Laser du lundi : Traque des biens mal acquis et traque d’un maire bien élu (Par Babacar Justin Ndiaye)

Difficile de nettoyer les écuries d’Augias sans y laisser des plumes. La traque des biens mal acquis, jusque-là assimilable à un exercice sans périls, se rapproche à vive allure du seuil de très délicates épreuves. Va-t-elle (la traque elle-même) passer ou trépasser ? La réponse pleine d’appréhensions oriente, d’abord, vers la cible immédiate Abdoulaye Baldé et conduit, ensuite, vers la future enquête judiciaire qu’impose le catalogue d’accusations gravissimes que le Colonel Abdoul Aziz Ndao a fait éditer chez L’Harmattan. Bref, du Cadastre (Tahibou Ndiaye) à la Casamance (le maire de Ziguinchor) puis cap sur la Caserne Samba Diéry Diallo (Général Abdoulaye Fall), la traque des biens mal acquis escalade une paroi rocheuse et glissante.


Laser du lundi : Traque des biens mal acquis et traque d’un maire bien élu (Par Babacar Justin Ndiaye)
Avec la cible Abdoulaye Baldé, quelques paramètres se sont vite mués en équations. Premier hic : même si la justice se meut à son rythme, un certain retard à l’allumage catalyse les mauvaises impressions et fortifient les pires soupçons. Co-patron de l’ANOCI aux côtés de Karim Wade, l’ex-ministre Baldé avait apparemment sa place dans la charrette des premiers clients de la CREI. Les lenteurs caractéristiques d’une enquête ardue justifient-elles l’ultime mise en demeure suivie de la visite inopinée des gendarmes, après son arrivée à la tête de la mairie ? En tout état de cause, le télescopage entre le succès électoral et le coup d’accélérateur donné à la procédure, notamment dans sa phase policière, installe le trouble. Et renforce le sentiment que les péripéties du calendrier électoral sont volontiers associées aux étapes politiquement planifiées de la traque des biens mal acquis.

La seconde haie qu’il a fallu sauter, renvoie au discours pro-Baldé et menaçant du Mfdc. Ici, on est en face d’un paramètre que la traque n’avait pas – à tort ou à raison  – pris en charge. Une posture belliqueuse de la rébellion qui soulève un débat fébrile. Pour Jean-François Marie Biagui, Secrétaire général de l’autre Mfdc au programme purgé et remodelé (Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie en Casamance), l’affaire Abdoulaye Baldé n’est pas un problème casamançais. Erreur ! La liberté prise en étau d’un édile fraichement réélu – donc populaire – secoue forcément le présent et assombrit l’avenir des habitants de Ziguinchor.

En revanche, la répression de l’enrichissement illicite (action judiciaire totalement légale) ne doit, en aucune façon, intéresser la branche armée du Mfdc dont l’idéal sécessionniste et indépendantiste se moque violemment des lois et règlements appliqués au Sénégal. Sous cet angle, le sort des finances publiques (pillées ou préservées) doit être le cadet des soucis des dirigeants d’Atika. Du reste, ce soutien sonore de la rébellion doit embêter et encombrer un pur produit et un grand serviteur de l’Etat comme Abdoulaye Baldé : commissaire de Police, ministre de la Défense etc. Donc longtemps épée et bouclier de la patrie.    

Devant le mur réel ou psychologique que dresse le Mfdc, l’Etat a temporisé avant de s’élancer. Un  journal bien informé des faits et gestes du Palais  a sous-titré sur la Une : « Le cas Baldé est à l‘étude ». Une réflexion (déjà bouclée) qui a sûrement envisagé tous les scénarii potentiellement consécutifs à un emprisonnement du maire de la plus grande ville de Casamance. Le  scénario d’emblée plausible et payant demeure une vive et coûteuse attaque à l‘issue de laquelle les rebelles consentiront volontairement la perte de 20 maquisards contre la capture de 3 soldats de l’armée nationale. Un redoutable moyen de pression – par familles de militaires interposées – sur le Président Macky Sall. D’où l’état d’alerte maximale qui doit être, d’ores et déjà, en vigueur dans les bases et autour des positions de l’armée. Selon une dépêche glanée sur un site du Mfdc basé en Europe, le trio Abdou Elinkine Diatta, César Atoute Badiatte et Edmond Bora s’est réuni, le dimanche 10 août, dans un Poste de Commandement (PC) du maquis. 

En clair, le Procureur spécial a donné le coup d’envoi de la partie de poker. Sans nerfs solides ni cran robuste, le gouvernement craquera et ira à Canossa, c’est-à-dire à Rome, supplier les sacrés ferrailleurs de la paix que sont les membres de la communauté catholique de Sant’Egidio. Et le coup de décembre 2012 (libération de 8 prisonniers sénégalais sur le sol gambien) sera réédité. Une humiliation en perspective pour le Sénégal. Moralité autour du cas Abdoulaye Baldé : il faut se donner les moyens politiques et moraux d’une fermeté à la hauteur de l’épreuve de force qui s’annonce. En d’autres termes, les capacités de tenir, sans se lasser, la dragée haute. Car une offensive qui ne peut pas contrer une contre-offensive est une imprudence stratégique. Le Général de Brigade Saliou Ndiaye, CEMPAR de Macky Sall, ne me démentira pas.

Le second casse-tête de la traque des biens mal acquis se situe dans la colonne vertébrale de l’Etat. En effet, ceux qui ont réactivé la CREI après la défaite du Président Wade en mars 2012, n’avaient pas envisagé, un seul instant, que le livre d’un téméraire Colonel (bouquin d’informations et, surtout, avalanche d’accusations  formulées par un officier de police judiciaire) les placerait devant un dilemme digne de Corneille : traquer ou ne pas traquer les anciens chefs de ceux qui ont, aujourd’hui, le monopole des armes et du…feu dans la nation. Toutefois, il convient de préciser qu’un Général d’armée ou de gendarmerie – bénéficiaire d’un privilège de juridiction conféré par le code de justice militaire – ne sera jamais trainé devant la CREI ; mais il pourra être jugé par une Cour d’Appel en formation ordinaire à composition spéciale. Autrement dit, une juridiction échevinée pour emprunter le jargon rébarbatif des spécialistes. Comme on le voit, cette fameuse traque des biens mal acquis catapulte le Sénégal à la croisée des chemins. Notre pays a le choix entre la route qui mène vers l’âge d’or des lois et le boulevard qui conduit au crépuscule des lois.   

Globalement, la traque est desservie par une récente conjoncture nationale qui a, de manière récurrente, mis la loi en berne. Depuis  les élections locales de juin dernier,  la loi sur la parité dort dans sa tombe publiquement creusée à Touba. A Diourbel, les 19 présumés auteurs d’un incendie prémédité (crime annoncé par voie de presse avant sa commission) ont été allègrement sauvés de la Cour d’Assises par un Procureur mille fois plus gentil que Mahatma Gandhi. Deux capitulations d’autant plus préoccupantes qu’elles sont le double et exclusif privilège d’une région. Car, l’Etat garant du respect des lois, bande les muscles ou roule les mécaniques dans d’autres endroits comme Saint-Louis et Podor où les forces de l’ordre ont été mobilisées pour sécuriser des victoires, non pas sorties des urnes, mais obtenues aux forceps judiciaires.   

Dans une ambiance aussi éprouvante pour l’Etat de droit, la crédibilité de la traque des biens mal acquis s’étiole à vue d’œil. Un phénomène de rétropédalage que seul un regain de vigueur insufflé aux lois – sans aucune exception – peut enrayer. Faute de quoi, l’opinion publique aura l’indestructible conviction que toute la vie judiciaire du Sénégal pivote autour de la loi réprimant l’enrichissement illicite et son corollaire : la traque des biens mal acquis. Pendant ce temps, d’autres lois, notamment celles régissant le domaine maritime, sont si constamment violées qu’elles tombent inexorablement en désuétude. Pourtant, la leçon de Georges Clémenceau défie le temps : « Une nation ne puise sa force que dans le respect des lois ».
Lundi 18 Août 2014




1.Posté par aba le 18/08/2014 06:35


NON JUSTIN CETTE FOIS CIO DANOU N GA LE MFDC N A RIEN A CIRER DE BALDE LE MFDC NE JOUE PAS SUR L ELECTORAT
ALOS LAISSE LA JUSTICE TRAQUER CE VOLEUR RICHE C EST LUI QUI L A DIT

2.Posté par Sadakhta le 18/08/2014 07:37
Bonjour Justin. Très bonne analyse. Mais j'ai une question: comment peux-tu prétendre faire un "laser" de lundi qui ne pipe mot sur la situation universitaire et la mort d'un étudiant que tout le monde parle? Ce "laser" est-il sélectif? Évites-tu de parler de l'Université parce que tu ne veux pas léser toutes les parties prenantes ou quoi? Un "laser" qui a pour objectif de revenir sur l'actualité de la semaine ne devrait pas être autant sélectif et ignorer la mort d'une personne et les circonstances qui ont amené à la mort de cette personne.

3.Posté par fall le 18/08/2014 09:02
Nulle comme analyse Justin est dépassé!

4.Posté par Rewmi force nouvelle le 18/08/2014 12:17
Tu n est rien d autre qu un intellectuel
Malhonnête

5.Posté par GORGUI 10 le 18/08/2014 12:35
DANS CE PAYS LES TERMES "ANALYSTE ET POLITOLOGUE" N'ONT AUCUN SENS . IL SUFFIT DE PARLER FORT SUR TOUS LES SUJETS, ECRIRE N'IMPORTE QUOI, HURLER AVEC LES LOUPS TOUT LE TEMPS .....ET C'EST TOUT, LE TITRE EST ADJUGE. PAUVRE SÉNÉGAL!!!!

6.Posté par JBR le 18/08/2014 13:36
Vive Justin l'analyse est pertinente cher ami

7.Posté par meew le 18/08/2014 14:47
merci justin linga wakh yeup deuguele

8.Posté par Doyna Seukkkk le 18/08/2014 17:24
Pourquoi diable ce gus ne l'ouvre jamais sans parler de Touba ou des mourides ou du mouridisme. Il ne doit pas être normal ce bonhomme. De toute façon ton visage est aussi noir que le trou le plus lointain de l'enfer. De grâce laisse nous en paix et disserte sur le sujet que tu veux mais putainnnnn crache nous si tu veux, vomis nous si ça te plait mais please sort nous de ta saleté de bouche qui pue la merde.
chooooteuteuteutttttttttt waay justin yaa niou lakkal té toppéniou mboro waay mbasss waay.
Soniou bayyiwoul deh Ebola dinala ray wallahi je te le jure allons y rek. Qu'est ce qu'a t-on fait ciel de ma maison ???

9.Posté par sossenegal le 18/08/2014 17:33
JUSTIN N'ECRIT pas POUR LES RUMINANTS. MÊME LES ENFANTS DU CYCLE PRIMAIRE SE RETROUVENT DANS LA PORTÉE INTELLECTUELLE DE CE QU'IL ECRIT.

10.Posté par Atpico le 18/08/2014 17:36
Qu'elle soit juste ou imparfaite cette réflexion tient la route. Qu'elle ne traite pas directement des derniers événements tragiques survenus à l'Université n'est sans doute que partie remise, et la question centrale que l'assassinat de cet étudiant soulève est présente dans ce texte et peut s'énoncer ainsi : " Au fil des événements qui se sucèdent dans le pays, allons - nous vers un recul voire une débandade de l'état dans sa fonction de faire respecter l'esprit et la lettre des lois de la république ou bien allons - nous vers un renforcement de la volonté de l'état sénégalais de les voir appiquées et respectées par tous ?" Ainsi posée la réponse apparait asez claire : l'évolution est à la débandade, au règne de l'arbitraire et donc au bout du compte au délitement de plus en plus prononcé de l'état et de la société.

11.Posté par GOR le 21/08/2014 14:15
MERCI JUSTIN POUR L'ANALISE. JE PENSE QU'IL REFUSE TOUJOURS DE COMPRENDRE MAIS CONTINUONS, NOUS SERONT TOUS EDIFIES A L'AVENIR. Demain fera jour "Après lagni comprendre".

12.Posté par bjn le 21/08/2014 17:48
bonne continuation Professeur tu ns régales avec ces analyses politiques de grandes contenues et pertinentes

13.Posté par wane le 26/08/2014 15:34
jai une fois suivi justin dans une emission faram facce de pape ngagne ndiaye sur la tfm. le journaliste l'interroge sur la crise universitaire en lui accordant 5 minutes parceque l'emission tirait a sa fin. il a dit tt bonnement a pape ngagne kil donne son temps aux autres intervenants. riresssssssss



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