FIFA : ce que l'on sait des accusations de corruption contre l'instance du football international


FIFA : ce que l'on sait des accusations de corruption contre l'instance du football international
FOOTBALL - Un immense scandale en puissance. Neuf élus de la Fifa et cinq partenaires de l'instance mondiale du football ont été inculpés ce mercredi 27 mai de corruption, racket et blanchiment à New York. Accusés d'avoir reçu ou distribué plus de 150 millions de dollars depuis 1991, pour les droits de diffusion de tournois internationaux, sept d'entre eux ont été arrêtés à Zurich, ville où siège la Fifa. Ils risquent jusqu'à 20 ans de prison.

Pas directement inquiété, Joseph Blatter fait toujours figure de favori pour se succéder à lui-même à l'élection pour la présidence de la Fifa censée se tenir... vendredi 29 mai. Mais l'UEFA a réclamé en début de soirée un report de six mois du scrutin. "C'est un moment difficile pour le football, les supporteurs et la Fifa", a réagi "Sepp" Blatter, qui a ajouté: "nous nous assurerons que ceux impliqués seront exclus du jeu".

L'organisation a d'ailleurs répliqué en suspendant provisoirement 11 de ses responsables, dont son vice-président Jeffrey Webb, qui faisait partie des sept personnes interpellées mercredi matin. Report de l'élection ou pas, il s'agit en tout cas d'un séisme, d'autant que les 14 inculpations annoncées à New York ne sont "que le début", selon les autorités américaines, qui ont dénoncé des années de corruption ayant notamment entaché les Mondiaux 1998 et 2010. Retour sur une journée-cauchemar pour l'instance mondiale du foot:

Série d'arrestations à Zurich

Tout a commencé mercredi vers 6h du matin, lorsque des policiers suisses opérant à la demande des autorités américaines se sont présentés à l'hôtel de Zurich où sont logés les principaux dirigeants de la Fifa. Ils y ont interpellé sept élus de la Fifa, soupçonnés d'avoir frauduleusement accepté des dizaines de millions de dollars des années 1990 à nos jours. Les suspects ont été placés en détention et font l'objet d'une demande d'extradition américaine. Seul un des interpellés a accepté la procédure d'extradition simplifiée, selon le ministère suisse de la Justice.

Au total, neuf élus actuels ou passés de la Fifa et cinq partenaires de l'instance mondiale du football ont été inculpés de corruption, racket et blanchiment à New York, accusés d'avoir reçu ou distribué plus de 150 millions de dollars depuis 1991, pour les droits de diffusion de tournois internationaux. Parmi les dirigeants visés figurent Jeffrey Webb (Iles Caïman), Eugenio Figueredo (Uruguay), tous deux membres du comité exécutif, et Jack Warner (Trinité-et-Tobago), ex-membre du comité exécutif.

Déjà impliqué dans de nombreuses affaires de corruption, ce dernier s'est dit "innocent" tout en soulignant que "ces actions internationales coordonnées arrivent à un moment où la Fifa se réunit pour des élections afin de choisir un président qui est universellement détesté par la communauté internationale". Selon les autorités américaines, le Trinidadien a notamment sollicité et obtenu des pots-de-vin dans le cadre du processus d'attribution du Mondial 1998, organisé en France.

Les Etats-Unis en pointe, le Mondial 2010 ciblé

Les interpellations ne sont "que le début" de l'offensive lancée par la justice américaine, a prévenu le procureur fédéral de Brooklyn Kelly Currie. Signe de l'ampleur du coup de filet, la ministre de la Justice des États-Unis, Loretta Lynch, a elle-même accusé en conférence de presse les personnes poursuivies d'avoir "corrompu les affaires du football mondial pour servir leurs intérêts et pour s'enrichir personnellement".

Cette ancienne procureure fédérale, qui s'était déjà penchée sur le dossier Fifa, a lâché une nouvelle bombe, concernant cette fois le Mondial 2010 en Afrique du Sud: "Même pour cet événement historique, des dirigeants de la Fifa et d'autres ont corrompu le processus en utilisant des pots-de-vin pour influencer la décision d'attribution" de la Coupe du monde à un pays africain pour la première fois. "Il ne s'agit que d'allégations", a réagi Dominic Chimhavi, porte-parole de la Fédération sud-africaine.

Le même jour, le siège de la Confédération d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), situé à Miami, a été perquisitionné par des policiers du FBI. De son côté, la Russie n'a pas apprécié cette offensive américaine et a officiellement demandé à Washington de "mettre fin à ses tentatives d'exercer la justice bien loin de ses frontières".

Perquisition à la Fifa

Dans une procédure distincte, le parquet suisse a annoncé avoir saisi des documents électroniques au siège de la Fifa à Zurich, dans le cadre d'une procédure pénale contre X pour soupçon "de blanchiment d'argent et gestion déloyale" entourant les attributions des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Cette procédure, ouverte depuis le 10 mars, n'avait pas été rendue publique jusqu'à mercredi.

Selon Walter De Gregorio, le directeur de la communication de la Fifa, envoyé au front pour une conférence de presse en fin de matinée, cette perquisition est liée à la plainte déposée le 18 novembre par la Fifa pour des soupçons de "transferts internationaux de patrimoine". "Ce n'est pas un jour agréable, mais c'est aussi un bon jour, car les choses avancent et nous avons hâte d'avoir des réponses", a affirmé Walter De Gregorio.

Ce dernier a en outre assuré que la Fifa coopérait "pleinement" avec les autorités suisses et américaines. "C'est bien pour la Fifa. Pas en terme d'image, mais en ce qui concerne le ménage que nous avons entrepris ces dernières années", a-t-il insisté.

Le scrutin présidentiel menacé?

La Fifa est ébranlée, mais pas question pour autant de reporter le scrutin présidentiel prévu vendredi, puisque Joseph Blatter et son secrétaire général Jérôme Valcke "ne sont pas impliqués" dans cette affaire. "Joseph Blatter est concentré sur le congrès et il reste relativement détendu", a affirmé Walter De Gregorio. "Ça ne veut pas dire pour autant qu'il danse dans son bureau. Il n'est pas un homme heureux aujourd'hui".

Vendredi, "Sepp" Blatter est censé briguer un cinquième mandat à la tête de la richissime et surpuissante Fifa, secouée depuis le début de son règne en 1998 par une série de scandales, notamment liés à l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022. Michel Platini, président de l'UEFA, a renoncé l'an passé à se présenter face à lui. La semaine dernière, l'ancien Ballon d'Or portugais Luis Figo et le président de la Fédération néerlandaise Michael van Praag ont aussi abandonné.

Ne reste qu'un rival, aux chances minimes, le prince jordanien Ali bin Hussein. Celui-ci a estimé dans un communiqué que la Fifa avait besoin d'"un leadership qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui. La crise dure depuis longtemps, elle ne se limite pas à ce qui s'est passé aujourd'hui". Le report réclamé par le Comité exécutif de l'UEFA ne devrait pas contribuer à apaiser les tensions.

Le HuffPost avec AFP
Mercredi 27 Mai 2015




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