Etude Timbuktu Institute : Pourquoi les tendances « rassurantes » ont été occultées ?


Etude Timbuktu  Institute : Pourquoi les tendances « rassurantes » ont été occultées ?

Au-delà des apparences, la banlieue n’est pas séduite par la tendance djihadiste. En effet, l’étude de Timbuktu Institute réalisée dans ces quartiers défavorisés a révélé que 90,3% de leurs jeunes, dont l’âge est compris entre 18 et 35 ans, ne sont pas partants pour le djihad.

D’après la chargée des Relations publiques de Timbuktu Institute, « beaucoup de commentaires malveillants, suite à la publication de l’étude, provenaient surtout de personnes qui nous ont même avoué n’avoir pas lu le rapport au préalable et étaient dus à une mauvaise exploitation et interprétation de ses résultats ». D’ailleurs, tient à préciser Mame Seyni Mbaye, « Nous sommes un institut responsable, attaché à l’éthique et à la déontologie dans le travail de recherche scientifique et tenons comme tout le monde à la sécurité de notre pays tout en assumant d’être une structure de veille et d’alerte », rappelle-t-elle. « Les plus hautes autorités du pays ont reçu un exemplaire du document final accompagné d’une note et des recommandations opérationnelles à mettre en œuvre pour consolider les acquis considérables du Sénégal en termes de résilience communautaire ».

Elle explique, par ailleurs, que « le fameux taux de 45% exagérément avancé par certains organes est celui de ceux qui estiment que c’est la pauvreté et le chômage qui sont la cause de la radicalisation et non celui de ceux qui seraient prêts à s’engager. Ce ne serait même pas logique !», déplore t-elle.

Pour Dr. Bakary Sambe qui a dirigé cette étude, « il faut louer le courage, la patriotisme et la lucidité des jeunes de banlieue loin de toute stigmatisation  car malgré la précarité avec 36% de chômage 90,3% de ces jeunes n’ont pas l’intention de s’engager dans un groupe qui défend l’Islam dit « radical ».

Malgré quelques « inquiétudes » notamment, la désaffection par rapport aux hommes politiques et au système éducatif, 76,7% parmi les jeunes se mobiliseraient pour convaincre l’une de leur connaissance qui aurait décidé de s’engager dans un groupe extrémiste d’abandonner. Ces tendances rarement évoquées dans les différents médias sont pourtant nettes dans l’enquête réalisée par Timbuktu Institute sur « Facteurs de radicalisation : perception du terrorisme chez les jeunes dans la grande banlieue de Dakar ». Elle a été menée du 1er au 07 juillet 2016 grâce à un questionnaire Cap (Connaissance, Attitudes et Pratiques) de près de 40 questions.

L’objectif de ce travail, soulignent les responsables de l’institut, était de « contribuer à comprendre les facteurs conduisant à la radicalisation religieuse des jeunes et à évaluer ce qu’ils pensent du phénomène terroriste mais surtout d’offrir des outils pour des mesures efficientes notamment en termes de prévention afin de compléter l’approche sécuritaire très souvent insuffisante »

Vingt-cinq enquêteurs, ayant au minimum la licence, ont été mobilisés pour intervenir dans la banlieue dakaroise de Guédiawaye, Pikine, Fadia, Keur Massar, Diamaguène, Diakhaye, Parcelles Assainies, Sicap Mbao, Thiaroye et Diacksao. Selon toujours le rapport, 89,7% des personnes sondées estiment que les confréries au Sénégal représentent bien l’Islam. Pour 63,7% des jeunes, leur message convient parfaitement. A cet égard, il faut noter que pour 39% des jeunes, les chefs confrériques sont capables, grâce à leurs prières et leur « baraka », de prémunir le pays du terrorisme.

L’étude a aussi montré que face à un prêche virulent, 34% des jeunes de la banlieue décideront de ne plus fréquenter la mosquée incriminée, 20% d’avertir les autorités et 17% de s’en ouvrir à des amis. « Ces tendances rassurantes n’ont pas eu l’air d’agréer certains groupes apparemment », estime Mlle Mbaye. Malgré tout, 7% continuent de croire que si les propos de quelque nature que ce soit viennent d’un Imam, c’est forcément du solide, ce qui met en exergue le rôle que cette catégorie pourrait jouer dans le renforcement des résiliences communautaires, d’après les rédacteurs du document en ligne sur le site de l’Institut.

Sur le système éducatif, les enquêtés ont aussi exprimé leurs préférences. Le système éducatif actuel est marqué par une dualité entre l’école dite « française » privée ou publique, d’un côté et, de l’autre, l’école coranique privée ou publique, sans parler des variantes au sein de cette catégorie d’écoles, notamment par l’existence d’écoles dites franco-arabes plus modernes. Toutefois, le fait de fréquenter concomitamment l’école française et l’école coranique semble très prisé des Sénégalais. 89,3% des répondants feraient ce choix. Cependant, l’enseignement publique sénégalais, à travers l’école dans son format actuel, ne requiert que 15% de satisfaction alors que près de 48% se disent très peu satisfaits.

L’étude a, par ailleurs, conclu dans ses recommandations, qu’il fallait une grande initiative en faveur des diplômés de l’enseignement arabe qui, d’après Bakary Sambe, le directeur de l’Institut, « ne rejettent pas leur pays et ses institutions, mais expriment plutôt un désir insatisfait d’une plus grande inclusion qui tarde à venir »

Pour Mouhamadou Moustpaha Bâ, en charge du Pôle « Intelligence stratégique et Alerte précoce », cette étude qui démontre que les jeunes Sénégalais dans leur écrasante majorité, rejettent les thèses du radicalisme « dérange certains », surtout lorsqu’elle révèle que tous les groupes salafistes confondues ne représentent que 3 et 4% des jeunes qui déclarent y adhérer.

Bâ rappelle, d’ailleurs, que « les questionnaires et tous les supports qui ont abouti à ces conclusions restent consultables par les chercheurs et acteurs qui voudraient se faire leur propre opinion sur cette étude, sa méthodologie et ses conclusions »

Vendredi 21 Octobre 2016
Dakar actu




1.Posté par sinduit le 21/10/2016 11:31
Ah je me disais vraiment
Rapport intéressant, espérons que les autorités vont écouter les experts
Bonne continuation et bon vent à Timbuktu Institut

2.Posté par Technocrate le 21/10/2016 18:01
Que des blabla commandités par vos bailleurs occidentaux.

3.Posté par dretiop le 23/10/2016 08:12
Les Senegalais sont bizarres. Des gens critiquent un rapport quils n.ont pas lu. Jai meme entendu un imam douter de la methodologie sur tfm et qui a finalement admis quil n.avait pas lu. Ah notre pays. Bon courage Bakary et son equipe. Cest bien d.avoir apporté ces précisions. Mais meme avant on n.etait pas dupes. L'Etat a du torpiller car les chiffres du chomage et de précarité genent certains. Le fait aussi que les salafistes ne representent que 3 a 4 % enervent certains. Tiens bon Pr. Laisse parler et travaille



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