Ferguson : un deuxième Noir tué par la police

Alors que Ferguson est le théâtre d'émeutes depuis qu'un policier a tué un jeune Noir, un homme armé d'un couteau a été tué mardi à Saint-Louis.


Ferguson : un deuxième Noir tué par la police
Pour la deuxième fois en dix jours, la police de l'agglomération de Saint-Louis, dans le Missouri, a abattu un jeune Noir, ce qui a de nouveau suscité une avalanche de critiques sur les méthodes très musclées des forces de l'ordre et ne va pas aider à la "réconciliation" tant souhaitée. La fusillade s'est produite à quelques kilomètres de Ferguson, où un policier blanc a blessé mortellement le 9 août Michael Brown, un jeune Noir de 18 ans non armé, dans des circonstances toujours pas claires, ce qui a déclenché de très violentes manifestations.
Selon le chef de la police de Saint-Louis, Sam Dotson, l'homme, âgé de 23 ans, a volé deux canettes de boisson énergétique puis est sorti de la supérette avant d'y rentrer de nouveau pour s'emparer, toujours sans payer, d'un paquet de muffins. Dans la rue, il s'est ensuite, toujours selon Sam Dotson, citant des témoins, comporté "de façon erratique", faisant les cent pas dans la rue et parlant tout seul. Quand l'employé est sorti du magasin, l'homme a jeté les gâteaux sur la chaussée. Lorsque les policiers sont arrivés, l'homme s'est approché de leur voiture, a mis ses mains à sa ceinture et a sorti un couteau. Les deux policiers ont dégainé et lui ont intimé l'ordre de lâcher son arme, mais il a continué à avancer, toujours selon la version de Dotson, en criant "tirez-moi dessus, tuez-moi maintenant" avant de se précipiter vers eux. Ils lui ont alors tous les deux tiré dessus plusieurs balles, le touchant mortellement. "Il s'est fait suicider par un policier, c'est ainsi que l'a décrit un des témoins", a résumé Sam Dotson. Une conseillère municipale qui se trouvait à proximité a déclaré dans un communiqué : "Les faits que le chef de la police Dotson a résumés correspondent à ce que j'ai vu et ce que j'ai raconté à la police."

"Pas de justice, pas de paix"

Antonio French, un édile de Saint-Louis, a appelé au calme. "La dernière chose dont nous avons besoin, ce sont des violences dans notre quartier. Ne faites pas les idiots." Mais la foule de quelques centaines de personnes qui s'est rassemblée près du lieu de la fusillade n'a pas caché sa colère, dénonçant une fois de plus l'usage excessif de la force pour neutraliser un homme brandissant une arme blanche. "On n'a pas besoin de tirer si on a un Taser et que le type a un couteau", a dit l'un des badauds. "Vous tuez, vous tuez, vous tuez parce que vous avez un flingue", a renchéri un autre. Face à un gros déploiement policier, beaucoup dans la foule se sont mis à scander le slogan de toutes les manifestations ces derniers jours : "Les mains en l'air, ne tirez pas" et "Pas de justice, pas de paix".
Sam Dotson, sans doute pour apaiser les tensions et éviter les bourdes de son homologue de Ferguson qui a très mal communiqué sur la mort de Michael Brown, a tweeté l'annonce de la fusillade et s'est adressé sur les lieux à la foule houleuse. Mais lorsqu'on lui a demandé pourquoi les policiers n'avaient pas utilisé de Taser alors que la situation dans le coin est déjà explosive, il a suscité la fureur du public en répondant : "Je pense que la sécurité de l'officier de police est la priorité." Une jeune femme a alors hurlé : "Pourquoi les vies des flics sont-elles plus importantes que celles des autres ?" C'est dans ce climat explosif qu'est attendu ce mercredi à Ferguson le ministre de la Justice Eric Holder.
Le Point.fr -
 
 
Mercredi 20 Août 2014




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