Vu la complexité de l’espace politique sénégalais, on ne s’aurait prétendre en aborder tous les aspects ici. Nous avons donc privilégié un aspect central, incontournable de l’espace politique : le discours politique.
Il ne fait guère de doute que la parole est de loin le moyen de communication le plus puissant et le plus naturel dont disposent les acteurs politiques. Nous nous inscrivons dans cette réflexion dans la filiation de Patrick Charaudeau. On distingue habituellement trois contraintes pour un discours politique de qualité – donc convaincante – : La contrainte de simplicité qui consiste à présenter de façon simple les idées du groupe politique sans en alter le sens fondamental. La contrainte de dramatisation qui consiste en l’utilisation d’un discours qui agit sur la fibre sensible du public. Enfin la contrainte de crédibilité (ou l’image du politicien) à la quelle l’auditoire doit s’identifier. Cette contrainte est fondamentale en ce qu’elle ne peut être violée par aucun homme politique. Si les contraintes de simplicité et de dramatisation peuvent être relâchées au besoin, en revanche la contrainte de crédibilité se distingue par sa rigidité qui fait qu’aucun homme politique ne peut la violer.
Nous nous intéressons dans cette réflexion à la crédibilité de la parole de promesse. Cette dernière porte en elle toutes les caractéristiques d’un discours politique, en termes « d’idéalité des fins (le politique) » et « de mise en œuvre des moyens pour les atteindre (la politique) ». «La parole de promesse (et son pendant l’avertissement) doit définir une idéalité sociale, porteuse d’un certain système de valeurs et les moyens d’y parvenir. Ce discours se veut à la fois idéaliste et réaliste (la conjonction des contraires). Mais en même temps, cette parole doit être crédible aux yeux de l’instance citoyenne, et donc le sujet qui fait une promesse doit être lui-même crédible, ce qui le conduit à se construire une image (un ethos) de conviction. Enfin, devant faire adhérer le plus grand nombre à son projet, le sujet politique cherche à toucher son public, en faisant appel tantôt à la raison, tantôt à l’émotion, dans des mises en scène diverses (déclarations médiatiques, meetings, professions de foi écrites, tracts, affiches, etc.): la parole de promesse-avertissement doit donc acquérir, non point tant une force de vérité, qu’une force d’identification à une idée et à un homme ou à une femme» (Charaudeau, P. )
A de rares exceptions près, un des traits les plus frappants du discours politique sénégalais, du moins en ce qui concerne la parole de promesse, est le fait que l’auditoire ne s’y identifie guère. La plupart des candidats à l’élection présidentielle ont déjà été en situation de « gouvernance ». Cela a crée dans l’imaginaire social une impression de « promesse déjà faite » et de «promesse jamais tenue». Cela a porté un coup à leur crédibilité. D’où l’exigence pour l’électorat de la nécessité d’une parole de justification pour le caractère «promesse jamais tenue».
Paradoxalement et c’est l’aspect, sans doute, le plus déconcertant, cette situation ne semble guère poser de problèmes aux acteurs politiques qui la contournent volontairement, en s'appuyant d’une part sur le transcendantal – préférentiellement religieux – pour se donner un ethos de conviction et d’autre part, sur les communicateurs traditionnels – maitres dans l’art de parler – pour une esthétique de la communication. Une exception sénégalaise!
Au delà de cette évidence, il est cependant intéressant de noter que le président MACKY SALL jouit d’une crédibilité acquise pendant ses années de gouvernance et qui s’est renforcée suite à l’injustice dont il a été victime. Pour s’en convaincre il suffit de voir le « capital sympathie » dont il dispose. D’ailleurs c’est une des raisons pour lesquelles, il n’est pas étonnant de voir monsieur Idrissa Seck, en l’identifiant d’abord comme son premier adversaire politique, tenter de porter atteinte à sa crédibilité à travers l’affaire de Taiwan. Par conséquent, l’exigence de monsieur Idrissa Seck du président MACKY SALL de la nécessité d’une parole de justification sur cette affaire s’inscrit simplement dans le contrat de communication politique. Autrement dit, il s’agit dans cette affaire plus d’une stratégie de communication politique qu’autre chose, on parle de «sortie médiatique».
Au regard des trajectoires politiques des deux candidats, on ne peut manquer de constater que c’est le discours politique de monsieur Idrissa Seck qui a besoin d’être relégitimé.
Mar Ndiaye, Bargny
Spécialiste des technologies de la cognition, technologies linguistiques, informaticien et linguiste de l’école genevoise.
Membre de la CCR /APR YAKKAR
eMail : ndiaye.mar@gmail.com
Tel : 776207099
Il ne fait guère de doute que la parole est de loin le moyen de communication le plus puissant et le plus naturel dont disposent les acteurs politiques. Nous nous inscrivons dans cette réflexion dans la filiation de Patrick Charaudeau. On distingue habituellement trois contraintes pour un discours politique de qualité – donc convaincante – : La contrainte de simplicité qui consiste à présenter de façon simple les idées du groupe politique sans en alter le sens fondamental. La contrainte de dramatisation qui consiste en l’utilisation d’un discours qui agit sur la fibre sensible du public. Enfin la contrainte de crédibilité (ou l’image du politicien) à la quelle l’auditoire doit s’identifier. Cette contrainte est fondamentale en ce qu’elle ne peut être violée par aucun homme politique. Si les contraintes de simplicité et de dramatisation peuvent être relâchées au besoin, en revanche la contrainte de crédibilité se distingue par sa rigidité qui fait qu’aucun homme politique ne peut la violer.
Nous nous intéressons dans cette réflexion à la crédibilité de la parole de promesse. Cette dernière porte en elle toutes les caractéristiques d’un discours politique, en termes « d’idéalité des fins (le politique) » et « de mise en œuvre des moyens pour les atteindre (la politique) ». «La parole de promesse (et son pendant l’avertissement) doit définir une idéalité sociale, porteuse d’un certain système de valeurs et les moyens d’y parvenir. Ce discours se veut à la fois idéaliste et réaliste (la conjonction des contraires). Mais en même temps, cette parole doit être crédible aux yeux de l’instance citoyenne, et donc le sujet qui fait une promesse doit être lui-même crédible, ce qui le conduit à se construire une image (un ethos) de conviction. Enfin, devant faire adhérer le plus grand nombre à son projet, le sujet politique cherche à toucher son public, en faisant appel tantôt à la raison, tantôt à l’émotion, dans des mises en scène diverses (déclarations médiatiques, meetings, professions de foi écrites, tracts, affiches, etc.): la parole de promesse-avertissement doit donc acquérir, non point tant une force de vérité, qu’une force d’identification à une idée et à un homme ou à une femme» (Charaudeau, P. )
A de rares exceptions près, un des traits les plus frappants du discours politique sénégalais, du moins en ce qui concerne la parole de promesse, est le fait que l’auditoire ne s’y identifie guère. La plupart des candidats à l’élection présidentielle ont déjà été en situation de « gouvernance ». Cela a crée dans l’imaginaire social une impression de « promesse déjà faite » et de «promesse jamais tenue». Cela a porté un coup à leur crédibilité. D’où l’exigence pour l’électorat de la nécessité d’une parole de justification pour le caractère «promesse jamais tenue».
Paradoxalement et c’est l’aspect, sans doute, le plus déconcertant, cette situation ne semble guère poser de problèmes aux acteurs politiques qui la contournent volontairement, en s'appuyant d’une part sur le transcendantal – préférentiellement religieux – pour se donner un ethos de conviction et d’autre part, sur les communicateurs traditionnels – maitres dans l’art de parler – pour une esthétique de la communication. Une exception sénégalaise!
Au delà de cette évidence, il est cependant intéressant de noter que le président MACKY SALL jouit d’une crédibilité acquise pendant ses années de gouvernance et qui s’est renforcée suite à l’injustice dont il a été victime. Pour s’en convaincre il suffit de voir le « capital sympathie » dont il dispose. D’ailleurs c’est une des raisons pour lesquelles, il n’est pas étonnant de voir monsieur Idrissa Seck, en l’identifiant d’abord comme son premier adversaire politique, tenter de porter atteinte à sa crédibilité à travers l’affaire de Taiwan. Par conséquent, l’exigence de monsieur Idrissa Seck du président MACKY SALL de la nécessité d’une parole de justification sur cette affaire s’inscrit simplement dans le contrat de communication politique. Autrement dit, il s’agit dans cette affaire plus d’une stratégie de communication politique qu’autre chose, on parle de «sortie médiatique».
Au regard des trajectoires politiques des deux candidats, on ne peut manquer de constater que c’est le discours politique de monsieur Idrissa Seck qui a besoin d’être relégitimé.
Mar Ndiaye, Bargny
Spécialiste des technologies de la cognition, technologies linguistiques, informaticien et linguiste de l’école genevoise.
Membre de la CCR /APR YAKKAR
eMail : ndiaye.mar@gmail.com
Tel : 776207099
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