Laser du lundi - Barbouzes, bidasses et brume : le sang gicle à Bamako (Par Babacar Justin Ndiaye)

Laser du lundi ,Retrouvez chaque Lundi matin sur Dakaractu la chronique politique de Babacar Justin Ndiaye, Analyste politique et social .


Laser du lundi - Barbouzes, bidasses et brume : le sang gicle à Bamako  (Par Babacar Justin Ndiaye)
Comme un train sur un passage à niveau peut en cacher un autre, le démocrate Ibrahim Boubacar Keita, vétéran de l’échiquier politique du Mali, masque parfaitement le dragon Ibrahim Boubacar Keita, nouveau locataire du palais de Koulouba – par ailleurs – réputé être un homme de parole dont les propos sont justement ponctués de nombreux : « In Challah, je le ferai ». Et il l’a fait. En républicain trempé et en homme d’Etat sans états d’âme, il a décapité Kati, acculé et coincé Sanogo. Et de quelle manière ?

Au bras de fer à ciel ouvert, avec son lot de bombes et de bruits, le Président IBK a préféré les harcèlements souterrains et les frappes silencieuses…et ciblées. Le déclenchement et l’aboutissement de l’opération « SANYA » (contraction des mots nettoyage et propreté en bambara) en font foi. Tout comme la cheville ouvrière de celle-ci, en l’occurrence le ministre de la Défense, Soumeyla Boubèye Maïga, reste un réel gage de succès. Puisqu’un expert de son acabit ne tâtonne pas ; notamment en terrain connu. Sans aucune surprise, on constate que les barbouzes douées ont dominé les bidasses agités de Kati.

« Kati ne fait pas peur au Mali. Et surtout pas à Koulouba » avait dit IBK, depuis Paris où il bouclait une tournée diplomatique passablement perturbée par un accès de fièvre au camp Soundiata, siège de la 3ème région militaire. Cette phrase laconique a eu valeur de lettre de mission pour celui qui, au sein du gouvernement malien, est apte à comprendre à demi-mot son Président, dans un domaine aussi réservé que les affaires militaires en général, et sur l’équation délicate de Kati, en particulier. Il s’agit, bien sûr de Soumeyla Boubèye Maiga que les diplomates et les initiés surnomment le « Béria de Bamako ». Allusion à Lavrenti Béria, inamovible et redouté directeur du KGB sous Staline, en URSS.

Journaliste formé au CESTI de Dakar, ce natif de Gao (capitale du Nord-Mali et ville natale de Mme IBK) était, au début des années 90, dans la locomotive de la démocratie qui a culbuté le Général Moussa Traoré. Directeur du cabinet d’Alpha Oumar Konaré, puis directeur général de la Sécurité d’Etat (les services spéciaux) Boubèye a donné toute la mesure de son savoir-faire, dans un contexte où il a fallu purger l’armée de tous les affidés de Moussa Traoré. Et forger un commandement acquis au système démocratique. Les résultats obtenus lui vaudront, plus tard, une audience nationale non étrangère à sa longue carrière ministérielle sous tous les régimes. Au point de faire de lui, un Talleyrand malien : hier, ministre des Affaires Etrangères de ATT ; aujourd’hui, ministre de la Défense de IBK.

C’est donc un manipulateur hors-pair qui a supervisé l’opération « SANYA ». En lieu et place d’un déploiement impressionnant de troupes et de moyens, il a orchestré une machination qui a consisté à provoquer des étincelles entre les clans de Kati. Jeu d’autant plus facile que la pluie de barrettes et d’étoiles tombées de façon non orthodoxe (les ultimes nominations à la pelle du Président intérimaire Dioncounda Traoré) dans la garnison, a engendré d’énormes frustrations. Sur lesquelles le virtuose Boubèye a surfé avec aisance. En les exacerbant savamment.

La vieille recette du « diviser pour régner » a fonctionné à plein régime. D’emblée, IBK et Boubèye ont récupéré le Colonel Moussa Sinko Coulibaly, en le maintenant à son poste de ministre de l’Administration du Territoire, avec en prime, deux étoiles de Général de Brigade. Le coup est d’autant plus sale et dur que Moussa Sinko Coulibaly (brillant saint-cyrien ou cyrard) est un natif de Ségou comme Sanogo pour qui, il rédigeait les discours. Chez les officiers subalternes, Boubèye aurait téléguidé (récompenses en perspective) le lieutenant Christophe Dembélé qui a largement contribué au ciblage et à l’élimination de ses anciens compagnons du coup d’Etat du 22 mars 2011.

Bref, l’ancien directeur des services de renseignement et actuel ministre de la Défense a réveillé et mis en branle ses réseaux dormants dans toute l’armée. Y compris chez les putschistes de Kati. L’intox, les menaces, les promesses et l’entrée en action des tueurs à gages (les quatre leviers concomitamment actionnés) ont débouché sur des assassinats aussi mystérieux que nombreux. Un travail de professionnels surgis des sombres bas-fonds de l’Etat, et rompus à l‘exécution des basses besognes.

Ainsi, le Colonel Youssouf Traoré est porté disparu. Le Lieutenant Dramane Sissoko, chef des gardes du corps de Sanogo, a été attiré dans un guet-apens puis liquidé. Son corps sera déposé nuitamment à la morgue de l’hôpital, de Kati. Le soldat Lansiné Keita alias « rougeaud » (un albinos) a été tué, enterré à la sauvette avant d’être exhumé par des villageois qui ont suivi, à distance, le manège. Un puits d’un verger de Kati serait rempli de cadavres de soldats. On comprend alors pourquoi le capitaine Konaré (à ne pas confondre avec le Colonel d’aviation Mamadou Lamine Konaré, fils de l’ancien Président Alpha Oumar Konaré) est allé spontanément se placer sous la protection de la gendarmerie, afin d’échapper à la tuerie souterraine et planifiée.

L’embrouillamini sanglant est tel que les observateurs se demandent : qui tue qui à Bamako ? Car, au-delà du bras de fer entre barbouzes et bidasses, il y a les pêcheurs en eaux troubles qui troublent sans arrêt…les eaux. Il s’y ajoute que dans l’univers des services secrets, les vérités mentent ; tandis que les mensonges avouent. En revanche, il est évident les éliminations en cascade confortent les intérêts de l’Etat démocratiquement restauré au mois de juillet dernier.

En tout état de cause, au moment où IBK mangeait son succulent et copieux maffé à Dakar, l’opération « SANYA » avait atteint ses objectifs clairs et obscurs. Clairement, Kati est allé (contraint) à Canossa. De façon masquée et tragique, Kati a été concassé. Le bastion de l‘armée dans l‘armée a été enseveli avec certains de ses ténors. Le point d’orgue de « SANYA » étant l‘isolement vertigineux du Général Amadou Aya Sanogo. Et son audition en cours. Autrement dit, l’ex-homme fort de Kati est dans l’antichambre d’une arrestation. Sans le moindre remous dans une armée malienne où Sanogo fait figure de Général d’opérette, particulièrement honni après le traitement cruel qu’il avait réservé aux contre-putschistes vaincus (les Bérets rouges) du Régiment de Commandos-Parachutistes de Djicoroni.

Mais le concassage de Kati ne suffit visiblement pas. Il faut également « dessouker », comme on dit en créole haïtien. Pour arracher les souches, la reprise en main s’est étendue à la Sécurité d’Etat, à la tète de laquelle le Capitaine Sanogo avait installé son fidèle ami, le Colonel Sidy Alassane Touré, un natif du cercle de Niafunké, ville natale du candidat malheureux Soumaïla Cissé. Proximité inquiétante et suffisante pour que Boubèye Maiga le dégage de la direction des services secrets, désormais coiffés par le Colonel Moussa Diawara qui, jusqu’à sa nomination intervenue le 19 octobre, était le chef d’Etat-major de la Garde nationale. Pour la petite histoire, le Colonel Diawara a fait un stage à l’Ecole d’Application de l’Infanterie de Thiès.

Aujourd’hui, Kati est normalisé. La chaine de commandement est totalement rétablie par le ministère de la Défense. IBK y a nommé le Colonel Harouna Samaké. Dans la foulée de l’opération « SANYA », c’est le renouvellement de la hiérarchie militaire qui est en gestation. L’armée malienne et…mexicaine (80 Généraux sous les deux mandats d’ATT) commence à changer de physionomie. Le credo du Président IBK est clair : être – au-delà des diplômes – un baroudeur et un républicain. L’influence tchadienne (le culte du combat) est passée par là.

Ce n’est donc pas surprenant que les Colonels Didier Dacko et Aj Gamou – plus présents sur la ligne de front que dans les bureaux de Bamako – aient reçu récemment leurs étoiles de Généraux par décret présidentiel. Même confiance à l’endroit du patron de la Gendarmerie malienne, le Colonel Diamou Keita (un métis de mère allemande) qui garde son commandement, en récompense de l‘attitude loyale et disciplinée que ce corps a affichée durant la tumultueuse Transition.

C’est bien l’heure de la liquidation des vestiges du coup d’Etat de Sanogo. C’est aussi le temps de manœuvres tous azimuts, dans le droit fil de ce que le Président légitime doit faire, c’est-à-dire libérer le Nord du Mali des mains des djihadistes ; et libérer l’enclave de Kati des mains des soudards. A l’ouest, l’opération « SANYA » est couronnée de succès. Au Nord, l’opération SERVAL a plus dispersé que décimé les islamistes d’Aqmi et du Mujao. L’avenir du Mali se présente toujours en pointillé. Notamment au regard de l’agenda brumeux de la France, vis-à-vis de Kidal, qui ulcère IBK.

L’autre illustration des pratiques brumeuses de la France renvoie au choix des ambassadeurs en poste à Bamako, depuis 2010. D’abord, son Excellence Christian Rouyer, un ancien de la place Beauvau (siège du ministère de l’Intérieur). Ensuite, l’actuel titulaire du poste, son Excellence Gilles Huberson réputé proche des services. Jadis, la publicité d’une célèbre marque de chaussures claironnait : « Pas un pas sans Bata ». On pourrait la parodier, en s’exclamant : « Pas un pas sans butter contre une barbouze à Bamako ».
Lundi 28 Octobre 2013
Dakar actu




1.Posté par billu le 27/10/2013 23:48
je me demande souvent d'ou babacar justin ndiaye tire-t-il ses analyses a la va-vite. a peine le gouvernement malien forme il semble en connaitre les moindres details dans les cursus des homes "nouveaux" qui dirigent ce beau paysi. depuis que Ibk a ete elu il etait clair que la seule solution des rebellions au sein de l'armee malienne etait de liquider le general amadou sanogo. alors il fallait revoir les criteres de nomination et surtout recompenser les intelligents. c'est le meme schema qui s'est produit en guinee : dadis camara, ce fou heureux devait etre liquide pour remettre le pays sur les rails. a vouloir toujours etre un expert militaire, babacar tu fais trop de bla-bla. je me rappelles les critiques de jules diop a son endroit : d'ou a-t-il appris les sciences politiques. babacar Justin ndiaye de grace arretes tes analyses farfelues avec ta masturbation intellectuelle. a l'heure ou l'afrique a bien besojn d'unite toute personne qui, se croyant plus instruite et qui fait des analyses comme celles de ce Justin ne fait que jeter de l'huile sur le feu. de grace babacar epargnes-nous encore de tes blah blah. il y a plein de senegalais puis poses et plus au fait de cette actualite mais toi tu es un vrai oiseau de mauvaise augure. a bon entendeur salus

2.Posté par TEEZER A LA CON le 27/10/2013 23:51
thiey pa justin foula nékh feulé ....
teye c est un dimanche à bamako
je vous trouve trop nostalgique des conflits des deux blocs rien qu'en vous lisant cela se sent , la géopolitique a changer et énormément

3.Posté par Mdia le 28/10/2013 06:06
Rappellez-vous de la réaction de Wade face à ce politologue très particulier. de la pédanterie rien d'autre

4.Posté par xeus le 28/10/2013 08:22
Justin parle en connaissance de cause. IL est dé rare analiste kon dément cé alégation. K Dieu bénisse notr JUSTIN. AMEN...

5.Posté par Babacar Justin Ndiaye le 28/10/2013 08:32
Billu
Détrompez-vous ! J'ai plusieurs fois séjourné au Mali. Pendant deux ans j'étais éditorialiste au journal "L'Indépendant" dirigé par mon ami Saouti Aidara. Avec le HCR, j'ai sillonné tout le pays touareg, en compagnie du Béninois Serge Daniel correspondant de RFI à Bamako.; jusqu'au camp des réfugiés de Bassiknou, en Mauritanie. Je connais personnellement et intimement 90% du personnel politique. Je ne suis pas un Cassandre. Je fais un décryptage anticipé et utile qui peut valoir ou dépasser le rapport d'un ambassadeur du Sénégal au Mali. Le ministre Mankeur Ndiaye, un grand connaisseur du Mali, appréciera...

6.Posté par mbaye le 28/10/2013 09:06
ZIGUINCHOR : Pour une victoire de l’APR aux Locales 2014, MAMADOU BARRY prône L’ENTENTE dans le BENNO

Scoopsdeziguinchor.Com : Les élections locales de 2014 se préparent, encore dans la division, à Ziguinchor. Ce qui n’inquiète pourtant pas Mamadou Barry. Le responsable de l’Apr à Peyrissac, un quartier de la commune de Ziguinchor, reste optimiste quant à la victoire de son parti. Ce cadre de banque croit, qu’au moment venu, les responsables se retrouveront et travailleront… dans l’intérêt des populations de Ziguinchor.


Sur le report des locales, M. Barry estime que pour une bonne application de l’acte III de la décentralisation, ce léger décalage est nécessaire. Il va plus loin en demandant « un report d’un an et la mise en place de délégations spéciales ». Car, pour lui, « cette réforme initiée par le Président de la République permettra aux collectivités locales d’avoir plus d’autonomie, au profit des populations sénégalaises ».

Pour une bonne compréhension de cette réforme, « nous avons décidé de tenir tous les weekends, à partir de la deuxième quinzaine du mois de Novembre, des Réunions d’Explication et de Massification (REMas) dans les différents quartiers de Ziguinchor avant d’aller à l’assaut du département pour terminer au niveau de la région », a-t-il annoncé, invitant tout le monde à faire de même dans le pays.
Sur les candidatures de Benoit Sambou, Doudou KA et Courfia Diawara, entre autres, pour la mairie de Ziguinchor, Mamadou Barry affirme que ce sont des ambitions affichées. « Ils travaillent pour le parti et ambitionnent de faire quelque chose de bien pour Ziguinchor. Le moment venu ils vont s’entendre pour le bien du parti, du Président de la République et pour la ville de Ziguinchor », a-t-il soutenu.
Une réunion d’urgence s’impose
« Ziguinchor a ses réalités comme toutes les autres villes du Sénégal. Elle a néanmoins cette particularité d’être une ville cosmopolitique où, pour être maire, il faut s’appuyer sur sa famille politique, sa famille biologique, ses amis, son quartier pour aller à l’assaut du reste de la population », laisse entendre M. Barry. Qui désapprouve la guerre de positionnement, celle des tendances et même les tactiques à « l’armée mexicaine ».
C’est pour cette raison, en prélude des locales et dans le cadre des intérêts de leur parti, M. Barry affirme avoir pris son bâton de pèlerin et interpelé tous les responsables de l’Apr à Ziguinchor sur la nécessité de leur unité. « Il faut impérativement une réunion d’urgence afin de se parler et aller à l’essentiel ; c'est-à-dire organiser le parti au niveau local, le massifier et le rendre attractif », a-t-il prôné.
Aller aux locales avec la coalition
En direction des locales, pour plus d’efficacité et pour maximiser les chances de l’Apr à Ziguinchor, « il faut travailler avec les alliés de Benno Bokk Yaakaar », selon Mamadou Barry… Et vu l’attitude du chef de l’Etat vis-à-vis des alliés, il pense qu’ils doivent aller ensemble aux locales… Mais, précise t-il, « ce sera aux alliés de faciliter la tâche à l’Alliance Pour la République pour un bon dosage des listes ».
Avec un Pds éclaté, Mamadou Barry ne doute pas de la victoire de son parti à Ziguinchor. « L’Apr peut bien gagner les locales mais… nous devrons travailler dans le Benno ». Il invite, en outre, les responsables de l’Apr à taire leurs querelles stériles et travailler à massifier le parti car il serait ingrat vis-à-vis de Macky Sall, qu’à l’annonce des résultats des élections, que l’Apr n’ait pas 60% en Casamance.

7.Posté par Ali le 28/10/2013 09:26
Comité d’initiative pour la Comité de Défense
délocalisation de l’usine Gravita des Intérêts de Sébikotane


Bien conscientes des enjeux environnementaux et des risques engendrés par les batteries mises au rebut, les autorités de beaucoup de pays et villes du monde entier s’évertuent à sensibiliser sur les effets néfastes desdites batteries et organisent leur ramassage et leur collecte en vue d’un retraitement confié à des structures spécialisées et soucieuses du cadre de vie des populations.

Pour éviter le recyclage artisanal du plomb avec ses conséquences relevées notamment à Ngagne Diaw (Thiaroye), il avait été retenu de trouver un site pour un retraitement industriel. La commune de Mbao, à juste raison, n’a pas voulu du projet qui a été subrepticement refilé à Sébikotane, avec l’installation de la société Pagrik Sénégal S.A, filiale de la multinationale indienne Gravita Exim Ltd.

Cette installation s’est faite de manière assez cavalière comme le relève le compte rendu de la réunion tenue le 1er septembre 2009, du Comité technique pour la pré-validation du rapport provisoire d’EIE : Monsieur Diouf de la Direction de l’Environnement et des Etablissements classés (DEEC) a « rappelé à l’assistance que le projet avait fait l’objet d’une étude d’impact environnemental lorsqu’il s’implantait à Mbao où le promoteur a bénéficié d’une autorisation temporaire d’exploitation et de ce fait, il s’agit donc d’une délocalisation du projet dans la zone industrielle de Sébikotane ».

Depuis quand une EIE peut-elle être transposée d’une localité à une autre? Pour mettre en évidence une telle légèreté il nous suffit tout simplement de rappeler que l’usine Gravita, appelé « Gravité » par les populations, est implantée dans le voisinage immédiat des quartiers Kip kip, Dougar et Yam, l’hôpital pédiatrique de Diamniadio fonctionnel actuellement mais à l’époque en construction, un projet de logements sociaux, de nombreux vergers ; des maraichages, etc. Il s’y ajoute que le site de l’usine se situe à la confluence des eaux de ruissellement qui vont alimenter le bassin de rétention de Dougar et le lac Panthiour à Yène, avant de se jeter à la mer.

Lors de la réunion susmentionnée du Comité technique, il a été formulé des questions d’éclaircissement et des recommandations.
Les douze (12) questions d’éclaircissement les plus importantes n’ont pas trouvé de réponse, il s’agit notamment de la protection des arbres fruitiers contre les risques de contamination au plomb, le traitement des eaux souillées par le plomb, le traitement des acides contenus dans les batteries ou produite lors des opérations de fabrication, le traitement des déchets provenant des batteries déjà exploitées.

L’essentiel des vingt deux (22) recommandations sont restées lettres mortes. Il s’agit entre autres de :
- Les non conformités d’exploitation décelées à Mbao ne doivent pas se reproduire à Sébikotane ;
- La mise en place d’un plan de suivi environnemental ;
- Faire l’étude du danger ;
- Revoir le plan de gestion environnemental ;
- Consulter les autres acteurs ;
- La compatibilité avec les autres activités du voisinage est à faire ;
- La description de l’état initial devrait être faite en ce qui concerne la qualité de l’air ;
- La gestion des électrolytes est à prendre en compte dans l’étude ;
- La surveillance médicale du personnel est à prévoir ;
- l’impact de la proximité avec les plantations de mangues est à prendre en compte ;
- Il fau prévoir la mesure des dioxines et des furanes dans le suivi environnemental ;
- Etc.
Ceci permet de dire que l’EIE, première condition pour autoriser l’installation d’une telle usine, classée dans la catégorie des activités industrielles de type 1, selon l’article 13 du Code de l’Environnement, n’est pas satisfaisante.

Les trois autres conditions ne le sont pas, non plus. Il s’agit de :
- L’implication des populations de la zone de localisation du projet ;
- L’obtention de l’agrément notifié aux autorités locales ;
- La délivrance de l’arrêté ministériel autorisant le démarrage des activités sur la foi d’une EIE préalablement validée par les services compétents.

Les populations de Sébikotane, lors des réunions et par voie épistolaire, ont clairement signifié aux autorités qu’elles ne veulent pas de cette usine dans leur voisinage. Sous l’initiative du Comité de Défense des Intérêts de Sébikotane (CDIS), elles ont tenu plusieurs réunions et un forum, le 5 février 2011, sur l’implantation de l’usine Pagrik/Gravita. Cette rencontre a enregistré la présence d’une délégation du conseil municipal, des délégués de quartiers, des imams et autorités religieuses locales, des groupements féminins, des ASC, de l’Amicale des étudiants et élèves de Sébikotane, des Organisations communautaires de base, des travailleurs de l’usine PAGRIK, du Président de la Communauté rurale de Mont Rolland, des représentants du quartier Ngagne Diaw de Thiaroye –sur-mer, de la présidente du Mouvement pour le Développement de l’Information et de l’Education des Consommateurs (MODIEC), etc.

Au cours de cette rencontre valablement représentative de toute la population, le doigt a été mis sur l’absence de délibération du Conseil municipal qui n’a pas non plus instruit une demande de permis de construire ni reçu du promoteur un dossier d’exécution des travaux, un détournement d’objectif car la zone d’implantation était préalablement destinée à des usines de transformation de produits de l’agriculture et le terrain attribué à une unité de production de fer à béton, le manque d’information des travailleurs sur les risques qu’ils encourent.
Tous ont donc fustigé l’implantation de cette « usine de la mort » et demandé sa délocalisation.
Un mémorandum a été élaboré et transmis aux autorités communales et au Ministère de l’Environnement.

Que dire de nos décideurs qui ont autorisé à Sébikotane cette entreprise qui procède à la récupération et au traitement des batteries usagées, au mépris de règles élémentaires de préservation de l’environnement et de la vie des populations et des travailleurs telles que édictées par une Convention sur les déchets dangereux et les recommandations des structures de l’Etat qui ont procédé à des visites de contrôle du site ?

En considération de ce qui précède, on peut dire que l’attestation signée le 12 Août 2010 par Monsieur Cheikh Ndiaye SYLLA, Directeur de l’Environnement et des Etablissements classés à l’époque, ne se fonde sur aucun élément de droit. Monsieur SYLLA n’aurait jamais autorisé l’implantation d’une pareille usine dans son quartier, il ne laisserait pas non plus ses enfants inhaler la poussière de plomb.
A t- il pris la mesure de fermeture de Gravita pour non respect manifeste des dispositions prévues dans une EIE en règle et notamment l’absence de Plan de gestion environnemental ? Peut-être que Gravita est au dessus de la Convention de Bâle, des lois et règlements de notre pays et des recommandations des services techniques du gouvernement du Sénégal !!!
Tout le monde sait que les batteries usagées des automobiles, classées parmi les déchets dangereux à retraitement obligatoire et strictement réglementé, contiennent du plomb (70%), du plastique et de l’acide sulfurique. Elles provoquent une pollution de l’air, des sols et des eaux. Le plomb est absorbé par des organismes vivants, donc introduit dans la chaîne alimentaire. L’absorption se fait aussi par voie respiratoire. Le plomb inhalé s'accumule dans les os mais affecte aussi le système nerveux, les reins et le sang, entrainant des maladies graves telles que cancers, pneumonies, maladies cardiaques, gouttes ; empoisonnements, retard mental, des nuisances sur les fœtus et les mammifères en général, la volaille,
Les enfants sont les plus vulnérables aux intoxications au plomb qui risquent de leur causer des dommages neuropsychiques permanents.
Une plombémie prolongée entraîne chez le patient convulsions, coma, délire et mort.

L’usine GRAVITA ne dispose pas de filtre et émet des rejets toxiques dans l’air dans des conditions artisanales de production. Elle viole en plus la Convention de Bâle sur les déchets dangereux qui exige expressément des industriels du secteur que « le traitement et le stockage soient effectués sur une surface imperméable qui résiste aux intempéries ou dans des conteneurs étanches prévus à cet effet et d'extraire tous les fluides liquides et acides ».
Pouvait-on en attendre autre chose si l’on sait que Monsieur Klaus Töpfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'Environnement, sous les auspices duquel la Convention de Bâle a été adoptée, avait averti que "Le recyclage des batteries au plomb est une des plus graves sources de dangers potentiels, en particulier pour les ouvriers du secteur informel qui s'en chargent dans de nombreux pays en développement. Pour que ce recyclage se fasse de façon sûre, il faut respecter strictement des normes écologiques et professionnelles que ne peuvent assurer que quelques entreprises spécialisées et il n'y en a guère dans les pays en développement".

Gravita n’a cure de tout cela et nargue même la DEEC qui lui avait délivré indûment une attestation. En effet, la Direction de la Protection civile, dans son « Rapport 2011 sur l’état de la protection civile au Sénégal. Prévention des risques et gestion des catastrophes : montée en puissance vers la résilience », révèle qu’à la suite d’une première visite, effectuée le mardi 12 avril 2011 à l’usine Gravita, en compagnie de l’Inspection régionale du Travail et la Division régionale de l’Environnement et des Etablissements classés (DEEC), le procès-verbal n°95/PREF/GNSP/CSR/CONF du 05 mai 2011, a retenu les risques majeurs ci-dessous :
- Risques d’éclosion d’incendie ;
- Risques de développement dus au mauvais stockage des déchets plastiques souillés de plomb ;
- Risques de propagation qui résultent du défaut d’isolement intérieur, de la proximité des différents locaux et de l’émission de poussière de plomb ;
- Risques sur les personnes liés à l’absence de masques, de bottes, de certificats médicaux pour le personnel et d’un comité d’hygiène et de salubrité.
Sur les trente neuf (39) prescriptions formulées par la Commission et dont l’exécution doit se faire avant la prochaine mission de contrôle, le mercredi 05 octobre 2011, seules dix (10) ont été entièrement réalisées.
La Commission « a remarqué que les recommandations fondamentales, ayant trait à la sécurité, à la prise en charge sociale des travailleurs, à la protection des personnes ainsi que de l’environnement n’ont pas été respectées.
Après la visite, la séance de débriefing tenue avec tous les experts présents a permis de rappeler que les déchets rejetés par l’usine ont des conséquences dangereuses pour la santé des personnes et la protection de l’environnement.
Ils ont un effet corrosif sur certains organes et que leur accumulation au sein de l’organisme peut déclencher des maladies graves. Cette pollution touche non seulement les travailleurs mais aussi les populations environnantes qui ont été associées à la visite.
En effet, selon le Président du Comité pour la délocalisation de l’usine, des démarches ont été menées auprès de toutes les autorités afin que l’usine soit déplacée. Les populations de Dougar et Sébikotane sont obligées de fermer leurs portes la nuit et, malgré tout, elles inhalent les résidus de plomb.
Les nuisances causées par l’usine ne se limitent pas aux populations mais touchent également le cheptel. Or, un élevage intensif de type moderne est en train de se développer dans la localité et il y a des risques de contamination des milliers de poulets de chair qui sont élevés à quelques centaines de mètres de l’établissement.
Les effets néfastes de l’usine pourraient également affecter l’hôpital pédiatrique qui se trouve à proximité. Enfin, si le rythme d’urbanisation dans la zone se maintient, dans quelques années, l’établissement sera entouré d’habitations.
En conclusion, la Commission auxiliaire a préconisé la délocalisation de l’usine de recyclage de batterie GRAVITA dans un site plus approprié pour protéger les populations, l’environnement et permettre à la zone industrielle de garder son attractivité. ».

Aucune suite n’ayant été donnée à ces recommandations, l’usine de la mort continue à fonctionner, de mettre en danger toute la population locale.

Une étude portant « Impact du recyclage des batteries de véhicules sur la santé humaine et l’environnement : étude pilote effectuée sur des femmes de Sébikotane et des mécaniciens de Diamniadio » a fait état de prélèvements sur des échantillons d’air et de sol qui ont donné les résultats suivants : « Les teneurs atmosphériques de plomb à Sébikotane, site plus contaminé que le site de Diamniadio, sont de 13,6µg/m3 et celles du sol de 123812mg/kg de sol.
Les résultats biologiques obtenus ont relevé une plombémie moyenne de 152,33± 33,36 µ/L chez les non exposés et de 627,15± 193,67µg/L chez les exposés, sujets pour lesquels la valeur dépasse nettement la norme de 300 µg/L fixée pour les professionnels.
Les taux de PPZ (13,63± 9,29µg/g Hb) et d’Ala urinaire (11,16± 8,74 mg/g de créatine) ont mis en évidence le degré d’imprégnation des mécaniciens et des femmes récupératrices de plomb ».

Ce que les sénégalais ne savent pas et qui est effarent, c’est que les effets mortels de cette usine ne nuisent pas aux seuls habitants de la localité : tout le Sénégal est menacé !
En effet, nous avons relevé dans « Approche participative dans la gestion intégrée des ressources en eau de la zone des Niayes (de Dakar à Saint- Louis) » de Moussa Camara par Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2010 - que la nappe du paléocène situé à l'est du Horst de Ndiass, à l'Ouest de Tanma et dans les régions de Thiès et Fatick avec une potentialité de 68000m3/jour, a « Son réservoir est très productif dans le compartiment de Pout et de Sébikotane avec des débits d'exploitations pouvant atteindre 200 à 400m3/heure dans la zone de Sébikotane. Sa transmissivité est variable et est de 10-3m2/s à 10 m2/s selon le degré de karstification. Elle est comprise entre 7,8 x 10-3 m2/s à 3,1 x 10-2m2/s dans le compartiment de Sébikotane.
L'exploitation de la nappe au niveau du horst de Ndiass se fait essentiellement dans les compartiments de Pout et Sébikotane. La nappe du paléocène est alimentée dans le secteur de Sébikotane par les eaux de la nappe maastrichtienne profonde ».
L’auteur de ces recherches évoque plus loin une baisse de température « après la saison des pluies qui peut s'expliquer par une infiltration des eaux de pluies. ». C’est dire que les eaux de pluies qui tombent sur le sol contaminé de Sébikotane pénètrent dans la nappe !!! Nous avons relevé dans cette étude que « cette nappe couvre 4/5 du territoire sénégalais »!!!!

Savoir qu’une usine de retraitement de batteries usagées comme GRAVITA, installée à cinq cent mètres d’un hôpital pédiatrique et tout près d’habitations, avec des effets directs et indirects sur les différentes composantes de l’environnement comme l’air, l’eau, les sols, la végétation, la faune et la flore, les habitants et leurs collectivités, etc. et ne rien faire, c’est accepter avec fatalisme un GENOCIDE MASSIF.
A l’évidence avec ce « Tchernobyl » local, nous sommes en présence d’une entreprise couverte par une main invisible qui a sûrement intérêt à la chose. Le nôtre, c’est la délocalisation de cette usine. Notre objectif est en parfaite intelligence avec le droit de vivre dans un environnement sain, droit consacré par l’article 8 de notre constitution.

Malgré les manifestations des jeunes de la localité, l’usine GRAVITA et ses soutiens inconscients et cupides comptent sur le « masla », l’ignorance et l’inertie des populations car elle n’a trouvé comme parade que d’offrir à la mosquée du quartier Kipkip deux (02) ventilateurs plafonniers. Ces procédés éculés de colons qui distribuaient des bonbons pour se donner bonne conscience ou rire de la naïveté des populations locales sont non seulement révoltants mais révélateurs d’un mépris inacceptable.
Pour le moment, la lutte contre « Gravité » revêt une forme légale mais la jeunesse de la localité se refuse à ce qu’elle considère comme de la mollesse des aînés.
Jusqu’à quand notre pondération et notre esprit de responsabilité pourront contenir cette colère légitime ? Attention ! Que la digue ne saute pas……

Fait à Sébikotane Septembre 2013

8.Posté par Baye le 28/10/2013 12:03
(y)

9.Posté par SENENMUT le 28/10/2013 12:29
Oh JUSTIN pourquoi répondre à ce BILLU. C'est lui donner de l'importance.

10.Posté par Doudou le 28/10/2013 13:00
Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il faut avouer que Babacar Justin est bien renseigné, et il est une véritable encyclopédie. Pour ce qui concerne ses analyses, ...

11.Posté par toure le 28/10/2013 14:46
Babacar justin ndiaye est un vrai rigolo . Rien de tout ce qu'il raconte n'est vrai . Comment peut-il être mieux informé que nous autres au coeur des opérations connaissant tous les acteurs . D'où tient-il les anneris qu'il balance aux lecteurs . Une fois , il racontait la main sur le coran que Dadis Camara était à Bamako pendant j'étais moi même au téléphone avec lui depuis le Burkina . Grand Babacar , arrêtes tes conneries et verifie l'info et la credibilité de tes sources avant de publier . Sois plus professionnel tout de même. A toi de voir , mais y'a toujours des cons qui continueront à te lire . C'est pas serieux pour un journaliste de ta trempe

12.Posté par OUI-OUI le 29/10/2013 14:31
Analyse très pertinente BJN. Je vous fais une confidence: un condisciple de l'Université de Dakar qui fréquente la cour présidentielle m'avait fait une révélation qui recoupe la plupart des informations contenues dans votre article. En effet, il m'avait dit que la promotion de Sanogo a mis dans une colère noire IBK qui a sorti ces paroles lourdes de menace en Bambara. Ce bilakoro de Kati, je vais le circoncire sans délai. Dionkounda, m'a déçu...C'est un vrai DION qui a peur de ces" lacrous" de KATI. Qui vivra verra....Cela recoupe ce qui vient de se passer et ce qui se trame à Bamako.
Bravo BJN, Félicitations

13.Posté par VERITE le 31/10/2013 21:47
Parfois c'est rigolo et agaçant. BJN fait des analyses d'une rare pertinence avec un francais clair . estimons nous heureux davoir un politologue de cette trempe. Ya des critiques dans le forum ki nont aucun fondement si ce n' est juste que pour critiquer . lanalyse kil fait de la situation du mali est très pertinente .
POUR LES SCEPTIQUES CONSULTER LE SITE MALIACTU VOUS AUREZ PLUS DE DETAILS;
arrétons de dénigrer pour dénigrer ca na pas de sens. celui ki a des contributions à faire sur le sujet il peut toujours envoyer son texte à la rédaction de DAKARACTU. on verra bien ce ke cela va donner;
Ceux qui pensent que c'est donner à tout le monde d'avoir une plume aussi facile et des analyses aussi claires vous vous trompez. les gars.



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