Ferrafenni : Quand la souffrance des passagers sénégalais constitue un levier économique pour la Gambie


Ferrafenni : Quand la souffrance des passagers sénégalais constitue un levier économique pour la Gambie

 

Le Sénégal se souvient. De retour de Banjul suite à un voyage officiel, le Premier ministre d’alors, M. Idrissa Seck, avait tenu à s’adresser aux Sénégalais pour leur dire qu’il avait  dans ses valises un beau cadeau à leur livrer. Les dictaphones et les caméras de la presse nationale et internationale sont mis en marche. Le peuple retient son souffle ! Et la bonne nouvelle tombe du ciel comme un gigantesque cadeau : « La Gambie a donné son accord pour que le pont transgambien reliant nos deux pays, soit construit d’ici à 2005 » avait révélé l’ancien Premier ministre sous Wade avec un large sourire. À l’époque, Idrissa Seck avait de quoi s’enflammer puisque le régime libéral de Me Wade venait de  décrocher un accord inédit  qu’aucun gouvernement du Sénégal indépendant n’avait jamais pu signer avec la Gambie : la construction d’un pont à péage, une passerelle stratégique et  économique reliant le Sénégal et la Gambie afin de régler définitivement le problème de la mobilité et de la circulation des personnes et biens. Plus de dix ans après, « fouraazzz » !  Au contraire, le cadeau synonyme d’un lourd fardeau a fini par s’écraser sur nos têtes. Le président gambien Yaya Jammeh est encore une fois passé par là ! Sous Diouf comme sous Wade et Macky Sall, le régime de Yaya Jammeh a encore une fois puisé dans son puit intarissable de subterfuges pour torpiller les accords bilatéraux avant de dynamiter la maquette de ce « pont à péage ». Un ouvrage qui ne verra jamais le jour ! Et pourtant,  la Banque africaine de Développement (Bad) et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao ) ainsi que d’autres partenaires au développement avaient bouclé les études de faisabilité et les dossiers de financement pour l’exécution de ce projet d’intégration sous-régionale de grande envergure. En effet, en lieu et place de ce fameux ferry ou bac qui sert pour la traversée du fleuve Gambie, un gigantesque pont à péage devait être construit. À l’entrée de la Gambie comme à la sortie du Sénégal, le pont devait être doté de deux guichets uniques permettant aux véhicules et passagers gambiens et sénégalais de payer le prix de la traversée. Outre ce pont à péage, la Cedeao avait décidé également de  réhabiliter les routes entre Senoba et Ziguinchor qui s’étendent sur 130 km. De même que les routes reliant Farafenni et Senoba, une localité située en Gambie. Hélas, ces travaux estimés à plus 50 milliards fcfa  et qui devaient favoriser la libre circulation des personnes et des biens entre le Sénégal et la Gambie, le président Yaya Jammeh n’en veut pas ! Il n’en a cure même si ces projets favorisent de manière considérable l’intégration régionale et s’inscrivent en droite ligne  des  priorités  de  la Cedeao visant à connecter les routes transafricaines. Sourd, muet, aveugle, le président Jammeh ne veut rien comprendre. Pour lui, son ferry ou  « ndiaga-ndiaye » flottant est un outil de souveraineté.  Enfermée  dans un carcan d'espace socio-économique aussi étroit qu’une région sénégalaise, la Gambie ignore que les Etats du monde sont appelés à dépasser leurs limites géographiques étroites pour se développer. Ce qui est valable pour les Etats l’est aussi pour les sociétés. En effet, n’a-t-on pas vu, pour ne prendre que le seul secteur du transport aérien, des compagnie nationales comme Air France, British Airways, Iberia, Sabena etc. qui symbolisent la souveraineté de leurs pays respectifs, nouer des partenariats avec d’autres compagnies étrangères pour mieux conquérir le monde ?  À plus forte raison une carcasse de ferry  comme celui de la Gambie ! Seulement voilà, pour Yaya Jammeh, ce ferry n’est rien d’autre qu’un instrument de chantage dès lors qu’il reste incontournable pour de nombreux passagers sénégalais à destination ou en provenance de Ziguinchor. Pis la traversée transgambienne est  un véritable casse-tête chinois pour les usagers sénégalais victimes de  diverses tracasseries avec les multiples taxes et autres mauvais traitements auxquels ils sont soumis. Quotidiennement. Rien que pour la traversée, ils peuvent passer  plus de deux journées et une nuit à Ferrafenni. Tantôt la frontière fluviale est fermée, tantôt le ferry a arrêté ses rotations. Une situation qui oblige certains passagers sénégalais à dépenser tout leur argent dans les marchés et hôtels gambiens pour pouvoir survivre dans l’attente d’une  éventuelle traversée. Comme quoi, la souffrance des passagers sénégalais constitue un véritable levier économique pour la Gambie. Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, nous sommes convaincus que le projet de ce pont à péage ne sera jamais réalisé sous le régime de Yaya Jammeh. Un blocage qui montre et démontre la faiblesse de la Cedeao dont la force ne se résume qu’à travers les sommets, les  palaces et les banquets où il y a à manger et à boire… Et des perdiem et frais de mission à toucher !

PAPE NDIAYE

ARTICLE PARU DANS « LE TEMOIN » N°1151 - HEBDOMADAIRE SENEGALAIS / FEVRIER 2014
 

Dimanche 2 Février 2014




1.Posté par Abdoun le 02/02/2014 14:01
Construire une autoroute qui part de Tamba-Kolda-Ziguinchor et aussi envisager l'erection d'une voie ferrée qui aura à peu prés le même itinéraire et vous verrez que ces Gambiens arrêterons de se foutre de nous,malheureusement nos dirigeants ne sont pas assez audacieux

2.Posté par NDIACKE le 02/02/2014 14:39
YALA NALA YALA FAY votre noble idée d'une vérité véridique et irréprochable.
C'est le gouvernement de MACKY qui doit nous venir en aide comme il l'a fait au loyer. Si Macky SALL et son gouvernement mettait sur pied avec priorité le projet de la route bien bitumée qui vire après Koungueul pour déboucher sur le pont Gouloumbou là le transporteur gagne 127 kms sur Tambacounda pour venir à Ziguinchor et cela permettrait au village sénégalais bordant la route de se développer rapidement et de faire sortir les populations de la précarité et de la pauvreté, à coup sûr. Pourquoi développer les populations de Gambie et laisser nos propres populations dans la pauvreté? Pourquoi ne pas faire voyager le sénégalais à l'intérieur de son pays comme cela se fait dans tous les pays du monde? Partez au Mali ou au Ghana ou au Nigeria, le citoyen fait des centaines de kilomètres à l'intérieur. Si le Président Macky SALL mettait seulement le projet sur pied et bannir l'axe de la GAMBIE, je ne dis pas tout mais la majeure partie votera pour sa réélection en 2017 plus les satisfaits des loyers et LA VICTOIRE EST ASSUREE EN 2017.

3.Posté par 2pac le 02/02/2014 19:38
Qu avons ns fait depuis 1960 jusqu aujourd hui pour joindre nos villes,regions et c....(avec des autoroutes)sans compter sur les autres?Voila la question qu on devrait se poser?Yaya n a jamais voulu de ce pont,donc la solution etait tte trouvee.contourner la Gambie avec une autoroute.

4.Posté par DJIBRIL le 03/02/2014 14:42
J'avais 19 ans quand j'ai traversé avec le bac de farafeni pour aller en CasamanceAujourd'hui,j'en ai 70 et j'aimerais beaucoup l'emprunter à nouveau.



Dans la même rubrique :