Infographies : le 11 septembre 2001 a-t-il réellement changé le terrorisme ? (Jeune Afrique)

Il y a quinze ans, le 11 septembre 2001, Al-Qaïda frappait le monde occidental en même temps que les tours du World Trade Center. Un épisode sanglant resté dans les mémoires comme l’acte terroriste le plus marquant de l’Histoire. Mais a-t-il eu autant d’impact ? Éléments de réponse en infographie.


« Rien ne sera plus jamais comme avant. » C’est, en substance, ce que chacun se disait, ce fameux 11 septembre 2001, alors que les images des avions détournés par Al-Qaïda percutant les tours jumelles de New York passaient en boucle sur les téléviseurs. Cela paraissait logique : la « franchise » d’Oussama Ben Laden  venait de faire entrer le terrorisme dans une nouvelle ère, celle où un seul attentat pouvait tuer plusieurs milliers de personnes.

Mais cette intuition résiste-t-elle à une étude chiffrée ?Jeune Afrique, sur la base de données recueillies par l’Université du Maryland, a compilé la totalité des actes terroristes (assassinats politiques, attentats à la bombe, enlèvements politiques…) ayant eu lieu sur le continent africain entre 1970 et le 31 décembre 2015, afin de vérifier si le 11 septembre 2001 constituait une véritable fracture à l’échelle mondiale.

Nombre d’attaques terroristes par pays de 1970 à 2015
(Passez votre souris sur les points pour afficher les valeurs)


La décennie 2000 n’est pas la plus touchée par le terrorisme

La réponse est loin d’être simple. En effet, la décennie 2000 n’est ni la plus meurtrière (13 666 morts), ni la plus prolifique en termes de nombre d’attaques (2 874). À titre de comparaison, celle qui l’a précédée  a vu se dérouler 4 523 actes terroristes (pour 24 168 victimes). La décennie 1990 a notamment vu se développer le Groupe islamique armé (GIA) fondé en Algérie en 1992.





Faut-il dès lors considérer le 11 septembre 2011 comme un non-événement pour le continent africain ? Pas nécessairement. Selon les données de l’Université du Maryland, trois des huit groupes terroristes les plus prolifiques de ces 45 dernières années sont en effet affiliés à Al-Qaïda, ou en ont été très proches, bénéficiant de ses moyens, de sa formation ou de sa coordination.


Le 11 septembre 2001 annonçait l’internationalisation de la « franchise » Al Qaida

En Somalie, pays le plus touché par le terrorisme depuis 1970, les islamistes shebab sont en effet officiellement affilés à Al Qaida (depuis 2010). Il en est de même pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel.

Au Nigeria, Boko Haram a en revanche des affiliations plus floues. Alors qu’elle échangeait initialement de façon régulière avec Aqmi, elle s’est ensuite rapprochée de l’État islamique, par opportunisme, avant de faire volte-face, de nouveau, et de renouer récemment les liens avec Aqmi.

L’intervention militaire américaine en Afghanistan, à la suite du 11 septembre 2001, a accéléré la mutation du groupe terroriste en une nébuleuse de sous-groupes régionaux, préexistants (comme Aqmi, issu du Groupe salafiste pour la prédication et le combat) ou non. Certains sont petit à petit devenus les plus actifs du continent, en profitant du « savoir-faire » de la franchise.

De 2010 à 2015, le nombre d’attaques terroristes perpétrés en Afrique s’élève à 10 431. Contre près de quatre fois moins lors des dix années précédentes.

Dimanche 11 Septembre 2016
Jeune Afrique




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