Ibrahima Sory Diallo, Président de la Coalition des associations et ONG de la société civile : « Le milieu des mines est ‘corruptogène’ et ‘conflictogène’ »

A Kédougou, en marge de la caravane de presse initiée par l’Association des Journalistes en Régions Frontalières financée par l’USAID PGP, le Président de la Coalition des associations et ONG de la société civile, Ibrahima Sory Diallo est d’avis que le milieu est « corruptogène et conflictogène ».


Ibrahima Sory Diallo, Président de la Coalition des associations et ONG de la société civile : « Le milieu des mines est ‘corruptogène’ et ‘conflictogène’ »

 

Quelles sont vos attentes suite à la rencontre de sensibilisation sur les normes ITIE qui s’est tenue à Kédougou ?

Comme vous le savez, la société civile s’est efforcée ces dernières années pour accompagner, encourager, booster l’Etat du Sénégal à adhérer à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (Itie). Parce que c’est un secteur que tout le monde connaît « corruptogène », « conflictogéne ». Une fois que l’adhésion du Sénégal est devenue une réalité, je pense qu’il est important que la norme soit partagée à tous les niveaux surtout sur le théâtre des opérations. Pour que l’ensemble des acteurs sachent que le Sénégal a souscrit à une norme internationale. C’est cela qui donne qui donne du poids à l’initiative et permet de veiller de façon très ponctuelle sur les questions de transparence. Cela peut décourager certaines pratiques et encourager les bonnes. Voilà qui fait la pertinence pour le comité national ITIE de descendre sur le terrain afin de partager l’information. Ainsi, il sera possible dire aux communautés que dorénavant  il y en a qui veillent au grain pour la clarté et la transparence dans l’intérêt national. Nous nous utilisons à bon escient ces instruments comme l’ITIE pour renforcer la veille et l’alerte et cela nous permet de nous assurer que le Sénégal est sur la bonne voie. Nous allons pour cela véritablement continuer à renforcer la mobilisation. Nous avons un cadre d’échanges qui va réunir tous les acteurs concernés.

En tant qu’observateur averti, pensez-vous qu’il est possible d’intégrer l’orpaillage traditionnel à la norme ITIE ?

(Hésitation) Oui, heu … je pense que pour l’instant cela relève un peu de l’utopie.  Mais je comprends peut-être que dans le futur, avec l’organisation du secteur envisagé par l’Etat, on pourra maîtriser encore un certain nombre d’informations utiles à l’ITIE. Mais à l’état actuel des choses si l’ITIE s’engage à mettre l’exploitation artisanale avec les moyens rudimentaires dans son périmètre d’intervention cela va être difficile, par contre avec le semi industriel l’ITIE pourrait intégrer une partie.

La nouvelle reforme du code minier fait débat chez les compagnies en phase d’exploration et ou d’exploitation. Qu’est-ce que cela peut engendrer dans l’avenir, ne craignez-vous pas le départ des investisseurs ?
C’est plus ou moins un rapport de force. Parce que, les sociétés minières, sans aucun doute, sont venues pour faire des bénéfices, l’Etat du Sénégal aussi pareil, les populations, par la voie de la société civile, elles, veulent aussi tirer le maximum de profit. C’est difficile de trouver un consensus entre trois acteurs divergents. Il appartient à l’Etat du Sénégal à travers le comité scientifique des reformes  d’entretenir des discussions pour aboutir à un code minier consensuel tenant compte des intérêts des uns et des autres. C’est toute la complexité du travail de cette commission. Mais je ne pense pas que ce code puisse être aussi répulsif. Dans tous les cas, les compagnies déjà présentes au Sénégal sont engagées et trouveront  un consensus avec le gouvernement pour rester. Et l’Etat est conscient que s’il y a tout ce mouvement, c’est parce qu’il y a des sociétés minières. S’il n’y a plus de compagnie on n’aura plus besoin de code minier.

Vendredi 15 Mai 2015




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