KARIM, DU SOLEIL A L’OMBRE (déjà 500 jours de prison)


KARIM, DU SOLEIL A L’OMBRE (déjà 500 jours de prison)
Lorsqu’en 2002 Karim décidait de rejoindre son Président de père, il ne se doutait sans doute pas une seconde, qu'il allait se retrouver en prison 10 ans après.

En effet, c’est en 2002 que la carrière d’homme d’Etat de Karim a débuté, lorsque le Président Abdoulaye Wade le nomme Conseiller technique chargé du projet de l’Aéroport International Blaise Diagne. En 2004, le Président franchit un autre palier en le nommant Président de l’Agence Nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique.

Contre toute attente, malgré sa défaite mémorable lors des élections locales de 2009, au cours desquelles il est battu dans son propre bureau de vote, son père PR le bombarde le 1er mai 2009, Ministre d’Etat chargé de la Coopération Internationale, de l’Aménagement du Territoire, des Transports Aériens et des Infrastructures, en charge du  dossier brûlant d’Air Sénégal International.

C’est sans doute, à ce moment précis que les observateurs avertis ont commencé à parler de « l’irrésistible ascension de Karim Wade.»
Commencent alors les tirs groupés sur sa personne : selon certains, Karim est un « toubab » qui n’a pas connu les années de braise à l’instar des compagnons de son père, d’autres l’accusent d’affairisme,  voire de détournements de fonds publics ; l’ambassadeur des USA dans les télégrammes de Wikileaks le surnomme « Monsieur 15%… ». A la mort de sa femme française, il épouse une sénégalaise en décembre 2009

Le  4 décembre 2011, le Ministre d’Etat est délesté de l’Aménagement du Territoire et récupère l’Energie. C'est à ce moment que le sobriquet de Ministre du ciel et de la terre apparaît et fait l’objet de commentaires d’indignation pour les uns et d’amusement pour les autres.

Idrissa SECK parle  de dévolution monarchique dans une interview à RFI au lendemain de la nomination de Karim et marque sa farouche détermination à compromettre ce projet.

Le 16 juin 2011, le conseil des ministres adopte le projet de loi sur le ticket présidentiel proposé par Abdoulaye Wade. Soupçonnant une dévolution monarchique en marche, le peuple sénégalais se souleva le 23 juin 2011 contre ce projet et décida le 25 mars 2012, de faire partir A.Wade.

A la chute de son père, nombreux sont les observateurs qui voyaient en Karim un futur pensionnaire de la prison Rebeuss, sans doute pour les soupçons tenaces de grand dépensier des deniers publics et d’affairiste hors pair, sans oublier que l’actuel président de la République a été déchu de son poste de numéro deux du Pds et de président de l'Assemblée Nationale pour avoir
osé convoquer Karim afin de l’entendre sur sa gestion de l’ANOCI.

Pour la troisième fois, Karim Wade est convoqué le 15 novembre 2012, à la Section Recherches de la gendarmerie nationale de Colobane.
Le 15 mars 2013, l’ancien Ministre se voit servir une mise en demeure de justifier, au plus tard le 14 avril 2013, sa fortune estimée à 694 milliards par le procureur spécial de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite.
Il sera inculpé et placé sous mandat de dépôt le 17 avril 2013. Ainsi commence la longue traversée de l’ombre...

Malgré les multiples demandes de mise en liberté provisoire et autres récriminations de ses avocats, Karim Wade se voit présenter une deuxième mise en demeure le 13 septembre 2013 et reste en prison. Après une année d’instruction, son patrimoine illicitement acquis, passe entre temps de 694 milliards à 117 milliards de FCFA.
En prison karim est isolé et cherche à bien occuper son temps. Des journées à recevoir des militants, des chefs religieux, des hommes politiques, des amis, des parents, des anonymes, à pratiquer du sport et  à mettre la main sur un livre qui promet d’être explosif. Fait insolite, il ne reçoit ni son père, ni sa sœur et se taille un relooking vestimentaire qui lui fait tronquer ses élégants costumes taillés sur mesure pour des boubous et des djellabas. Il souffle à l’un des avocats "Maître, si je dois rendre l’âme dans cette prison, je rendrais l’âme, mais je vous prie, vous mes avocats, de ne jamais me trahir(…)"

Finalement le procès de Karim Wade démarre le 31 juillet 2014. Après 10 audiences marquées par la validation de sa compétence à juger Karim Wade, mais aussi, par une bataille de procédure et d’attaques verbales entre avocats, d’incidents d’audience provoqués par des partisans de Karim et des groupes d’individus supposés être proches du pouvoir, des apparitions de Karim Wade en apparente bonne forme, le sourire toujours de mise et les bras levés en signe de victoire, la CREI décide de mettre fin à la « récréation » et décrète la fin des débats de forme pour ce lundi 01 septembre 2014.

En prison depuis 500 jours aujourd’hui, Karim sera donc jugé dans le fond en même temps que ces co-inculpés, ce lundi 01 septembre 2014.
Bientôt la fin d’un procès qui tient en haleine un pays entier. Sera-t-il acquitté, sera-t-il reconnu coupable, le cas échéant, comment se présentera l’avenir pour lui, pour le Pds qui voit en lui un messie? Retrouvera t-il bientôt le soleil ? Autant de questions sur lesquelles 
nous serons bientôt édifiés...
Samedi 30 Août 2014




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