LIBYE. La capitale Tripoli totalement encerclée et assiégée

La tant attendue bataille de Tripoli est engagée. La rébellion assure qu'une opération est en cours pour isoler Mouammar Kadhafi.


LIBYE. La capitale Tripoli totalement encerclée et assiégée
La pression est monté d'un cran dans la capitale libyenne, Tripoli, dans la nuit de samedi à dimanche 21 août. La bataille de Tripoli tant attendue semble avoir commencé. La situation s'accélère en Libye et les rebelles se trouvaient dimanche en fin de matinée à une vingtaine de kilomètres de Tripoli. La chute du colonel Kadhafi semble imminente d'après les différentes sources sur place.

Les rebelles ont pris dimanche matin une forêt à 24 kilomètres à l'ouest de la capitale après des combats meurtriers contre les forces fidèles au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a affirmé à l'AFP un insurgé. Dans l'après-midi les rebelles ont pris le contrôle d'une caserne aux portes de Tripoli. Des centaines de rebelles sont entrés dans l'enceinte de cette base militaire, située à l'ouest de Tripoli, sur la route de Zawiyah, d'après la même source et ont récupéré l'important arsenal qui s'y trouvait. Cette caserne était l'obstacle le plus important sur la route de Tripoli.

Les rebelles libyens ont libéré dimanche après-midi plusieurs dizaines de détenus de la prison de Maya, située à quelque 25 km à l'ouest de Tripoli, lors de leur avancée vers la capitale.

Opération sirène

A l'approche des rebelles, la ville était en ébullition. Interrogé par l'AFP, Ahmed Jibril, porte-parole de la rébellion affirme qu'une opération, baptisée "opération sirène" en coordination entre le Conseil national de transition (CNT) et les combattants rebelles dans et autour de Tripoli, est en cours pour isoler le colonel Mouammar Kadhafi jusqu'à obtenir sa capitulation ou son départ.

"L'Otan est également impliquée dans l'opération", a précisé Ahmed Jibril.

"Il était prévu qu'elle débute hier (samedi) soir et nous estimons qu'elle devrait durer encore plusieurs jours jusqu'à ce que Kadhafi soit assiégé", a-t-il expliqué. "Nous prévoyons deux scénarios: qu'il se rende, ou qu'il s'échappe de la ville" pour trouver refuge à l'étranger ou dans une autre ville du pays, selon le porte-parole du CNT.

"Au cas où il exprime son souhait de quitter la Libye, nous accueillerons positivement cette proposition et nous l'accepterons", a-t-il ajouté.

Dimanche après-midi, les rebelles libyens ont libéré plusieurs dizaines de détenus de la prison de Maya, située à quelque 25 km à l'ouest de Tripoli, lors de leur avancée vers la capitale, selon un correspondant de l'AFP sur place.



Venus par la mer

Des rebelles libyens, venus par la mer de l'enclave côtière de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, ont infiltré la capitale et participent aux combats qui s'y déroulent actuellement, a affirmé à l'AFP un porte-parole local de la rébellion.

"Ils sont au nombre d'environ 200 combattants, ils ont été déployés dans la zone Souk Jomaa (dans le nord-est de la capitale) où ils ont fait la jonction avec des rebelles sur place", a précisé Abdoullah Melitan, du Centre des médias du conseil militaire de Misrata. "Nous allons leur envoyer des renforts" depuis Misrata, a ajouté le porte-parole.

Affrontements toute la nuit

Des explosions et des échanges de tirs nourris ont retenti toute la nuit de samedi à dimanche où des témoins ont fait état d'"affrontements" dans certains quartiers vers laquelle les rebelles progressent.

Des affrontements entre des insurgés et les pro-Kadhafi ont été signalés par des habitants en début de soirée dans plusieurs quartiers de la capitale, notamment dans la banlieue Est, où des cris d'Allah Akbar étaient diffusés par les haut-parleurs des mosquées.

Peu après 4 heures (2h00 GMT), quatre puissantes explosions ont secoué la ville, survolée par des avions. L'Otan bombarde quasi-quotidiennement des objectifs à Tripoli.

"Des agents de Nicolas Sarkozy"

Le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, a simplement confirmé des "petits affrontements" avec de petits groupes dans des quartiers comme Tajoura, Soug Jomaa ou Ben Achour. Selon lui, les forces loyalistes sont venues à bout des insurgés et les affrontements n'ont duré qu'une demi-heure.

"La situation est désormais sous contrôle", a-t-il affirmé dans des déclarations diffusées par la télévision officielle.

Dans un message sonore diffusé pendant la nuit par la télévision officielle, le colonel Mouammar Kadhafi a exhorté ses partisans à "marcher par millions" pour "libérer les villes détruites".

Qualifiant les rebelles d'"agents, de traîtres et de rats" qui "profanent les mosquées", il a ajouté qu'ils étaient "des agents du (président français Nicolas) Sarkozy qui veut prendre le pétrole libyen".

Manifestations de joie

A Sabratah (50 km à l'ouest de Tripoli), la population, massée autour des téléviseurs, manifestait sa joie dans les rues, jugeant que la fin du régime était proche, a constaté un journaliste de l'AFP.

A Benghazi,"capitale" rebelle dans l'est de la Libye, des milliers de personnes en liesse se sont rassemblées samedi soir pour soutenir le "soulèvement" à Tripoli, a constaté un photographe de l'AFP. "Au revoir Kadhafi!", "Dieu est grand!" scandaient les manifestants.

Progression rapide

Parallèlement, les rebelles qui avaient nettement progressé dans Brega, (240 km au sud-ouest de Benghazi) vendredi rencontraient une résistance samedi dans ce poste avancé des pro-Kadhafi dans l'Est. Brega est le théâtre de violents combats depuis fin juillet.

Après avoir annoncé s'être emparés vendredi de l'ensemble de la ville, les rebelles ont reconnu samedi après-midi avoir été repoussés de la zone pétrolière par des tirs d'artillerie.

Fuite de Tripoli

Des milliers de Tripolitains, qui subissaient déjà de longues coupures d'électricité, tentent désormais de fuir le bastion du régime.

Ainsi l'ancien numéro deux du régime, Abdessalem Jalloud, a fui Tripoli vendredi. Selon un responsable gouvernemental tunisien, Abdessalem Jalloud est passé en Tunisie et est reparti à l'aube "avec sa famille" vers l'Italie, ce qu'a confirmé le gouvernement italien.

Le Nouvel Observateur - AFP
Dimanche 21 Août 2011




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