L’homme le plus riche de Russie rapatrie sa fortune


L’homme le plus riche de Russie rapatrie sa fortune
Alicher Ousmanov ramène ses actifs dans son pays. Une bonne nouvelle pour Vladimir Poutine.
Que le hasard fait bien les choses… Le président russe Vladimir Poutine n’avait pas vraiment réussi jeudi, lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d’année, à balayer tous les doutes sur les mesures qu’entend prendre la Russie pour contrer la crise dans laquelle elle se trouve.

Et voilà que le jour suivant, l’homme le plus riche de Russie, Alicher Ousmanov, a annoncé avoir rapatrié dans son pays ses principales richesses. Les «participations majoritaires» de ses entreprises ont été transférées en Russie conformément à la volonté du président russe de lutter contre les paradis fiscaux et en raison de nouvelles dispositions sur l’impôt sur les bénéfices des sociétés étrangères, a indiqué hier dans un communiqué USM, la holding de l’homme d’affaires. Sa fortune est estimée par Forbes à 18,6 milliards de dollars (18,2 milliards de francs), rapporte AFP.

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Cette annonce redore le blason de Vladimir Poutine et contribue à soutenir l’économie russe en désarroi, en lui redonnant les capitaux dont elle a besoin pour mieux fonctionner.

Il y a déjà trois ans que le président russe a fait, en vain, de la lutte contre la fuite des capitaux un de ses plus importants chevaux de bataille. Menaçant, il avait dit, en 2011 déjà, que la Russie «ne laissera pas soustraire des ressources financières à son économie à travers des sociétés écran».

Transformant la volonté du président en actes, la chambre basse du parlement russe, la Douma, a voté à la fin du mois de novembre dernier une révision partielle du Code fiscal russe. La nouvelle loi oblige entreprises et individus à déclarer au fisc toute part supérieure à 10% dans une structure à l’étranger. Si la part s’établit à plus de 50%, et que le contrôle sur une structure étrangère est donc établi, la société ou le particulier détenteur de cette part devra alors payer en Russie ses impôts sur le bénéfice. Ce seuil sera abaissé à 25% dès 2017, selon Les Echos. Apparemment, cette réforme prévue pour avril 2015 a déjà poussé Alicher Ousmanov à agir.

Immense fuite de capitaux

Cette mesure arrive à point nommé. Au début du mois, la Banque centrale russe a dit s’attendre pour 2014 à des fuites de capitaux russes équivalents à 128 milliards de dollars, soit le double du montant qui a déjà quitté la Russie l’année précédente. Pour 2015, la banque centrale prévoit une hémorragie allant jusqu’à 120 milliards de dollars. Ces attentes avaient douché les espoirs du Kremlin de voir des capitaux revenir en Russie suite à une amnistie annoncée au début du mois de décembre. La Douma a renversé la balance. Normalement, la Suisse n’est pas une terre d’accueil directe de ces capitaux russes. Ils ont plutôt pour habitude de s’attacher juridiquement aux Iles Vierges britanniques, au Luxembourg, ou à Chypre. Mais cela n’empêche pas les banques suisses de travailler à leur service, a récemment expliqué au Temps Arnaud Leclercq, responsable des nouveaux marchés auprès la banque LODH.

(Tribune de Genève)
Samedi 20 Décembre 2014




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