Frontière Sénégal/Gambie - Mamadou Boy Diallo: Un chef de quartier au chevet des réfugiés

Le flux des réfugiés ne faiblit pas à Karang. Ils continuent d’arriver et pas plus tard que ce mardi, le chef du quartier le plus prisé, a accueilli des citoyens Sierra-léonais.


Mamadou Boy Diallo n’a plus une minute pour lui. Ce sexagénaire doit se démener comme pas possible pour loger ce torrent de réfugiés qui s’abat sur Santhie Sady. Le quartier le plus proche de la frontière. Dès qu’il a reçu un appel d’urgence du maire, Dioguine Gomis, le délégué de quartier prend un taxi-jakarta et rejoint le premier magistrat de la ville au Garage de Dakar. Là, l’attend une famille Sierra-Léonaise qui vient de débarquer et qui ne sait plus où donner de la tête. Dans leurs regards, on lit la peur. L'angoisse. Dès qu’il nous aperçoit, le chef du groupe, un homme d’une cinquantaine d’années sort de ses gonds. Il ne veut surtout pas être filmé. « Je ne veux pas avoir de problème en Gambie. J’ai fui la Sierra Léone à cause de la guerre civile, me voilà encore obligé de faire la même chose. Je ne suis là que pour trois jours, histoire de voir comment va évoluer la situation », supplie-t-il. 

Dans 48 heures, le président élu de la Gambie, Adama Barrow doit prêter serment. Seul hic : Yahya Jammeh s’accroche au pouvoir et ne semble pas ébranlé par les menaces de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui n’exclue pas d’employer la force pour l’obliger à partir.

Mamadou Boy Diallo affrète deux charrettes. La famille sierra-léonaise s’y connait peu avec ce moyen de transport mais n’a pas le choix. Tout le monde monte à bord, direction, une destination inconnue. Nous les suivons. Sur le trajet, l’une des filles tombe de la charrette. Nous l’aidons à se relever et la prenons avec nous pendant que ses parents ne sont pas encore fixés sur leur destination finale. Ce sera une maison abandonnée dans un coin perdu de Karang. Là, il n’y presque pas le minimum. Ni électricité, ni eau. Mais ils ont Mamadou Boy Diallo à leur chevet. Très dynamique, il ne se reposera que lorsque ces invités qui viennent de loin auront bien emménagé. Le temps de leur chercher des nattes, puisqu’ils ne peuvent se payer le luxe de réclamer des matelas, il accorde quelques minutes à Dakaractu. Pour un entretien au cours duquel il avoir reçu depuis le début de la crise gambienne 650 personnes dans son quartier (à la date du 13 janvier, 365 ont été dénombrés). Et ce chiffre risque d’aller crescendo car à mesure que la date fatidique du 19 janvier approche, les villes gambiennes se vident des âmes qui y vivent. Sans exagération aucune, le délégué de quartier de Santhie Sady fait savoir qu’il n’y a pas de famille qui n’a pas accueilli au bas mot, 20 réfugiés. Alarmant ! Il n’attend pas notre question pour demander l’aide de l’Etat du Sénégal. « Nous avons besoins de matelas et de vivres », quémande le vieux Diallo qui adresse ses doléances au chef de l’Etat, Macky Sall. 



Mardi 17 Janvier 2017




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