Entretien exclusif avec Pape Diallo dit Zator Mbaye : « Je ne suis pas déçu… On essaie d’organiser une migration interne et c’est cela qui n’est pas acceptable… 2019 est déjà dans notre poche »

Au lendemain de la proclamation définitive des résultats des élections législatives du 30 juillet 2017 par le Conseil Constitutionnel, l’heure est au bilan.
Les 165 futurs députés qui vont siéger durant la 13e législature seront officiellement installés au mois de Septembre prochain. Parmi les grands absents, Pape Diallo dit Zator Mbaye,, responsable national des jeunes de l’AFP et de BBY. Dans cet entretien, il revient sur les législatives, son avenir politique, la vie et l’avenir de la coalition BBY et sur la présidentielle de 2019.


Entretien exclusif avec Pape Diallo dit Zator Mbaye : « Je ne suis pas déçu… On essaie d’organiser une migration interne et c’est cela qui n’est pas acceptable… 2019 est déjà dans notre poche »
Sur la victoire de BBY : « Aujourd’hui encore c’est BBY qui a gagné, l’opposition a perdu, mais il arrivera sûrement un jour où BBY perdra et l’opposition gagnera »
« C’est l’occasion pour moi de remercier nos concitoyens Sénégalais qui, encore une fois de plus, je dis bien encore une fois de plus, parce qu’il faut le rappeler, depuis 2012 BBY trône au-dessus de toutes les autres coalitions qui ont été en face d’elle à toutes les échéances électorales. Donc encore une fois, les populations nous ont fait confiance en nous créditant de ce taux important de députés. Il faut le dire 125 sur 165 c’est très important, ça permettra d’aborder le reste du 1er mandat du Président avec sérénité, avec calme parce que ces élections auront quand même réglé un problème en ce qu’elles permettent à chacun de rester à sa place et de montrer la suprématie de la coalition BBY, qui reste une coalition gouvernementale, une coalition programmatique différente des coalitions électorales ou même électoraliste. Je crois que même les étudiants gagneraient à faire une thèse sur la coalition BBY qui quand même a une longévité exceptionnelle presque cinq années avec cinq élections et à chaque fois elle en ressort ragaillardie, renforcée, grandie, galvanisée, toujours prête à affronter les échéances futures. 
Nous saluons cette décision du Conseil Constitutionnel, et c’est la loi qui vient encore une fois de consacrer ce que la commission nationale avait déjà annoncé.Et je crois que les uns et les autres ont pu en tirer les enseignements. Aujourd’hui, c’est BBY qui a gagné, l’opposition a perdu, il arrivera sûrement un jour où BBY perdra et l’opposition gagnera, c’est ainsi la vie, c’est le jeu politique! Et tous ceux qui ont perdu doivent savoir perdre dans la dignité et ceux qui ont gagné doivent savoir gagner dans l’humilité. Et je crois que BBY s’illustre toujours de fort belle manière avec tous ces leaders de grande envergure à la tête desquels le Président de la République que je félicite, car il a joué un rôle important dans le management général. Mais je voudrais aussi saluer et féliciter tous nos leaders, particulièrement le mien, le président Moustapha Niasse qui a joué un rôle très important, tout comme le Premier Ministre, tête de liste nationale, M. Mahammed B.A. Dionne, qui s’est illustré et qui a été selon moi, la belle surprise de la campagne. Je crois que les Sénégalais ont pu découvrir une autre facette de sa personnalité. »
 
Sur le faible quota de l’AFP à la 13ème législature : « Si aujourd’hui dans nos querelles, dans nos imprécations, dans notre lutte interne au sein de la coalition, nous parvenons à nous affaiblir, 2024 pourrait être difficile pour la coalition BBY »
« L’AFP aura 6 députés, ce qui est quand même déplorable. Moi, je ne fais dans la langue de bois et je crois en mon parti, j’aime mon parti, j’y travaille depuis une vingtaine d’années, et c’est comme un bébé pour moi. De 2012 à nos jours, aucune élection n’a pu consacrer le poids de chaque parti. Le dernier baromètre qu’on a pu avoir, c’est la présidentielle de 2012 et notre coalition BSS était sortie 3e  après Macky 2012 et les rapports ont toujours été de UN à DEUX. Je rappelle qu’à ces élections, Macky avait obtenu un plus de 26% et nous un peu plus de 13%, c’était ça les rapports. D’ailleurs ce qui a permis au Sénégal d’être stable, parce que la stabilité aujourd’hui de notre pays est surtout dûe à la force de la coalition. C’est une coalition qui a une base très large, avec des personnalités importantes telles que Moustapha Niasse, Ousmane T. Dieng. C’est la prouesse du président Macky Sall qui a su fédérer autour de lui tous ces leaders politiques qui l’accompagnent. 
Je rappelle que beaucoup de gens disaient qu’un certain leader est parti emportant 50 % de l’AFP. Ces élections ont été une réponse pour montrer ce que valent ces 50% de l’AFP. Nous, nous avions pu régler nos problèmes à l’interne. Une personnalité a voulu à un moment donné arracher les rênes du parti, nous l’avons réglé par le fait de nos textes. Nous avions dit et nous continuons de le dire qu’il est parti seul. D’ailleurs personne ne l’a encore vu avec une éminente personnalité de l’AFP à part quelques camarades qui sont partis avec lui. Si les gens pensent que le poids de Mr. Gakou est supérieur à  celui de Mr. Khalifa Sall, ils se trompent. Comparaison pour comparaison, l’AFP reste quand même ce grand parti qu’il a toujours été, avec son leader hégémonique et très sage qui essaie autant que faire se peut, d’être très discret dans l’accompagnement du chef de l’Etat. Il n’essaie pas de faire obstruction au chef de l’Etat, ou de se mettre à son niveau, parce qu’il comprend qu’il a un pouvoir qu’il doit gérer qui est le pouvoir législatif qui est chargé en la matière d’aider l’exécutif à développer ses politiques publiques. Raison pour laquelle le président Niasse est très discret dans tout ce qu’il fait. Et nous qui sommes chaque jour avec lui, il nous prépare à l’exercice futur du pouvoir. A l’AFP nous avons réglé notre problème, nous avons travaillé sur un plan stratégique sur 10 ans, c’est-à-dire un plan qui survive au président Moustapha Niasse et qui va même survivre à l’exercice du Président Macky Sall au pouvoir. Notre objectif n’est plus de garantir au président Macky Sall un second mandat, parce que nous sommes sûrs qu’il l’aura. Mais au-delà du second mandat nous travaillons pour que son successeur puisse provenir de la coalition BBY. Ce ne sera qu’à partir de ce moment que le PSE sera du concret. Si aujourd’hui dans nos querelles, dans nos imprécations dans notre lutte interne au sein de la coalition, nous parvenons à nous affaiblir, 2024 pourrait être difficile pour la coalition BBY. Le principe général dans une coalition c’est que tous les alliés soient renforcés, que tous les alliés soient forts, si tout le monde est fort, la coalition est forte. Cela ne sert à rien dans une coalition que Jean puisse affaiblir Paul et que Paul puisse tuer Jean, parce que finalement la force elle est statique. A lieu d’aller chercher des forces extérieures pour les amener dans la coalition, on essaie d’organiser une migration interne et c’est cela qui n’est pas acceptable. Mais je tiens à préciser qu’une coalition ne se mesure pas aux postes ou aux sinécures. Je donne un exemple, en 2012 l’AFP avait deux ministres dans le gouvernement, depuis 2013 nous n’en avons qu’un et personne n’a entendu l’AFP crier. Nous ne mesurons pas notre engagement à l’aune de postes ou de sinécures. Ce que nous voulons c’est que les uns et les autres travaillent à pacifier, à polir les rapports dans la coalition, qui est une coalition magnifique.
 
Sur son absence dans la 13ème législature : « Je ne suis pas déçu et je rends grâce à DIEU »
Je ne fais pas de fixation sur un poste de député, quand je venais ici j’avais un métier, j’étais délégué médical, je travaillais. Dieu a fait que parmi 14 millions de Sénégalais j’ai été choisi pour siéger dans la 12elégislature, dans ce bureau là, j’ai remplacé quelqu’un qui n’est plus député, au nom de quoi devais-je penser que personne ne pourrait me remplacer. Je demeure convaincu que dans cette 13e législature des députés valeureux, plus valeureux que Zator y siégeront parce que l’objectif dans une société est que chacun puisse jouer sa partition où qu’il puisse se trouver. Je ne me fais pas d’illusion, je ne suis pas du tout déçu. Dieu a voulu que mon mandat ne soit pas renouvelé, c’est la volonté divine. Et rassurez-vous je suis très bien dans ma peau, parce que je considère qu’il y a bien sûr une vie au-delà de la vie de député et le président Niasse m’a toujours préparé à çà. Donc je me suis préparé à çà, mon éducation personnelle aidant, ma foi aussi de musulman aidant, je considère que ma mission s’arrête là et d’autres viendront pour accomplir la leur.
 
Un conseil pour les députés de la 13ème législature : «  On ne peut jamais être bon si on n’apprend pas »
La première année d’un député c’est une année d’apprentissage, une année de repères. Il n’est bon qu’à la fin de la deuxième année. Je leur conseille d’apprendre. On ne peut jamais être bon si on n’apprend pas. C’est une fonction très intéressante, très formatrice. C’est un poste qui permet de connaitre beaucoup de choses. Je demeure convaincu que si les gens s’inscrivent dans la logique de la continuité de la 12e législature beaucoup de choses vont être faites. L’objectif n’est pas d’être en conflit permanent, mais d’être en osmose, en parfaite intelligence. L’assemblée ne construit pas d’hôpitaux, n’érige pas de routes, ne creuse pas de puits, mais permet au gouvernement de le faire. J’ai vu les listes, j’ai vu des personnalités importantes, le niveau sera sûrement relevé. Il y a des hommes et des femmes de valeur, d’anciens ministres, des hauts fonctionnaires, qui vont apporter leurs contributions. L’assemblée est une station qui permet à un homme politique de se mettre 
au service de sa nation. Je les invite à être plus présents parce que l’assemblée c’est la présence, être présent dans les commissions. Et si Wade en tant que doyen d’âge ne démissionne pas, ce sera lui qui présidera la session inaugurale. Ce sera une belle occasion pour lui, c’est notre grand père, le Sénégal sera l’attraction du monde. Nous l’appelons justement à beaucoup plus de mesure, c’est l’image du Sénégal qui est en jeu. C’est un jour important où toutes les caméras seront braquées sur le Sénégal et naturellement, il doit donner l’exemple. Je lui lance un appel de petit-fils pour que notre grand-père puisse donner un tonus très fort pour que le Sénégal puisse aller de l’avant.
 
Sur la présidentielle de 2019 : « Elle est déjà dans notre poche »
« Il y a toujours une différence entre la présidentielle et les législatives. Entre les deux il y a toujours 15 à 20 points de différence. Une élection présidentielle, c’est la rencontre d’un homme avec son peuple ce qui est différent d'avec les législatives et les municipales. En général, ces deux types d’élection ne mobilisent pas les citoyens. En tant que gestionnaire du pouvoir, nous pensons que nous déroulons des programmes qui, à terme vont convaincre les Sénégalais pour pouvoir obtenir leurs voix. On est totalement confiant, 2019 est déjà dans notre poche... »
 
 
Mercredi 16 Août 2017




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