Israël suspend la détention sans procès d'un Palestinien en grève de la faim

Jérusalem - La justice israélienne a suspendu jeudi la détention sans inculpation ni procès d'un journaliste palestinien en grève de la faim depuis 72 jours, dont l'état de santé a alarmé des organisations internationales.


Israël suspend la détention sans procès d'un Palestinien en grève de la faim
Nous suspendons l'ordre de détention administrative de Mohammed al-Qiq en raison de son état de santé, a annoncé la Cour suprême. Ses proches peuvent à présent lui rendre visite, mais il n'a pas le droit de quitter sans autorisation l'hôpital d'Afoula (nord d'Israël) où il se trouve, a décidé le tribunal.

Cependant, Mohammed al-Qiq a jusqu'à présent répété qu'il ne recommencerait pas à manger tant qu'il ne recouvrerait pas totalement la liberté, a souligné son avocat Jawad Boulous après la décision de la Cour suprême.

Mohammed al-Qiq, 33 ans, reporter de la chaîne saoudienne Al-Majd, a été arrêté le 21 novembre chez lui en Cisjordanie occupée. Il a été placé mi-décembre en détention administrative, régime extrajudiciaire controversé qui permet la détention sans inculpation ni procès pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment.

Il a cessé de s'alimenter le 25 novembre pour dénoncer les mauvais traitements qu'il dit avoir subis, ainsi que son placement en détention administrative.

La sécurité israélienne l'accuse d'être un membre actif de l'organisation islamiste palestinienne Hamas, considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

M. Qiq, qui avait été condamné en 2008 à 16 mois de prison pour appartenance à un organisme affilié au Hamas, affirme ne se livrer qu'au journalisme.

L'ONU, l'UE et le Comité international de la Croix-Rouge ont exprimé leur inquiétude devant la dégradation de son état de santé. Le CICR et ses proches l'ont décrit en danger de mort.

Il avait été transféré fin décembre à l'hôpital d'Afoula.

La Cour suprême n'a fait que remplacer un ordre de détention administrative par un état d'arrestation à l'hôpital, a dit l'avocat de M. Qiq.

Me Boulous a indiqué qu'il se rendrait au chevet de son client jeudi soir pour lui demander s'il acceptait la décision de la cour et recommençait ou non à l'alimenter. S'il refuse, Me Boulous reviendra vendredi devant la Cour suprême, a-t-il ajouté.

Selon l'ONG Human Rights-Israël, dont l'un des médecins a pu voir M. Qiq jeudi, l'état de ce dernier est extrêmement grave et la majeure partie de la conversation a eu lieu à travers des notes car il ne peut quasiment plus parler ou même entendre.

La Cour suprême avait de même suspendu en août 2015 la détention administrative de Mohammed Allan, un Palestinien tombé dans le coma après une grève de la faim de près de 60 jours. Il avait à nouveau été arrêté en septembre suivant après avoir recommencé à s'alimenter, avant d'être finalement libéré en novembre.

Les autorités israéliennes avaient alors été confrontés à un casse-tête politique, prises entre le souci de ne pas céder aux pressions des prisonniers et le risque d'un accès de violences palestiniennes si Mohammed Allan mourait.

L'affaire avait encore été compliquée par l'adoption d'une nouvelle loi israélienne votée en juillet 2015 précisément pour faire face à de telles situations et permettant de nourrir de force un prisonnier. Une telle pratique se heurte aux vives résistances des médecins, indispensables a priori pour la mettre en oeuvre. La question d'une alimentation de force est également posée dans le cas de M. Qiq.
Jeudi 4 Février 2016




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