FIFAGATE : Nouveaux rebondissements à Zurich ?


Trois mois et demi après le début du scandale du Fifagate, l'instance dirigeante du football mondial se retrouve à nouveau au cœur de l'actualité ce lundi 14 septembre. Une conférence de presse très attendue se tient à Zurich, en Suisse, à 15 heures. La ministre de la justice américaine, Loretta Lynch, et le procureur général suisse, Michael Lauber, feront le point sur leurs enquêtes respectives.

Une conférence commune, mais deux investigations bien distinctes. Celle venue des Etats-Unis, d'abord, s'intéresse aux faits de corruption et est à l'origine du coup de filet du 27 mai dernier. C'est aussi celle qui semble le plus avoir progressé. Depuis le mois de mai, 14 personnes ont été inculpées, dont 9 membres de la FIFA. Plusieurs d'entre eux retardent ou refusent pour le moment leur extradition vers les Etats-Unis. Trois ont quand même pu être entendus par la justice américaine. C'est le cas de Jeffrey Webb, l'ancien président de la Concacaf (Confédération d'Amérique du Nord, d'Amérique Centrale et des Caraïbes). Il a plaidé non-coupable et sera de nouveau devant le juge le mois prochain. D'autres inculpations ne sont pas à exclure et certaines pourraient être annoncées aujourd'hui. Les enquêteurs américains ont en tout cas promis qu'ils ne s'arrêteraient pas là...

Quant à l'enquête Suisse, plus restreinte -elle s'intéresse surtout aux conditions d'attribution des Coupes du Monde - on sait déjà que 81 cas suspects de blanchiments d'argent ont été signalés. C'est encore assez maigre mais là aussi on pourrait en apprendre davantage ce lundi.

Les Mondiaux de Russie et du Qatar menacés ?

Si des informations venaient alors prouver des fraudes dans l'attribution des deux prochains Mondiaux, en 2018 en Russie, et en 2022, au Qatar, une délocalisation de ces compétitions pourrait être envisagée. C'est ce qu'avait dit au mois de juin Domenico Scala, le président de la Commission d'audit et de conformité, l'homme fort du moment à la Fifa. Mais dans les faits, ça semble beaucoup plus complexe. Pim Verschuuren est chercheur à l'IRIS, spécialiste des questions de gouvernance dans le sport. Lui ne croit pas vraiment en cette possibilité.

« C'est une décision difficile et très politique, explique Pim Verschuuren. Elle ne pourra sans doute pas être prise avant l'élection du nouveau président, en févier 2016. Nous serons alors à deux ans de la Coupe du Monde que la Russie doit organiser. Même pour le Qatar, cela semble compliqué, les stades sont en construction, les contrats ont été signés, pour la plupart, et les championnats européens sont en train de préparer leur réforme pour s'adapter au calendrier [ndlr : cette Coupe du Monde devrait se jouer en hiver]. Je vois donc mal la Fifa revenir en arrière, également pour des questions d'images, vis-à-vis de ses partenaires commerciaux dont les intérêts sont nombreux dans ces mondiaux ».

Blatter dans le viseur de la justice ?

Sepp Blatter n'a, jusque-là, jamais été inquiété judiciairement. Le président-démissionnaire de la FIFA ne serait pas visé par l'enquête interne, ni par l'enquête américaine... Le Suisse est d'ailleurs plutôt vu comme quelqu'un qui subit la corruption, généralisée dans plusieurs confédérations. Une première pierre dans son jardin cependant : la semaine dernière, une télévision helvétique a révélé qu'il aurait bradé des droits de diffusion (pour la zone Concacaf) des deux derniers mondiaux. Cela pourrait donc changer son cas.

Mais pour Pim Verschuuren, annonces spectaculaires ou pas, l'objectif de la conférence prévue à Zurich est d'abord de maintenir la pression sur les coupables. « Ce qui est important, c'est de montrer que ces instructions progressent et se prolongent, c'est sans doute le but de ce rendez-vous, poursuit le chercheur de l'IRIS. Il y a également une volonté de montrer que les espoirs de réforme de la FIFA et de punitions des malfaiteurs ne dépendent pas que du travail interne à la FIFA, notamment des commissions d'audit et de réforme. Ces dernières ne sont pas nouvelles et n'ont jamais rien apporté. Avec la démonstration de leur activité, les enquêteurs suisses et américains veulent siffler la fin de l'impunité ».

Le ménage est donc loin d'être fini à la Fifa et la tâche s'annonce rude pour celui qui récupérera le siège de Sepp Blatter. L'élection du nouveau président, pour laquelle le Français Michel Platini est le grand favori, est prévue le 26 février 2016.

RFI

Lundi 14 Septembre 2015




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