L'Arabie Saoudite envisage de détruire la maison du prophète pour un projet immobilier de luxe

Les autorités saoudiennes envisagent de détruire la maison natale du prophète de l'islam, Mohammed, située dans la ville de La Mecque, car l'édifice serait un obstacle à un vaste projet immobilier, prévoyant la construction d'un palais royal et d'un centre commercial de luxe.


L'Arabie Saoudite envisage de détruire la maison du prophète pour un projet immobilier de luxe

La demeure dans laquelle le prophète de l'islam Mohammed aurait, selon la tradition, vu le jour vers 570 à La Mecque (Arabie-Saoudite), serait menacée de destruction. Selon nos confrères britanniques du quotidien "The Independant" , l'édifice, ou du moins ce qu'il en reste (à gauche sur la photo ci-dessous), représenterait ainsi un obstacle au développement d'un vaste projet immobilier qui prévoit la construction d'un palais royal et d'un centre commercial de luxe.


Depuis quelques années, la ville sainte des musulmans fait l'objet d'un plan d'aménagement urbain qui s'inscrit dans une logique d'expansion de la mosquée sacrée Masjid al-Haram, qui accueille tous les ans des millions de pèlerins à l'occasion du rituel du Hadj, l'un des cinq piliers de l'islam. C'est d'ailleurs cette affluence importante ainsi que l'effervescence environnante qui aurait incité les autorités saoudiennes à repenser le lieu abritant la Kaaba, pour en faciliter l'accès et les services. Difficile de ne pas y voir un opportunisme vénal, tant cette manne financière, que représentent fatalement les pérégrinations touristiques, s'avère colossale. 

Selon The Independant, qui cite le Gulf Institute  (un think tank basé à Washington), ce chantier de réaménagement aurait déjà provoqué la destruction d'une centaine de monuments et autres sites historiques, soit 95% des édifices millénaires de la ville. Un patrimoine archéologique inestimable qui est peu à peu sacrifié sur l'autel du luxe et du commerce avec la construction de grands hôtels et de boutiques, destinés à une riche clientèle, sur des sites ancestraux chargés d'histoire. 

Signe de cette "folie des grandeurs" qui empiète sur l'héritage culturel de La Mecque, deux colonnes ottomanes, érigées il y a plus de 500 ans en l'honneur de l'épisode coranique du Miraj (ascension du prophète Mohammed vers le paradis où il aurait rencontré, entre autres personnages bibliques, Adam, Jésus et Abraham), ont été détruites l'an dernier. Une démolition que rapporte le docteur Irfan al-Alawi, membre éminent de l'Islamic Heritage Research Foundation , dans l'article de The Independant. En 2012, ce sont même des vestiges de la maison du prophète et de sa première épouse Khadija qui avaient été démolis pour construire des toilettes publiques .

Récemment fermée au public alors qu'elle constitue l'un des lieux de cultes les plus visités sur place, la demeure natale du prophète de l'islam (plus connue sous le nom de "maison du Mawlid"), pourrait donc être le prochain bâtiment victime de ces aménagements, car son emplacement coïnciderait avec les plans de construction d'un palais pour le roi d'Arabie saoudite Abdallah. 

Toutes ces démarches illustrent parfaitement le souhait, assumé du reste, du pouvoir saoudien de faire de La Mecque une destination touristique de luxe, quitte à en faire disparaître ses plus illustres références religieuses. C'est là toute l'ambivalence d'un régime fortuné, qui se réclame pourtant d'un islam wahhabite rigoriste.

Mercredi 31 Août 2016




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