Laser du lundi : L’autre chantier austral de Macky (Par Babacar Justin Ndiaye)

Laser du lundi ,Retrouvez chaque Lundi matin sur Dakaractu la chronique politique de Babacar Justin Ndiaye, Analyste politique et social .


Laser du lundi : L’autre chantier austral de Macky  (Par Babacar Justin Ndiaye)
Invité d’honneur de la fête des héros, le Président Macky Sall a récolté en Namibie, les semailles diplomatiques de son lointain prédécesseur Léopold Sédar Senghor. Dans ce pays au destin glorieux et tumultueux (colonisation, tutelle, annexion et libération) le peuple namibien a, dans la même foulée, commémoré la journée des nombreux martyrs de la SWAPO (South West Africa People’ s Organization ou Parti libérateur) et magnifié la solidarité audacieuse, active et efficace du peuple sénégalais.

Dans un contexte continental où l’apartheid était à son apogée en Afrique australe, dans un climat mondial entièrement pollué et chauffé par une guerre froide, le Sénégal – historiquement issu du groupe modéré (synonyme de pro-occidental) de Monrovia – avait impressionné les observateurs, en apportant un soutien conséquent aux combattants namibiens de la liberté, sous la conduite du fondateur et leader de la SWAPO : Sam Nujoma.

Le poids de l’Histoire a donc pesé sur la balance diplomatique. Et conféré un relief himalayen, à la récente visite du Président sénégalais. Un immense succès – aux racines historiques – que la très rodée diplomatie sénégalaise doit conforter et transformer en tremplin, pour s’attaquer à l’ultime chantier que Senghor a légué à Macky Sall (décidément gérant de l’héritage senghorien) dans cette partie australe et extrême du continent, à savoir l’Angola dont les relations avec le Sénégal sont interminablement placées sous le signe du gel.

Ici, il faut encore convoquer l’Histoire pour cerner et dépasser cet avatar robuste de la politique étrangère de Senghor. Totalement habité par l’apologie de la négritude, l’homme d’Etat et de culture Léopold Sédar Senghor avait – sans grande surprise mais avec de réelles conséquences – fait de la négritude, le fil conducteur de sa politique angolaise de la décennie 70 – 80. D’où le persistant trou noir que forme l’Angola dans notre champ diplomatique.

Schématiquement, c’est le leader de l’Union Nationale pour l‘Indépendance Totale de l‘Angola (UNITA) Jonas Malheiro Savimbi qui était, aux yeux de Senghor, le représentant authentique du peuple angolais ; et non le MPLA dominé par les métis, dont l’influence politique très prépondérante était, sans commune mesure, avec leur poids démographique dans le pays. Une posture plus culturelle que doctrinale ou idéologique ; puisqu’en privé, Senghor avouait son admiration pour l’œuvre du grand poète Agostinho Neto. Mieux, Senghor entretenait une relation intellectuellement très suivie avec l’écrivain Mario De Andrade, membre fondateur du MPLA, et plus tard ministre de la Culture du Président Luiz Cabral, en Guinée-Bissau.

Evidemment, la position de Senghor n’était pas exempte de soubassements ; ni de répercussions politiques, tant en Angola qu’au Sénégal. A Dakar, le gouvernement avait autorisé l’ouverture d’un Bureau de l’UNITA dirigé par Kakumba Marquès. Plus déterminé que jamais à contrer le MPLA, Senghor n’hésita pas à qualifier publiquement (interview à JA) les soldats cubains de « Gurkhas des Russes en Angola ». Mais le geste qui avait diablement ulcéré les dirigeants angolais, d’hier et d’aujourd’hui, demeure le soutien verbal que le premier chef de l’Etat sénégalais avait accordé à Neto Alvès, important membre du Comité central du MPLA et auteur d’un coup militaire fermement enrayé par les forces cubaines.

Au Sénégal, cette équation angolaise avait également suscité des clivages voilés mais perceptibles au sein du gouvernement sénégalais. Ainsi, le Professeur Assane Seck, ministre des Affaires Etrangères, tout en étant loyal vis-à-vis de son pays (le Sénégal) et de son Président (Senghor) cachait mal son désaccord avec la ligne farouchement anti-MPLA. Ce qui ne l’empêchait pas de la défendre avec ardeur, au cours des mémorables sommets de l’OUA où Etats modérés et Etats progressistes engageaient annuellement le duel autour de l’actualité angolaise.

Trente après le départ de Senghor, la cicatrisation est toujours lente. Et cela, en dépit de la bonne volonté du Président Abdou Diouf qui a rencontré sur l’île de Sal (Cap-Vert) son homologue Eduardo Dos Santos, par l’entremise du Président Aristides Pereira. Au plan diplomatique, un ambassadeur angolais résidant à Abidjan, était périodiquement reçu au Palais de l’avenue Roume, notamment sous l’ère Wade. Quant au Président Dos Santos (très peu voyageur) il n’a jamais foulé le sol du Sénégal, depuis son accession au pouvoir en 1979. En route pour les sessions de l’Assemblée générale des Nations-Unies, à New-York, il contourne l’inévitable escale de Dakar, par les aéroports du Cap-Vert.

Bref, le géologue Macky Sall, conscient que le temps érode les montagnes et modifie les reliefs, peut aisément s’assigner la mission de hâter l’amorce d’un dégel, en créant un axe Dakar – Luanda, véritable couloir de rapprochement entre deux pays qui ont grandement intérêt à coopérer. Car, il faut vraiment être atteint de cécité géopolitique pour retarder indéfiniment un partenariat payant et précieux entre Dakar et Luanda.

A la jonction de l’Afrique centrale et de l’Afrique australe, l’Angola est une triple puissance : militaire, économique et diplomatique. Son armée dotée de capacités aérienne et navale (donc de projection jusqu’à Abidjan, Conakry et Bissau), son pétrole abondant (d’ici 2015, elle assurera 15 % des besoins américains en hydrocarbures), son influence régionale (l’accord tripartie Angola-Cuba- Afrique du Sud de 1988 a accouché de l’indépendance de la Namibie en 1990) et son dynamisme international (Luanda et Brasilia sont les deux locomotives de la CPLP) font de l’Angola un acteur de taille voire un mastodonte.

C’est surtout à l’aune du conflit en Casamance que le Sénégal doit envisager et mesurer les avantages d’un dégel suivi d’un renforcement exceptionnel des relations bilatérales. En effet, l’Angola dispose en Guinée Bissau (un des sanctuaires du Mfdc) d’une influence qui peut momentanément refluer, sans jamais tarir. L’histoire coloniale en partage ayant brassé les élites des deux pays. Après sa formation d’ingénieur agronome, Amilcar Cabral a fait son stage (en plein essor colonial) dans l’Angola des colons portugais. Carlos Gomez Junior, ancien Premier ministre réfugié au Portugal et financièrement outillé pour revenir au pouvoir, a fait tout son service militaire en Angola.

De façon générale, tous les opposants et tous les décideurs bissau-guinéens ont été peu ou prou en contact avec les services secrets de Luanda, longtemps dirigés par le Général Fernando Garcia Miala, un grand spécialiste de la Guinée Bissau. Et, par ricochet, de la Casamance. Pas étonnant donc que le jeu de Luanda à Bissau soit si puissamment poussé et si bien planifié que la CEDEAO en ressentent les ondes de choc, au travers de quelques divergences, perceptibles, entre les Présidents Alpha Condé (ami de l’Angola) et Alassane Ouattara, adversaire victorieux du pro-angolais Laurent Gbagbo.

Vu que l’Ecomog (force de la CEDEAO) ne restera pas indéfiniment sur le flanc sud du Sénégal, les troupes angolaises reviendront, tôt ou tard, en Guinée Bissau, pays souverain. Du coup, la prospective et son corollaire (l’intelligence stratégique) commandent au Président Macky Sall, – après l’inventaire et le largage des pesanteurs senghoriennes – de jouer la carte angolaise. Après l’atout namibien bien rangé dans l’escarcelle du Sénégal.

PS : Le plus prestigieux des ambassadeurs de l’Angola, SE Luis De Almeida (successivement en poste à New-York, Paris et Addis-Abeba) m’avait longuement entretenu de l’épaisseur incommensurable des rancœurs angolaises vis-à-vis de Senghor. C’était lors des obsèques de Sékou Touré à Conakry.
Lundi 2 Septembre 2013




1.Posté par DXB le 02/09/2013 08:13
Désolé Mr Ndiaye ,mais on aurai preféré que vous nous disiez votre point de vue sur la vrai info ..La nomination de Mimi Toure et ses enjeux.

2.Posté par Bill le 02/09/2013 08:27
Justin tu es passé à côté. L'actualité c'est la défenestration suivie de la nomination de Mimi Touré avec comme conséquence la politisation de ce poste. On attendait votre chronique sur ce terrain là!!! La Namibie, Swapo et autres, c'est vrai que c'est intéressant, mais il fallait d'abord privilégier la proximité sur l'information. A bon entendeur!

3.Posté par baolbaol le 02/09/2013 08:51
vous lire est très difficle ! alléger votre style en impressionnant par vos tournures ! cela misà part vous vous débrouillez !

4.Posté par billy-boy le 02/09/2013 09:09
they justin bla-blah. c'est pas vrai l'angola n'assurera pas d'ici 2015 15% des fournitures de petrole aux Usa. le premier pays fournisseur de petrole aux Usa est et restera la Canada notamment avec le tres controverse projet du Keyston Pipeline qui devrait traverser les Usa du Nord au Sud pour aller alimenter les raffineries du Golfe du Mexique au Texas pendant que des compagnies comme Citgo se ravitaillait au Venezuela. Justin la strategie des Usa est d'eviter autant que faire ce peut les puits de petrole de certains pays progressistes comme le Venezuela mais la real-politik avec des compagnies qui prennent de la distance vis-a-vis de la distance avec le Gouvernememt americain font que ces pays maintiennent toujours le staut-quo avec ces compagnies petrolieres. Pour en revenir au contexte Angolais dont tu fais reference, Senghor le reactionnaire avait toujours pris fait et cause pour l'Unita de Jonas Sawimba. A cette epoque Dakar servait de base de retraite au cette organisation financee par l'Exim Bank que avait son siege au Gabon. l'Angola est la premiere puissance militaire en Afrique Centrale a cote de l'Afrique du Sud et ceci en raison de sa longue tradition de lutte anti-independantiste. Au plus profond de la crise ivoirienne l'Angola avait propose a la Cedeao sa flotte aerienne pour aneantir en 24 heures les veillites de division des deux camps mais le Senegal ne voulait pas de cette intervention car elle consacrerait a jamais la suprematie angolaise sur les forces africaines. Alors pour conclure je dirai qu'aujourd'hui ls enjeux economiques priment sur des conderations politique. Ces pays d'Afrique centrale font des pays de geant vers le developpement aides en cela par une nature clemente : or, diamant, petrole, silicium etc ... donc Macky Sall a bien fait de se rapprocher de ces pays non nobstant notre passe de collaborateur des regimes fascistes. Justin pour ta gouverne, je te conseille de bien lire Jean Ziegler : Contre l'ordre du monde, les rebelles. Il y fait une excellente analyse politique des mouvements de liberation en Angola, au Mozambique, Nicaragua, Cuba etc .. Le debat continue

5.Posté par Babacar Justin Ndiaye le 02/09/2013 10:10
Monsieur Billy Boy
Vous faites erreur. Selon un document du Conseil National de Sécurité des USA publié par le journal Christian Science Monitor (confirmé par le ministère angolais du pétrole) les 15 % seront atteints par les sociétés américaines qui opèrent au Cabinda. Vous me parlez du Canada. Mais l'Amérique est déjà autonome en pétrole. Volontairement, elle a mis en jachère" ses propres gisements pétrolier,s notamment en Alaska. Vous soulignez le caractère "progressiste" des pays...Laissez-moi rire: les capitalistes se moquent des idéologies tombées en désuétude. Je n'ai pas la science infuse, mais je respecte assez les lecteurs pour ne pas publier des sornettes ou des sottises. J'ai enfin la chance d'avoir vécu en Angola et de posséder des de solides amitiés au sein du MPLA.

6.Posté par Keba le 02/09/2013 22:57
Merci Justin pour ce laser! Nous attendons avec impatience votre prochain Laser sur le reamenagement du gouvernement.

7.Posté par DIAGNE le 03/09/2013 03:10
MERCI JUSTIN DE nous avoir gratifier encore plus de ce texte tres riche en ensegnement et information; wootenguavak leche queue yima kham( dansokho ,latif et consort); encore merci

8.Posté par fall le 03/09/2013 23:46
Justin est dépassé! Depuis des années les mêmes analyses oiseuses

9.Posté par baye fall le 20/10/2013 08:57
CHEIKH GADIAGA l ignorant imposteur insultant tiens toi bien ns t aurons en ordre bande de petasse toi et tes commanditaires



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