IMMIGRATION : Obama annonce un plan de régularisation de millions de clandestins


IMMIGRATION : Obama annonce un plan de régularisation de millions de clandestins
«Mes chers compatriotes américains, nous sommes et serons toujours une nation d'immigrants. Nous avons tous été un jour des étrangers», a lancé Barack Obama  ce jeudi soir. Combatif, voire même inspiré, mais soucieux de contrer toute accusation de laxisme ou d'irresponsabilité, le président s'est présenté devant les caméras de télévision depuis la Maison-Blanche pour annoncer un arsenal de décrets présidentiels très attendus en matière d'immigration. Ses adversaires républicains ont déjà promis de tout faire pour bloquer son action.
«Le système d'immigration est cassé», et «chacun de nous prend offense du fait que des gens puissent tirer bénéfice de vivre en Amérique sans assumer les responsabilités» qui vont avec, comme payer leurs impôts, a plaidé le président. «Les immigrés sans papier veulent embrasser ces responsabilités mais ne voient pas d'autre option que de rester dans l'ombre s'ils ne veulent pas risquer de voir leurs familles déchirées», a-t-il poursuivi, affirmant être forcé d'agir dans le cadre de ses prérogatives, la Chambre ayant bloqué depuis un an et demi le projet de loi «de bon sens», passé par le Sénat avec le soutien d'un groupe de Républicains.
Pour avancer, le président a donc annoncé trois grands paquets de mesures: un renforcement de la frontière, une facilitation de visas pour la main d'œuvre hautement qualifiée et enfin, sujet le plus explosif, la légalisation de certaines catégories d'illégaux. Le premier paquet de mesures, qui vise à montrer que le président ne veut pas transformer la frontière en passoire, permettra de la renforcer encore en personnel et en moyens techniques pour arrêter les illégaux qui tentent de traverser, une politique qu'Obama dit avoir lancé dès le début de son mandat, avec des résultats réels. Il affirme avoir divisé par deux le nombre de passages d'illégaux depuis son arrivée aux affaires en mettant en place une politique d'expulsion très musclée, et note que ces expulsions continueront pour les nouveau arrivants, qui ne pourront en aucun cas, souligne-t-il, profiter des légalisations. Il n'est toutefois pas sûr que les candidats au départ vers l'Eldorado américain entendent son message.
Son deuxième paquet de mesures vise à fixer aux Etats-Unis du personnel ou des étudiants hautement qualifiés qui pourront contribuer à l'économie américaine. Le troisième paquet est bien sûr le plus attendu puisqu'il concerne la légalisation de millions d'illégaux, cinq millions selon la presse américaine. Le président n'a pas donné de chiffre.
Il a tout de même pris soin de préciser que des contrôles des casiers des illégaux seraient mis en place et les criminels, trafiquants et membres de gangs expulsés systématiquement. En revanche, ceux qui «travaillent dur, soutiennent leurs familles et prient dans nos églises», explique Obama, ne peuvent pas être faire l'objet d'une expulsion massive, «ceux qui vous racontent ça ne sont pas honnêtes, c'est irréaliste et ce ne serait pas une approche américaine». «Beaucoup de leurs enfants sont nés en Amérique ou y ont passé la plus grande partie de leur vie, leurs espoirs, leurs rêves et leur patriotisme sont les mêmes que les nôtres», a-t-il noté, citant même son prédécesseur George W. Bush pour dire qu' «ils font partie de la vie américaine».
Obama propose donc de donner un statut légal à tous ceux qui vivent aux Etats-Unis depuis plus de 5 ans, ou ont des enfants qui sont citoyens américains ou résidents légaux, à condition qu'ils acceptent une enquête sur leur passé et qu'ils paient les impôts qu'ils doivent à l'Etat.
Le locataire de la Maison-Blanche nie farouchement qu'il s'agisse d'une amnistie, parlant d'une approche médiane de bon sens, permettant aux clandestins de se mettre en accord avec la loi, mais ne leur donnant pas accès aux protections sociales et médicales dont bénéficient les citoyens américains.
Loin de se laisser déstabiliser par le discours des républicains au Congrès qui l'accusent d'outrepasser ses pouvoirs et menacent de ne plus coopérer avec lui sur aucun sujet, Obama juge qu'il est dans son rôle et ne fait que perpétuer des actions «menées par tous les présidents américains républicains et démocrates depuis un demi siècle». «Passez une loi» sur l'immigration si vous ne voulez pas de décrets, lance-t-il aux élus, les appelant aussi à coopérer sur d'autres sujets, car le peuple américain «ne veut plus de paralysie».
Il dit entendre les inquiétudes des uns et des autres et reconnaît que «la politique de l'immigration» est un sujet difficile. Mais il en appelle à la nature même de l'Amérique pour justifier sa démarche, rappelant à quel point la tradition d'accueil de l'Amérique a fait sa fortune. «Cela nous a maintenus jeunes, dynamiques et entreprenants. Cela a forgé notre caractère de peuple aux possibilités infinies, non pas piégé dans son passé, mais capable de nous réinventer comme nous le désirons». «Sommes nous une nation qui tolère l'hypocrisie d'un système dans lequel les ouvriers ramassent nos fruits et font nos lits sans jamais avoir la chance de se mettre en accord avec la loi?». demande Obama. Un plaidoyer à la fois calibré et passionné, qui pourrait mettre les républicains dans l'embarras, la question de l'identité de l'Amérique comme nation d'immigrants transcendant les appartenances. Quelque 57% d'Américains veulent une réforme de l'immigration, selon un récent sondage du Wall Street Journal.
Source : Figaro
 
Vendredi 21 Novembre 2014




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