Gouvernance secteur du commerce, absence de communication : Le syndicat des agents du commerce descend le ministre Alioune Sarr

Le syndicat national des agents de l’administration du commerce, dans une note qui nous a été transmise, n’a pas raté le ministre du commerce. Présenté comme étant le principal responsable des maux dont souffre le secteur, il déplore son absence de communication sur certains dossiers, mais aussi sa gouvernance de ce secteur stratégique. Le SYNACOM pour finir, de se réserver, en outre, le droit d’engager toutes les actions appropriées afin de redonner confiance et dignité aux femmes et aux hommes qui sont entièrement dévoués à l’Administration du Commerce. Voici leur communiqué in extenso.


Gouvernance secteur du commerce, absence de communication : Le syndicat des agents du commerce descend le ministre Alioune Sarr
Cette mise au point a pour objet de recadrer le débat sur la gouvernance du secteur du Commerce et de rétablir la vérité des faits suite au communiqué du Conseil des Ministres en date du 11 janvier 2017.
Depuis quelques temps, le Syndicat national des Agents de l’Administration du Commerce (SYNACOM) a constaté l’attitude incommodante du Ministre en charge du Commerce dans la gestion du Département annihilant de plus en plus les efforts consentis au quotidien par les agents.
Malgré toutes les tensions que le secteur du Commerce a connues pendant l’année 2016 (riz impropre à la consommation, velléités de hausse des prix au mépris de la réglementation, conjoncture actuelle, etc.), jamais il n’a été relevé une seule communication du Ministre chargé du Commerce en Conseil des Ministres.
Cette situation s’explique, en grande partie, par ses absences répétées du territoire national et révèle son désintérêt manifeste sur les sujets qui interpellent directement son Département. Pire encore, elle traduit une incapacité notoire à s’autosaisir de ces questions pour défendre des positions techniques en vue d’apporter au Gouvernement et à l’opinion nationale des éléments d’information objectifs et clairs.
Comment comprendre les instructions du Chef de l’Etat relevées dans le communiqué du Conseil des Ministres du 11 janvier 2017 ? En effet, le Président de la République « invite le Premier Ministre à lui faire parvenir un rapport exhaustif sur les effets économiques et sociaux de cette mesure de haute portée sociale, et à relancer les travaux de la Commission ad hoc sur le suivi des loyers… ». Et pourtant, un atelier sur la question regroupant tous les acteurs à divers niveaux d’implication avait été tenu depuis le 18 Octobre 2016.
Le Chef de l’Etat a également rappelé au « Gouvernement les mesures fortes qu’il a prises et qui ont permis d’assurer la baisse des prix des denrées et produits de première nécessité, d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages et de redynamiser la production nationale de riz et de céréales ».
Aussi, dans une perspective de consolidation de cette dynamique, le communiqué du Conseil des Ministres soutient-il le renforcement de l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) pour « l’anticipation et la correction des distorsions portant sur la distribution des denrées alimentaires de consommation courante ».
Le SYNACOM salue et encourage toute forme d’amélioration des conditions d’intervention de cette Agence dont le combat de ses agents a toujours été le sien. A ce titre, le Syndicat a appelé l’attention du Ministre, à travers la lettre restée sans suite sur la précarité de la situation du personnel et des ressources très modestes allouées à l’Agence.
L’appui de l’Agence est aujourd’hui plus que d’actualité compte tenu de l’ampleur de ses responsabilités définies dans le décret n° 2013-997 du 16 juillet 2013 et de la modestie de ses moyens juridiques, matériels et humains.
Il est, en effet, particulièrement attendu de l’Etat qu’il apporte tout son soutien à ladite agence afin qu’elle surveille étroitement les marchés des produits céréaliers et contribue essentiellement à la promotion de la commercialisation de la production notamment agricole par l’implantation, le renforcement et la densification d’un tissu moderne d’infrastructures de stockage en adéquation avec le vaste programme d’autosuffisance alimentaire décliné dans le Plan Sénégal Emergent.
Même si la dénomination « Agence de Régulation des Marchés » peut être à l’origine de certaines confusions, le Gouvernement a fait des amalgames dans la reconnaissance des rôles et des compétences qui reviennent de droit aux différents démembrements du Département du Commerce, notamment la Direction du Commerce intérieur et l’ARM.
Malheureusement, en voulant conférer à l’ARM des prérogatives qui ne relèvent pas de ses attributions, le Gouvernement nous impose le devoir et la responsabilité de lever certaines équivoques.
Depuis des décennies, la Direction du Commerce intérieur, en parfaite adéquation avec les missions qui lui sont confiées, a toujours :
  • préparé, et ce, à titre principal, tous les dossiers ayant débouché sur l’homologation et la baisse des prix des produits de grande consommation ;
  • assuré la surveillance permanente du marché sur l’étendue du territoire national et la protection des consommateurs ;
  • travaillé, année après année, à l’approvisionnement correct et régulier du marché ;
  • veillé à la bonne mise en œuvre des mesures prises par le Gouvernement en la matière.
Le travail « d’anticipation et de correction des distorsions portant sur la distribution des denrées » relève donc exclusivement des attributions de la Direction du Commerce intérieur qui, depuis plus de quarante ans, s’est toujours acquittée correctement de cette tâche malgré des moyens très limités, qu’elle partage d’ailleurs avec l’ARM en hébergeant ses antennes dans ses services régionaux et départementaux.
Cette confusion des rôles reste pour le SYNACOM inacceptable.
Par ailleurs, le Management du Ministre en charge du Commerce, pour un Département aussi stratégique, souffre de beaucoup d’insuffisances en particulier dans la gestion de certains dossiers et dans les rapports avec le SYNACOM et le personnel.
Les cas du Marché d’intérêt national et de la Gare des gros porteurs méritent une attention particulière. Comment comprendre, après tous les efforts consentis pour ces projets phares du PSE (les seuls initiés par notre département et concrétisés à l’état actuel) que la gestion soit maintenant confiée à une autre structure, excluant de facto le Ministère de l’exécution dudit plan.
En outre, après avoir consacré une grande partie du budget 2016 à l’acquisition d’un véhicule neuf, sans raison objective, le Ministre s’est permis d’affecter, comme il l’avait déjà fait, des véhicules à des personnes et des structures qui n’ont aucune relation avec l’Administration du Commerce, au mépris des dispositions règlementaires en vigueur. En attestent les véhicules distribués systématiquement au personnel politique et à sa famille en priorité au détriment des services techniques et des agents.
Ces actes ainsi posés prouvent encore une fois l’érection du clientélisme politique en mode de gestion mais consacre surtout le manque d’égards et de considération vis-à-vis des agents du Commerce.
Cette attitude se traduit aussi dans l’exclusion des cadres dédiés à l’Administration du Commerce dans le choix du personnel de direction des agences sous tutelle du département.
Au-delà de ces actes, le SYNACOM s’insurge énergiquement contre l’absence de réactions du Ministre après les courriers qui lui ont été transmis depuis le mois de mai 2016notamment :
- le mémorandum sur le manque notoire de moyens de la Direction du Commerce extérieur ;
- la lettre d’information et de demande d’arbitrage sur la situation du personnel de l’Agence de Régulation des Marchés.
Dès lors, le Bureau du SYNACOM rappelle au Ministre en charge du Commerce que cette posture ne milite pas en faveur de l’apaisement du climat de travail et de l’atteinte des objectifs assignés au Département. Il se réserve, en outre, le droit d’engager toutes les actions appropriées afin de redonner confiance et dignité aux femmes et aux hommes qui sont entièrement dévoués à l’Administration du Commerce.
 
 
Mardi 21 Février 2017
Dakar actu




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