Grand, «chien» vous disiez ? (Par Cheikh Mbacké Guissé)


Grand, «chien» vous disiez ? (Par Cheikh Mbacké Guissé)
Grand Adama Gaye, à la suite d’une interview avec Samuel Sarr qui répliquait à une sortie de Idrissa Seck, vous m’aviez traité, sans me connaître, de «chien», sur votre page Facebook.
Vos propos ont certes choqué mes amis, mais pas moi. Je vous le confesse : c’est avec honneur que je m’étais baptisé «Le chien », en Terminale, pour rendre hommage à Diogène-Le Cynique. Soyez donc rassuré : je ne vous en veux pas de m’avoir comparé à cet animal qui symbolise la loyauté. Vous avez, sans doute, suivi la tragédie affectueuse de ce labrador qui vit désormais dans les cimetières, sur la tombe de son maître, devenu copain intime des ombres.
En espérant, d’en haut, créer une fusion avec le souterrain pour espérer ressentir encore la présence de ce précieux qui, en paix, repose.
Comme vous l’aurez remarqué, je vous vouvoie pour aligner mes pensées à ce fardeau culturel qu’est le droit d’ainesse. Mais, même si je vous vouvoie, je n’ai aucun respect pour vous. Soyez rassuré encore parce que vous avez été peu courageux en proférant vos insultes sur votre page Facebook. Parce que si vous m’aviez traité de «chien» face-à-face, l’un de nous deux ne rentrerait pas chez lui. Le droit d’ainesse, vous en conviendrez avec moi, n’inclut pas le monopole de l’impolitesse. Souvenez-vous de cette vérité polie le jour où nous nous rencontrerons, enfin... J’aurai pu, pourtant, vous indiquer dans un court texte, que le canidé de base, c’est celui qui s’attable avec un inculpé pour corruption, au restaurant le «Djoloff», pour lui proposer honteusement de «gérer» sa communication dans l’affaire pour laquelle il a été mis en examen. Et qui, assis comme un bon Bulldog, tire la langue, comme tout membre de la famille des Canidae, qui sent l’odeur de la bouffe, argentée ici. J’aurai pu, aussi, vous signaler que le cane roso – j’adore les chiens et le mien se nomme Zeus - en lu- nettes c’est celui qui est otage de ses intérêts, Grand. J’aurai pu, mais oui !, rappeler que l’image de la pourriture ambiante colle plus à cette gadoue intellectuelle qui harcelait au téléphone quelques proches de Macky Sall, en leur répétant jusqu’à les tympaniser : ‘’Wax lène Président dinako diapalé’’. Mais, contrairement aux chiens, fidèles désintéressés jusqu’à la mort, elle – c’est le destin de toutes les pourritures - a revêtu plus tard sa toge de condottiero espérant avoir, par la menace, tout ce qu’elle n’avait pas obtenu à force de courber l’échine. Mais je ne l’ai pas fait.
N’empêche, j’ai décidé d’écrire après avoir senti, pour de vrai, la pisse de chien – décidément j’adore ces animaux - dans ces propos que vous avez encore posté sur votre page Facebook : «MACKY SALL, dis à ton petit frère de rembourser tout. Je vous ai connu tous les deux pauvres. Souviens-TOI du jour où tu es venu me voir au Novotel Dakar ou du premier Contrat de pétrole que je t’ai fait obtenir (pour le Sénégal) grâce à mon ami, Dr. Rilwanu Lukman, ex. Président-Secrétaire général de l’OPEP, ou de notre virée à Rotterdam. J’ai aussi le dossier Frank Timis. Et le reste. Les gens qui parlent ne savent pas. Si je parle, tu tombes, un point, un trait».
Que vous ayez des «dossiers» contre Macky Sall et son frère, c’est leur problème. Que vous soyez capable, comme vous le prétendez, de pouvoir faire tomber votre Président, notre Président, renseigne par contre sur l’obésité monstrueuse de votre égo. Mais ce n’est pas cela qui m’a choqué. J’ai été choqué, comme de nombreux Sénégalais, d’apprendre que les pauvres ne peuvent pas, un jour, réussir, selon le bon vouloir de votre décret qui empeste l’hydroxyle.
Vous êtes fils d’un digne commerçant et d’une brave ménagère et, pourtant, vous êtes tout le temps entre deux avions. En quittant votre Kaolack natal, vous n’aviez sans doute jamais pensé serrer la main à Oumar Bongo. Comme disait un penseur, l’important ce n’est pas de naître sous la bonne étoile mais de savoir décrypter les signes du ciel.
Vous comprendrez pourquoi enfant, moi aussi, issu d’une famille pauvre, je guettais les étoiles pour épier Al Kafzah al Thaniyahr ?
Alors, pourquoi vous déniez aux autres le droit d’avoir été pauvre et de réussir comme vous ; même si, votre «réussite», qui souffre de privation financière «apériste», est l’addition kilométrique de micmacs et de reniements conditionnés ?
Vous êtes journaliste de formation et, pourtant, vous reconnaissez avoir joué les intermédiaires pour des investisseurs. Au moins, vous avez été honnête sur ce point, car vous en avez fait des affaires avec Wade qui vous a roulé dans la farine. Votre «retenez- moi ou je fais un malheur» est un flagrant délit assumé. Vous savez quoi ? Faîtes tomber le Président, tout de suite ! Vous rendrez un grand service à la Nation si, comme vous le dîtes, des documents que vous détiendrez mettraient en cause celui que nous avons élu, «un point, un trait», comme vous le dîtes si bien.
Allez voir le Procureur, constituez vous d’abord prisonnier - car vous dîtes avoir pris part à la commission du délit présumé - et balancez tout le monde. Faites-le, vous n’avez plus le choix. Si vous ne le faites pas - je parie que ce sera hélas le cas et je vous supplie de me faire mentir -, vous traînerez cette grave accusation comme... un chien - décidément, encore ! - et son collier. Vous avez décrété que vous avez le monopole de la vérité.
Qu’Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, Birahim Seck...et tous les autres ne «savent pas». Vous seul savez donc. Vous êtes le «maître des clés», ce fabuleux personnage de Matrix. Dîtes aux Sénégalais ce que vous savez, «un point, un trait» et arrêtez ce monologue narcissique. Faites-le maintenant ! Si vous ne le faites pas, vous aurez du mal à vous regarder dans un miroir. Car, en ce moment, vous verrez à travers votre reflet, un molosse, tête baissée et regard hagard car séquestrée par la honte suprême qui le suit, le poursuit et l’essuie. Je vous dédie la rime...

Cheikh Mbacké Guissé 
Journaliste 
Directeur de Publication du quotidien LIBÉRATION 
Vendredi 23 Septembre 2016




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