Vous venez juste de fêter vos 19 ans de carrière. Quel bilan en tirez-vous ?

Matar : Dans l‘ensemble, c’est un bilan positif dans le sens où nous avons atteint notre objectif. Sauf que le don de sang qui nous tenait à cœur n’a pu se réaliser, à cause de la grève des agents du Centre de transfusion sanguine, alors que nous avions pu mobiliser plus de 300 personnes. Nous allons également organiser une randonnée pédestre. Objectivement, nous avons marqué nos 19 ans.

Votre credo reste le social. Est-ce qu’il y a un suivi ?

Matar : Avec juste raison. Car nous avons commencé nos oeuvres bien avant la sortie des albums. Nous étions avec Oumou Khaïry Sow, dans les coins les plus reculés du Sénégal, pour une campagne de sensibilisation contre le paludisme. Elle nous disait à chaque fois : «Faites un morceau sur le paludisme. Mais, nous voulions, d’abord, comprendre le phénomène de cette maladie, le faire avec le coeur, sans tricherie, ni hypocrisie. `

Vos 18 ans de carrière ont été fêtés en grande pompe. Pourquoi, pour les 19 ans, il n'y a pas eu d’évènement musical ?

Matar : Comme nous l’avons dit dans une de nos chansons, «ñoy fël foko dul foge». C’est ça le «Bideew». Il y a 5 ans, nous avions organisé notre anniversaire dans une boîte de nuit. Il y a 2 ans, c’était à Sorano, après un dîner de gala à l’hôtel des Almadies. Nous voulons réussir le pari d’organiser le premier dîner de gala de la musique urbaine. De ces 5 ans, à nos jours, il y a eu une évolution. Autre chose, «Bideew» veut toujours réaliser en grand, mais les sponsors ne suivent pas.

Parlons maintenant de votre double disque d’or qui continue de susciter les commentaires les plus salaces...

Matar :C’est vrai que, jusqu’à présent, ça crée un débat. Ce disque (il nous le montre), il est venu au moment où la musique hip-hop avait besoin de cela. Car on ne nous considère pas comme des gens ambitieux. Certains nous nomment même «boy rappeurs yi» (rires). Or, c’était un rêve. Car lorsque Youssou Ndour l’a eu, cela nous avait enthousiasmés. Et Dieu merci, ça s’est réalisé avec l’album «Genèse de Passy», où nous avions eu deux  morceaux qui nous ont permis d’être dans des cadres où des chanteurs français n’ont pas eu la chance d’y entrer. C’est une satisfaction pour «Bideew bu bess», certes, mais aussi pour la musique sénégalaise. Mais, «gayi deño dëp fierté bi», car ça n’a pas plu à beaucoup de personnes. C’est pourquoi nous, on l’appelle un disque d’or à problèmes. Même pour accéder à certaines structures, on disait «Ah!

Où est votre disque d’or et l’argent ?».

Beaucoup de groupes disaient même : «C’est un disque d’or par procuration». C'était méchant. Parce que des jeunes qui sont partis en France travailler avec un artiste international, l’album sort, et ils vendent 200 000 exemplaires, c’est à saluer. Même si ce n’est pas notre propre disque d’or, c’est un encouragement supplémentaire, car on a représenté le Sénégal à travers des plateaux internationaux.

A quand le mariage ?

Matar : Ça sera pour bientôt, s’il plaît au bon Dieu.

Elle sera du milieu ou bien ?

Matar: (Il éclate de rire). Je ne peux rien vous dire, mais c’est pour bientôt. Tout ce que je demande, c'est qu’elle puisse supporter mon travail et «Bideew family». Ce n’est pas facile d’épouser un artiste. Je ne m’attarde pas aussi sur la beauté physique, mais il faut qu’elle soit à l’image de notre mère chérie.

Ibrahima, vous êtes le dernier à avoir intégré le groupe. Au début, vous jouiez de la guitare, mais, maintenant, vous chantez. Pourquoi ?

(Rires). Bon sang ne saurait mentir. J’avais déjà la sensation et la vibration de faire de la musique depuis. La guitare est venue à point nommé. C’est quand Matar était malade que je l’ai apprise. Ce que je voulais, c'est faire du clavier. J’avais même fréquenté le conservatoire, mais ça n’a pas abouti.

Parlez-nous de votre look. Il paraît ça plaît aux filles ?

(Il pouffe). Dans un premier temps, c’était du feeling, par la suite, je me suis dit que je vais l’adopter comme mon look, différent de celui de Matar, qui laisse le foulard. Moi, je le fais en mode chignon (rires). Mais, pour les filles, ce sont nos soeurs, et on se respecte mutuellement. Pour le moment, mon souci, c’est ma carrière, et je suis mes frères.

Parlez-nous un peu de vos projets?

Nous avons beaucoup de projets en vue, notamment un nouvel album qui va accompagner les 20 ans du groupe, que nous comptons célébrer en grande pompe, s’il plaît à Dieu.  Car cela fait plus de 4 ans, qu'on n’a pas un nouveau produit sur le marché.

A quoi vos fans peuvent-ils s'attendre avec cet album ?

Pour l’instant, ça serait trop prématuré de décliner les choses, mais qui connaît «Bideew», sait qu’il aime l’originalité et surprendre. ça sera une surprise pour les mélomanes, les fans ne seront pas déçus. Mais, pour un avant-goût, il y a une maquette «Unité nationale», où on parle du cousinage à plaisanterie, pour montrer que c’est nous dans nous. C’est une manière de raffermir les liens, car, à un moment donné, nous avons senti de la tension, surtout du côté de la lutte, chaque ethnie tirait la ficelle de son côté.