IDY CRACHE SUR LE DIALOGUE – « Non si c’est de la diversion... Nul ne peut m'isoler... Personne, pas même Karim, ne peut revendiquer le legs politique de Wade à côté de moi »


Pour la première fois qu'il s'épanche sur l'amorce d'un dialogue politique au Sénégal, Idrissa Seck ne s'est pas fait prier pour manifester tout son  désintérêt relativement à une telle idée. A Touba pour prendre part aux magals de Serigne Bara Falilou et de Serigne Fallou, le patron du parti Rewmi a laissé entendre qu'il continue encore de douter de la sincérité de l'appel lancé dans ce sens. Ainsi se met-il à dénoncer toute initiative à ce propos qui reposerait sur des objectifs exclusivement politiciens.  «  Je ne participerai pas à un dialogue où des intérêts personnels sont mis en avant. J'invite  le Président de la République à regarder soigneusement l'intérêt du Sénégal, d'abord avant ses intérêts personnels,  à  ne pas prendre des initiatives pour faire simplement de la manipulation ou de la diversion. Mais que ce soit des initiatives fondées sur sa ferme volonté et détermination à faire progresser le Sénégal ». Idrissa d'élever le dialogue en « nécessité absolue » avant de  lui encoller des attributions le rendant, le cas échéant,  acceptable. Pour lui, « le dialogue doit être institutionnalisé, organisé et pas un dialogue de circonstance qu’on agite pour sortir de l’impasse ».
 
Nécessité de la mise place d’une commission

Idrissa Seck ne prendra part au dialogue politique que si celui-ci procède de l’intérêt général. Il devra aussi être piloté par une commission. « Tous les intérêts doivent être pris en compte. Aux Etats-Unis, fait-il, remarquer, tous les corps de la société sont représentés dans une commission qui prend en compte les intérêts de la Nation en les hiérarchisant en intérêts vitaux, en intérêts très importants, en intérêts importants et en d’autres intérêts ». Idy ajoute : « Si une telle commission existait, on aurait vu que parmi les intérêts vitaux du Sénégal, il y a la politique de bon voisinage. Ce qui se passe en Gambie est vital au Sénégal… Les questions de sécurité sont vitales pour le Sénégal. L’éducation est vitale pour le Sénégal. Et j’ai été attristé, la semaine dernière, par les résultats des olympiades africaines de Mathématiques. Zéro médaille d’or, zéro médaille d’argent pour les représentants Sénégalais. Deux seules médailles de bronze sur 12. C’est grave ! ». Idrissa Seck de regretter le fait que le Sénégal se met « à organiser des années scolaires de 4 mois ». Cette question de l’éducation, plus que vitale, à son avis, mérite son attention plus que ce simulacre de dialogue.

Un dialogue pour l’isoler ?

Le dialogue, est-il mis en branle pour l’isoler ? A la question, Idrissa Seck a fourni une réponse avec beaucoup de dédain. «Si ce que vous dites est vrai, c’est la meilleure mesure du manque de crédibilité et de sérieux du Président de la République. Si son unique objectif est de s’aménager un corps électoral additionnel ou d’isoler un adversaire politique, c’est qu’il n’est pas à la hauteur de sa charge. Son souci devrait être d’essayer, en tant que Président en exercice de la Cedeao, de garantir la libre circulation des gambiens et des Sénégalais. Il ne peut même garantir cela entre les deux Etats voisins. Voilà une question sérieuse qu’il faut traiter sérieusement » a-t-il, d’emblée répondu à la question de savoir si le dialogue enclenché n’a pas pour objectif inavoué de l’isoler. En wolof, il tonnera « nul ne peut m’isoler ! »

Les retrouvailles de la famille libérale

Le patron de Rewmi reste fidèle à sa conviction que la famille libérale gagnerait à se retrouver. Toutefois, il s’étonnera de la légèreté et de l’esprit calculateur des acteurs concernés. « Le Président a dit, d’après ce que j’ai entendu,  qu’il était ému en passant devant la maison de Wade. Que c’étaient ses frères… ses sœurs etc… Et vous avez entendu le porte-parole du Pds qui dit que cela ne peut pas être sérieux, au moment où on emprisonne notre candidat Karim, on nous prive de groupe parlementaire, on nous enlève un conseil départemental à Bambey.  Cela ne ressemble pas à une liste de conditions ? C’est évident. Voilà où on se situe. Où est le Sénégal dans ça ? Ce qu’il faudrait pour que ses grandes familles se retrouvent ce sont des principes clairs. »

Idrissa Seck de rappeler tout son attachement au Président Abdoulaye Wade. « J’ai été extrêmement proche de Wade. Personne, pas même  Karim Wade ne peut revendiquer son legs politique à côté de moi. Je le connais mieux que tous. Mais quand il s’est agi de questions de principe, vous m‘avez vu tourner le dos à tous les privilèges de l’Etat. Et pourtant, ceux que j’avais étaient grands. Sur la dévolution monarchique du pouvoir comme sur un troisième mandat anticonstitutionnel, vous m’avez vu adopter une position ferme et claire. Et à chaque fois qu’il y a eu opportunité de se réconcilier, la réconciliation a échoué sur ces principes. C’est autour de principes clairs que les retrouvailles doivent se faire et non autour de négociations. »

 
Mercredi 4 Mai 2016




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