La socialité de la richesse et du vol

enrichissement illicite: La socialité de la richesse et du vol


La socialité de la richesse et du vol
La richesse, c’est ce que « tout le monde » cherche. Le vol - comme subtilisation du bien d’autrui ou du bien public sans le consentement du propriétaire - c’est ce que « tout le monde » condamne. Cet acte se reproduit à tel enseigne qu’il s’assimilerait à la nature humaine. Celui-ci existe grâce aux institutions qui émanent de la pensée et qui se matérialisent par l’agrément collectif -quoique décrié pour sa relativité. En effet, la rationalité collective n’existe pas puisque tout le monde ne peut pas avoir des sentiments et des choix identiques. Il s’agit ici d’un fait de la divergence des rationalités individuelles. Ainsi, il est question pour l’objectivité scientifique de considérer qu’il peut y avoir plusieurs façons de concevoir le vol, selon les rationalités en jeu, de l’accepter ou de le condamner. Qu’est ce qui lie le voleur, l’usurier et le braqueur ?
Force est de préciser que la société actuelle, dans ses institutions normatives qui ont une pensée collective, est partagée entre une loi codifiée d’inspiration formelle et occidentale et des règles non codifiées où logent des morales socio culturelles souvent d’inspiration traditionnelle. De ce point de vue, l’on peut noter quelques stéréotypes normatifs, notamment le légal, le licite et le socialement légitime, qui ne sont pas forcément homogènes. Autrement dit, la loi peut condamner un acte alors que celui-ci est perçu comme légitime par la société.
Il est clair qu’à l’instar de la prostitution, le vol est socialement reprouvé. Mais il peut devenir un fait complexe dans la mesure où il peut contenir des motivations pouvant être socialement légitimées. Nous pouvons citer, entre autres, les cas du voleur volé, du voleur redistributeur et du vol par instinct de survie. L’acte reste illégal car criminalisé au fait et à la mesure du dommage affectif causé. En effet, les sentiments sont mis à l’épreuve lorsque l’humain est, sans son aval, voire de force ou par subreptice séparé de son bien légitimement acquis.
Les tentatives et faits de vol, pour éviter la résistance souvent violente, se font, en général, moins au vu et au su de tous. Dans la vie courante, ils sont commis subrepticement. L’émotion et la violence qui caractérisent la réaction de la victime s’exprime toujours, de suite, sous des formes diverses. La subrogation de la chose volée, c’est à dire sa substitution par une autre chose n’élimine pas l’émotivité chez la victime. En définitive, un certain volume affectif est toujours bouleversé par un acte dit de vol. A ce propos, l’institution légale, qui a parmi ses possibles l’autorité d’inculpation et de pénalisation, se substitut à la plainte de la victime pour prendre en charge son dédommagement, selon les formes qu’exigera cette dernière.
Au-delà des dégâts affectifs qu’entraine l’acte en tant que tel, il est également important de s’attarder sur l’usage du bien volé qui peut répondre parfois de certaines configurations socio-traditionnelles.
La fonction sociale du vol
Dans tous les types sociaux, le vol est condamné puisqu’il entraine animosité et conflit entre les parties en situation, c'est-à-dire entre le subtilisateur et le propriétaire dépourvu.
Pour interroger sa fonction sociale, il faut d’abord interroger le lien qui a toujours lié le vol à la richesse, c'est-à-dire au désir d’acquisition. Ce qui nous amène à parler d’économie. Mais, ensuite, il va falloir interroger le rôle de la société dans ce qu’elle offre comme valeurs ou contraintes destinées respectivement à tolérer ou à condamner le vol.
- Dans la socialité traditionnelle
L’économie de pillage, qu’ont connu les sociétés traditionnelles et qui s’appuyait sur une organisation guerrière peut être appréhendée comme une économie de vol, dans la mesure où elle consiste à une activité de poursuite de richesses portée par une organisation intrinsèque et, par conséquent, connue de tous. Le capitalisme aventurier antérieur au capitalisme commercial, les pirates des mers et les bandits de la forêt, parmi lesquels on cite le fameux Robin des bois observés dans l’histoire du monde occidental, sont des faits de l’économie de vol voire de pillage. Aujourd’hui, encore en Afrique, on compte les pirates somaliens, ceux des eaux du golf de Guinée et les bandits du désert qui se confondent par stratégie de dissimulation ou de camouflage au terrorisme islamiste.
Dans l’histoire du Sénégal précisément du royaume du Walo, les raids de pillage des maures Trarza témoignaient de cette forme d’activité de vol, laquelle a été, d’ailleurs, à l’origine du suicide collectif des femmes de Nder. Ce type d’économie, dans les périodes correspondantes à l’antiquité et au moyen âge, se spécialise d’une part dans la stratégie de pillage pour créer la reddition de la résistance spontanée des populations envahies puis leur soumission, et d’autre part dans le vol d’objets de valeur mais aussi d’êtres humains, qui selon les tâches à exécuter devaient servir comme esclave et plus tard comme servant.
Si une économie de pillage est observé dans les activités sociales, est-il une société de pillage voire de pilleurs ?
D’emblée, il importe de dire que c’est un fait rare. Il s’agirait pour appuyer ce constat de déceler une société où le vol est érigé en valeur. De ce point de vue, dans une telle société, tout le monde doit être pilleur et voleur. Si on ne l’est pas, il faut chercher à l’être pour demeurer en phase avec le modèle social dominant. Il est impossible, alors, d’attribuer cette qualité à un type social sans organisation, irénique ou sans règles comme le cas de la horde. Il faut, de ce point de vue, une conscience sociale qui permettrait d’ériger le pillage et le vol en idéal type dans une société donnée. Par contre, il est possible de s’approprier de la conscience de groupe, en termes de règles et de cohésion interne, dès l’avènement de la communauté villageoise.
Si nous disons qu’il s’agit d’un fait rare, cela ne veut pas dire qu’il n’en existe pas. Il en existe, en effet. L’observation du phénomène de pillage et de vol dans le temps et l’espace n’en révèle pas des cas fréquents mais des cas exceptionnels, socialement institutionnalisés donc acceptés. D’abord le vol organisé est toujours commis à l’extérieur de la société d’appartenance comme le cas des maures Trarza, à l’époque précoloniale du Sénégal, ou des pirates et des bandits des forêts et des déserts observés dans l’histoire du monde occidental et que l’on prélèverait encore dans certaines parties du continent africain. En revanche, au Sénégal à l’époque du Walo, terreau de la civilisation wolof, il était pratiqué, exceptionnellement de manière intravertie en guise d’activité ludique à l’instar du faux lion, ce que l’on appelle le Moyal qui consistait au pillage et vol de biens de commerce des gens libres, sous le couvert et la complicité du roi. Les biens acquis à la suite du forfait étaient présentés au monarque qui se servait d’abord avant de laisser à ses sujets le reste. Les biens volés n’étaient pas rendus à leur propriétaire. Ce qui constitue un vol dans l’acception actuelle. Il n’y avait aucune qualité criminelle pour le Moyal . Il suffisait simplement pour les commerçants ciblés de se prémunir d’une éventuelle campagne que seul était en mesure de décrété le roi. Avec le déclin du Walo, au profit du transfert de valeurs au Djolof, beaucoup de référents sociaux en l’occurrence le Moyal n’ont pas été reproduits. Toujours dans les sociétés traditionnelles du Sénégal des vols sont commis avec un art dont les membres d’une société donnée sont les seuls à en maitriser la technicité. Cela témoigne d’une responsabilité sociale du groupe d’appartenance dans l’acte de vol. Par exemple, le creusage de tunnels clandestins communiquant avec l’enceinte d’un domicile - qui est en général une case, souvent un peu amélioré - ciblé pour y accéder et commettre le vol. Cette pratique, enrôlée techniquement par un mysticisme, est souvent observée chez certaines sociétés du sud du pays, en dehors des relations de plaisanterie - lesquelles peuvent aider à vérifier les faits mais aussi à divulguer de fausses pistes de recherche. Aujourd’hui, avec la sanction de la totalité sociale, soutenue par la coercition de la loi républicaine, cette pratique se raréfie.
Un autre cas est aussi intéressant. Il s’agit du vol du bétail. On retrouve cette activité dans toutes les parties du pays avec comme acteurs les sociétés présentent de prés ou de loin dans l’élevage bovine. La population carcérale existante en relation avec ce phénomène de vol de bétail témoigne de l’implication de groupes sociaux donnés.
Les formes de pillage et de vol précitées ne sont pas des actes isolés, nés de la pulsion spontanée d’individualité. En effet, elles ont un ancrage social. Une fois tolérées, elles sont institutionnalisées dans le groupe et les membres plus enclins voire disposés- en termes de ressources physiques et cognitives - s’organisent pour en maitriser la technique et la pratique.
- Le capitalisme assimilé au vol par le marxisme

Proudhon, marxiste qui à la suite de son interprétation des rapports entre les propriétaires des moyens de production et la force productive – schéma que lui a légué Karl Marx- en a convenu dans son œuvre Théorie de la propriété à un vol inéluctable des entrepreneurs (P.J. Prudhon 1863-64). Pour les marxistes, les entrepreneurs font travailler plus leurs travailleurs et accumulent plus que ce qu’il leur faudrait en réalité. Les salaires distribués ne servent qu’à reproduire la force de travail de l’ouvrier voire du travailleur en général. Dans ce courant de pensée des relations économiques, il s’agit non pas d’un rapport « travail et valeur » entre « patron et travailleur » mais d’un rapport « surtravail et survaleur ». Ce qui fait dire aux marxistes qu’il y a exploitation, par extension vol de la part des patrons. Seulement, le marxisme ne préconise que la lutte pour corriger ce déséquilibre socio économique. K.Marx était bien connu pour son engagement syndicaliste de son vivant. Ce qui lui a valu d’énormes sacrifices sociaux. Encore aujourd’hui, le syndicalisme continu à travers le monde à jouer un rôle prépondérant comme modèle de lutte pour les intérêts des travailleurs. Seulement, il peut être à l’origine de violence et d’improductivité regrettables pour l’économie et la stabilité sociale. Ce qui nous pousse souvent à pointer un doigt accusateur vers l’œuvre de K Marx, quoique vénérable.
Mais en définitive, si le sentiment de vol existe depuis l’avènement de la société industrielle contre les unités de grande production, il est de la responsabilité de l’institution Etat d’améliorer les conditions de production et de vie des travailleurs. Si nous convenons que le marxisme est un bon moyen de découverte de la qualité empirique de l’ordre social, le communisme n’est pas le modèle de voie rectificatif. Celui ci a montré ses limites. Il suffit simplement de prélever dans le capitalisme les bons germes d’une socialité faite d’équilibre entre les relations des individus et leurs intérêts que l’on doit toujours appréhender sous l’angle de leur divergence. Tant mieux, s’ils sont homogènes. L’expertise de la science économique seule souffrirait à réaliser ce passage.


La fonction sociale de l’argent et du travail : Le vol des cols blancs, une conséquence de la mort du travail.
- L’argent
L’argent est de la valeur fondée sur une utilité sociale. S’il ne peut aider à la profitabilité économique et sociale tant poursuivie par l’individu, il ne sert pas à grand-chose.
Si, son intérêt est aussi fort, c’est parce qu’il détient effectivement un enjeu social, historique et d’avenir. Il s’agit d’un moyen de participation sociale et par extension de réussite sociale. Les membres de la société traditionnelle voient, certes, dans cet instrument une opportunité économique. En revanche, ils insistent surtout sur l’utilité qu’il peut avoir sur le relationnel. Tant que l’argent sert à reproduire les relations interpersonnelles, il a un sens pour l’esprit traditionnel. L’échec social de l’argent est possible dans le cas ou le principe précité n’est pas respecté. Cette situation entraine l’échec de l’individu porteur qui va être confronté à la sanction sociale.
Cette mécanique traditionnelle connait des survivances en société industrielle, laquelle, en dépit de son hostilité qui l’a amené à criminaliser ou à informaliser cette pratique et à l’assimiler au gaspillage, est parvenue à travers l’encadrement des opportunismes capitalistes à tolérer et à inciter, dans les limites de la loi, l’économie solidaire formellement organisée et la construction des réseaux voire du capital social.
La gouvernance politique et les mécanismes du marché relatifs à la poursuite et à la distribution des richesses permettent ces libertés. La rationalité formelle établie un tableau coercitif de distinction et de caractérisation des actes dits de crime comme le vol et la corruption.
Dans les cultures negro africaines, plus précisément sénégalaise, l’argent est utilisé par l’individu en faveur de son entourage social et de sa réputation auprès des autres. « Am nit mo gen am xalis » est une assertion wolof extraite de l’imaginaire collective traditionnelle qui met la préférence sur la capitalisation humaine au détriment d’une capitalisation monétaire. Le capital social est comparé et préféré à l’argent. « xalis moy fac gacce » : littéralement, cette expression encore wolof, propre à la conscience sociale, traduit le fait que l’argent est une médication pour la honte. Autrement dit, l’argent permet à l’individu d’être épargné de la sanction sociale.
Dans le cadre du travail, l’argent se présente sous forme de salaire pour les travailleurs ou de revenu pour les entrepreneurs et commerçants. C’est à travers les marchés des biens et services, les marchés du travail et les marchés financiers que l’argent – qui est salaire, revenu, rente ou profit - est acquis au terme d’une activité de travail. Mais qu’en serait-il du type d’accumulation monétaire, si le travail n’est plus le seul moyen d’accès à l’argent ?
- Le travail
Les sociétés traditionnelles comme modernes valorisent le travail. C’est la rationalité qui diffère dans les formes qu’elle prend d’un type social à un autre. Dans les premières socialités précitées, la paresse est combattue et l’engagement au travail est positivement sanctionné. L’occident, plus préoccupé par son organisation du travail, critique le faible niveau de productivité des sociétés traditionnelles. La différence entre la traditionalité locale et la modernité occidentale est moins une question de paresse qu’un problème de rationalité qui débouche, bien entendu, sur le fait technologique, origine de la fracture entre ces deux pôles.
Aujourd’hui, dans toutes les économies avancées ou en phase de développement, émergentes ou en émergence, il est posé la problématique de la « mort du travail » à la suite de la tertiairisation de l’économie qui s’est faite sur la base d’un grand développement de l’activité des services.
L’accumulation de valeurs pour ne pas dire de richesses sans production au préalable de travail est socialement condamnée. D’ailleurs, la loi s’y est mise pour pénaliser des cas apparents après l’administration de la preuve de l’illicite.
Mais aussi dans un cadre règlementé notamment le marché financier les revenus passifs c’est-à-dire ceux qui s’obtiennent sans travail, sont tolérés. Il suffit simplement de faire des placements financiers, voire boursiers en particulier, pour acquérir de l’argent et probablement s’enrichir. Il est maintenant connu que les marchés financiers sont à l’ origine des dégâts sociaux et économiques dans les pays modernes dans lesquels on applique de grandes impositions fiscales sur les gros revenus et une meilleure règlementation du secteur. Concernant le Sénégal, l’exemple du secteur immobilier est intéressant. Il est jugé par les entrepreneurs comme sécurisant et rentable à 100%. En effet, il s’agit plus dans ce secteur de manipulations financières que de production d’un travail régulier pour l’entrepreneur. Les politiques en place doivent suivre le professeur et politicien Iba Der Thiam dans son insistance pour la réglementation des prix du logement dans le pays. Cela serait déjà un bon début pour rationaliser l’immobilier. L’enrichissement ici est légal et licite. Mais les opportunismes d’accumulation qui y règnent ne vont ni dans le sens d’accomplir la valeur du travail, ni de satisfaire le front social érigé en fonction du niveau socio économique du Sénégal.
Si le travail se meurt dans la société industrielle face à l’avènement croissant de l’argent n’y aurait-il pas de place à la subtilité, au calcul financier, à la manipulation, à la corruption, voire au vol ? Le vol des cols blancs est une des conséquences de la mort progressive du travail.

Le rôle de la redistribution sociale des richesses
Dans une société organisée par un Etat moderne, le rôle de la redistribution sociale des richesses incombe aux pouvoirs publics mais aussi aux organisations économiques qui s’engagent dans le marché du travail.
Si nous abordons cet aspect de la redistribution des richesses, c’est que l’usage des biens volés peut emprunter des canaux licites et socialement légitimés pour favoriser à leur cause le consentement social, lequel selon les sociétés peut impacter sur les décisions pénales ou civiles.
Nous rappelons encore que dans la traditionalité locale, l’argent sert non seulement à son propriétaire dans son échelle personnelle de besoins à satisfaire mais aussi à construire et à entretenir un capital social constitué, entres autres, de proches de la famille, d’amis, de gens de la communauté d’appartenance. Ici l’individu est obligé, pour échapper à la sanction, de se soumettre à cette mécanique sociale. Il est aussi confronté à un besoin d’appartenance, d’estime et de reconnaissance sociale ( A.Maslow, 1959). Il y a une obligation de donner lorsqu’on est pourvu du minimum de richesses. On retrouve, dans la plupart des cultures négro africaines, le même principe. Les fonctionnaires et commerçants, entre autres, sont soumis à ce modèle redistributif. A cet effet, si l’individu propriétaire est un acteur politique, il procède du même mécanisme pour détenir un capital social politiquement orienté. Ces derniers, d’ailleurs, sont prêts à tout pour atteindre cette finalité qui leur est décisive en processus électoral.
Le devoir social est acquis, dès lors que les institutions traditionnelles sont reproduites grâce à l’argent distribué chez les siens. En récompense, l’individu détenteur du capital économique reçoit la bénédiction sociale. Il est ainsi protégé. La société sénégalaise à une capacité de récupération qui se met en mouvement dès l’instant que les leviers socio culturels budgétivores sont enclenchés sur la base de la générosité du donneur. A côté de l’obligation de donner, il y a une obligation de recevoir (M.Mauss, 1925). Il y a une forme de gratitude de la société lorsqu’elle reçoit. En effet, elle est appelée à louer, par la suite, les qualités du donneur. Les hommes politiques - qui sont des membres à part entière de la société - profitent de ces référents sociaux.
Toutefois, de nos jours, ceux qui reçoivent développent une conscience citoyenne en s’accordant personnellement avec les enjeux de l’intérêt public. Le niveau de paupérisation y aidant. On s’interroge, de plus en plus, sur l’origine des richesses reçues, surtout lorsqu’il s’agit de sources politiciennes.
L’émergence de la société de l’information contribue à sensibiliser sur le détournement de deniers publics de hauts fonctionnaires ou de responsables politiques et met en garde contre la corruption. Le comportement des masses médias notamment les TIC (techniques d’information et de communication) est révélateur de ce point de vue. Toutefois, cela n’annihile pas les obligations sociales de donner et de recevoir. Les gens pourvus, qu’importe l’origine de leurs richesses, continuent à donner. Ceux qui sont en phase de recevoir persistent dans la réception de dons, souvent monétaires. Mais le phénomène qui est observé surtout dans le cadre politique notamment des élections, c’est une compromission de l’obligation de rendre. Cela constitue une atteinte à l’esprit traditionnel, lequel impose la valeur du Ngor. Celle-ci s’effrite, de plus en plus, dans les rapports politiques. Il s’agirait d’une stratégie politicienne souvent dépourvue de scrupule qui a pris une amplitude sociale ou d’une simple prise de conscience citoyenne qui ne veut plus, désormais, assimiler égoïsme personnel et intérêt public.
Les faits électoraux de ces dernières années ont montré que les électeurs ont accepté de l’argent d’hommes politiques sans voter à leur faveur par la suite. Aujourd’hui, il faut payer pour avoir une mobilisation de soutien politique. Les rassemblements les mieux réussis sont ceux où les politiques ont payé pour motiver le grand militantisme de masse.
L’argent est très important dans la société actuelle. Le niveau de pauvreté le rend encore plus incontournable. Néanmoins, le vol et la malhonnêteté sont fortement condamnés. La générosité est positivement sanctionnée. Certaines individualités en profitent en faisant acte de générosité et souvent sous la couverture citoyenne. Les acteurs politiques, en phase préélectorale, dominent dans cette façon de faire.
Les fonctionnaires ou hommes politiques en situation d’enrichissement illicite recourent à ce procédé redistributif des ressources afin de bénéficier du consentement social à travers le soutien social, même s’il s’agit d’un groupe d’individu bien restreint comparé à la taille de la population du pays.
Face à un Etat qui s’élève contre les biens mal acquis, selon la rationalité formelle légale, les institutions sociales traditionnelles peuvent en souffrir et craindre pour leur anéantissement. Mais vu l’ampleur des dégâts causés par la corruption et le niveau de vie actuel des populations en général, elles peuvent se soumettre à l’autorité moderne, voire républicaine, nonobstant les faits de distribution sociale posés par tout probable déviant socio-légal interpellé pour vol.
En conséquence, le pouvoir exécutif est appelé à fournir les moyens de la reproduction des institutions traditionnelles non pas par des ressources illicitement gagnées à travers une redistribution sociale par des individualités véreuses mais en améliorant le niveau de vie des populations par les marchés et les politiques publiques actives de redistribution formelle légale. Le développement économique et social d’un pays ne se construit pas à partir de l’enrichissement illicite, peu importe s’il emprunte le couloir de la redistribution traditionnelle pour se légitimer et se dédouaner socialement.
L’Etat doit prendre ses responsabilités face à de pareils opportunismes mais aussi face aux attentes populaires.


Samedi 2 Février 2013
Dr. Pascal OUDIANE Sociologue de l’Economique, des Organisat




1.Posté par mame boye le 11/02/2013 09:33
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