateurs. Il y va de la securité et de la reussite des negociations.

Je sens un brin de jalousie dans tes propos. On dirait qu'en grand "connaisseur" du dossier, tu voulais qu'on te choisisse comme negociateur?

3.Posté par JUSTE le 04/11/2013 09:55
Nos dirigeants sont des dormeurs, ils ne savent pas quoi faire concernant la dossier de la CASAMANCE/

2.Posté par diplo en détresse le 04/11/2013 07:52
PAYER LES INDEMNITÉS DE LOGEMENT DES AGENTS DES AMBASSADES ET DES CONSULATS. TROP C'EST TROP
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1.Posté par Mamadou le 04/11/2013 07:32
Justin : Tous les sénégalais prient pour un retour rapide et durable de la paix en Casamance Nous souhaiterions que tes contributions soient pour renforcer les initiatives qui sont dans cette dynamique, qu elles soient locales ou internationales . Mais on a comme l impression que tu privilégies de tirer à boulets rouges et puantes sur toute initiative de paix de la Casamance, des lors que tu n es pas un acteur central de ce processus . Tu t arroges du qualificatif de meilleur connaisseur de la Casamance pour implicitement souhaiter l échec des initiatives menées par les autres Il y a de quoi douter de ton patriotisme Car, à lire tes contributions entre les lignes, tu prêches parfois des conflits entre les ethnies, tu voues certaines ethnies aux gémonies . Pour avoir raison dans tes analyses tu n hésites à subtilement travestir la vérité pour enfariner les lecteurs. Il est temps de mettre un terme à cette manière de procéder Et mettre tes compétences et tes réseaux au service de la République Nous voulons la Paix , rien que la Paix une paix totale sur l étendue de notre pays

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