Enquête : Les Frères Musulmans infiltrent le Sénégal


Enquête : Les Frères Musulmans infiltrent le Sénégal
DAKARACTU.COM - Depuis la création des premiers mouvements islamiques au Sénégal, l’idéologie des Frères musulmans était présente dans certaines sphères religieuses de notre pays. Dans les statuts de ces premières associations islamiques, on notait déjà l’objectif de la réalisation d’une « société véritablement islamique ». Tout est dit. Aux yeux de ces protagonistes, la société sénégalaise n’est pas assez « islamique » et il faut y travailler. 

Un peu d’histoire s’impose… La scission idéologique au sein de l’Union Culturelle Musulmane (UCM), fondée par Ahmed Iyane Thiam depuis les années 50, aura lieu au cours d’une nuit de Laylatoul Qadri à Thiès, en 1978, où une frange s’est soulevée contre le caractère un peu trop soufi et confrérique de l’islam sénégalais. 


L’ennemi à abattre était alors tout désigné : sur les chemins de la réalisation d’une « société véritablement islamique », il y avait l’obstacle confrérique. Il fallait s’en débarrasser. Le discours devint de plus en plus virulent contre la « société impie » qu’il fallait ré-islamiser. Entre les théoriciens de l’Etat islamique de la fameuse mosquée de l’aéroport dite "inachevée" et le mouvement Ibadou Rahman sorti des flancs de l’UCM jugée trop conciliatrice, une idéologie était bien partagée : celle de « l’action islamique » par le bas afin de trouver une alternative à l’action politique évitant une confrontation directe avec l’institution étatique. Depuis quelques années, cette orientation anti-confrérique est dissimulée par des gestes de "collaboration". En attendant…


Curieuse ressemblance au niveau méthodologique avec les Frères musulmans, longtemps plongés dans la clandestinité depuis leur implication présumée dans l’assassinat du président égyptien Anouar El-Sadate : à défaut de pouvoir exister politiquement, ils ont décidé de mailler la société par le biais des «bonnes œuvres» et de «l’action sociale », afin d’y consolider des relais idéologiques, le temps que surviennent des circonstances politiquement favorables pour décliner le vrai plan de prise du pouvoir.


Par une parfaite compréhension des réalités sociopolitiques sénégalaises, les franges favorables aux thèses des Frères musulmans vont peu à peu rompre d’avec la virulence qui caractérisait leur discours envers les forces « obstacles » à la « société islamique » : les confréries et les « bid’a » ou « innovations blâmables ». Un ouvrage célèbre dans ces milieux sera celui de Mouhamadou Bamba Ndiaye, dans les années 1990 intitulé Adwâ’un ala Sinighâl, "Lumières sur le Sénégal", où il brocardait le système confrérique, ce mal du siècle qu’il fallait abattre pour que le Sénégal soit enfin « islamique ».


Coïncidence ou signal ? L’ouvrage était préfacé par un certain Moustapha Mashhour, à l’époque numéro deux des Frères musulmans et non  moins chargé de l’aile militaire du mouvement islamiste égyptien.


La stratégie de la destruction des confréries comme préalable. 


Les islamistes sénégalais vont recourir à la technique jusqu’ici connue chez les chiites : la taqiyya, que, Bakary Sambe de l'Université Gaston Berger (CRAC), spécialiste du militantisme islamique et des réseaux transnationaux, définit comme "une stratégie de dissimulation des réelles intentions au prix de compromissions même contradictoires jusqu’au jour où le rapport de force permet de dérouler le véritable agenda".


Ce combat porté par les mouvements islamistes sénégalais se mène depuis plusieurs décennies dans les campus universitaires notamment à Dakar et à Saint-Louis. Dans cette dernière ville, les autorités universitaires ont eu à gérer un conflit parfois violent entre des  acharnés contre le soufisme et les adeptes tidianes qui souhaitaient pratiquer le wazîfa, entraînant ainsi la fermeture de la mosquée du campus social. A l’Université de Dakar, un groupe d’islamistes  détient les clés de la mosquée et en exclut toute autre pratique que celles qu’ils considèrent comme conformes à l’islam à leurs yeux. En décembre 2013, le rubicond fut franchi à la Mosquée de Cité Fadia où un groupe salafiste a provoqué des heurts entre les fidèles sous l'impulsion de riches commerçants soutenant l'idéologie. Une technique qui rappelle la stratégie d'intrusion ayant prospéré dans les mosquées de banlieues européennes.


Qui est derrière ces mouvements qui imposent déjà un diktat dans les lieux de culte, même dans des endroits qui devaient être les plus ouverts au débat comme les universités ?

Deux mouvements s’illustrent dans ce domaine. Il y a l’AEEMS, l’association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal, qui recrute depuis les lycées et opère un encadrement idéologique des étudiants dans nos campus, basé sur un travail social et une assistance garantissant la loyauté des recrues. Derrière les apparences policées de ces étudiants et cadres formant un réseau performant même dans l’administration, il y a bien l’objectif d’une « ré-islamisation de la société » comme le font les Frères musulmans d’Egypte avec lesquels il ont des liens idéologiques. Leur connexion avec les Ibadou est plus qu’une évidence, bien que le mouvement prenne la peine de dissimuler l’orientation « frériste » en recrutant même chez des adeptes des confréries.

De son côté, l’Association des Etudiants Musulmans de Dakar (AEMUD) d’obédience salafiste est liée à des organisations islamiques comme la Jamaatou Ibadou Rahmane, dont le cheval de bataille est la « purification » de l’islam au Sénégal (sic). Des experts parlent d'une perte de vitesse relative du mouvement Ibadou au profit de jeunes pousses dites "réformistes" plus connectées aux réseaux islamistes internationaux. 



On se croirait dans des contextes où des extrémistes sont pleinement inscrits dans la logique du takfîr (le fait d’excommunier certains musulmans considérant que leur pratique de l’islam est contraire aux préceptes originels de cette religion).

La stratégie est bien claire. Celle des Frères musulmans consiste à un maillage de la société, à une occupation progressive du terrain par le social et l’encadrement idéologique tout en ménageant les susceptibilités parfois au prix d’accommodations tant qu’il n’est pas possible d’imposer ses vues par la force.

Les vicissitudes de l’actualité peuvent mettre à nu les réelles intentions et l’agenda politique dissimulé. 



Le 22 août 2013, c’est le Rassemblement islamique du Sénégal (RIS) constitué d’organisations diverses, mais largement dominé par le courant des Frères musulmans, qui mobilise à la Place de l’Obélisque pour défendre les « Frères » d’Egypte et le pouvoir de Mohamed Morsi. Arfang Diouf, cet ancien étudiant en Egypte connu des milieux des "Frères" africains, mais aussi Mohamed Barro du REJIR (Réseau des journalistes pour l'information religieuse) sont de la partie. 



On y apercevra l'Imam Mbaye Niang du MRDS qui, bien que d’un faible poids électoral, a longtemps milité pour l’application de la charia au Sénégal. Son mouvement est typique de la stratégie des « Frères » avec une ambition politique certaine, s’appuyant sur diverses organisations islamistes mais s’accommodant des compromis avec les forces politiques dites « laïques » dans le seul but de normaliser son visage et donner des gages de démocratie. Aujourd'hui, il a réussi à s'infiltrer dans le réseau des parlementaires contre la corruption, après avoir été brièvement conseiller du président aux affaires religieuses, suite à la présidentielle de 2012 où le mouvement Ibadou aurait soutenu Macky Sall dès le premier tour.



Mais le projet semble beaucoup plus pernicieux : il s’est dévoilé en menant une campagne pour le rétablissement de la peine de mort sous couvert de la « charia » pendant que les Sénégalais étaient irrités par l’exécution d’une de leurs compatriotes en Gambie l’année dernière. 


Des sources sérieuses évoquent des tentatives d’infiltration des Frères musulmans égyptiens au Sénégal entre 2008 et 2010 pour dispenser des formations idéologiques et encadrer des militants sénégalais acquis à leur cause. Les formateurs sous couvert d'enseignants coopérants accueillis par une organisation islamique "humanitaire" devaient encadrer des membres importants d'une association islamiste présente dans les campus et lycées du Sénégal.


Le ver est déjà dans le fruit. 


Profitant des circonstances et de l’actualité internationale, de l’aura de prédicateurs internationaux aux intentions non avouées tels que Tariq Ramadan, d’évènements et d’organisations aux objectifs diffus comme le CIMEF (Colloque international des Musulmans de l’Espace francophone), les Frères déclinent diverses stratégies de maillage de la société sénégalaise tout en donnant des gages de « fréquentabilité » en attendant de prendre le dessus.



Mais les Sénégalais vont-ils adhérer à de telles thèses ?

La situation dramatique que vivent l’Egypte et la Tunisie devraient faire réfléchir ceux qui croyaient encore aux slogans creux et aux solutions miracles de ceux qui veulent s’accaparer une religion, l’Islam, pour finir par en faire un « otage politique » ou "une marchandise électorale". C’est au nom de cet accaparement de l’Islam sous diverses dénominations (Frères musulmans, étudiants musulmans, rassemblement islamique) que ces mouvements instrumentalisent une religion jusqu’à décrédibiliser son message en arrivant au pouvoir sans projet économique convaincant.



Le drame tunisien et la profonde crise égyptienne ont finalement montré que la « solution islamique » tant vantée n’est que subterfuge et manigance politique d’une minorité d’assoiffés de pouvoir sur le dos d’une majorité de musulmans qui n’ont jamais estimé que leur appartenance à la République des citoyens pouvait être contradictoire avec leur identité musulmane. 

Mais ceux qui ont intérêt à créer un tel hiatus virtuel sont ceux-là mêmes, largement inspirés par l’idéologie des Frères musulmans tapis dans diverses organisations politico-religieuses et qui veulent, à défaut de pouvoir proposer un projet de société convaincant, réduire l’islam, une religion ouverte et tolérante, à une idéologie politique par une certaine instrumentalisation qui mérite vigilance. L’expérience des pays arabes montre que de telles forces ont toujours profité des situations de crise et du désespoir pour prospérer.



Alors soyons vigilants….

Samedi 10 Mai 2014




1.Posté par awa le 10/05/2014 11:27
je pense que c'est une bonne chose, ca evitera les sacrefices humains, et la delinquance.
car les islamistes puniraient toute personne qui ferait une telle abomination en vers l'etre humain.

2.Posté par yaakaar le 10/05/2014 12:25
les deux sur la photo sont des pd?

3.Posté par momo le 10/05/2014 12:32
ll faut avoir l'honnneté intellectuelle à signer l'article.C'une production du Pr Babacar Sambe

4.Posté par MODOU FALL le 10/05/2014 12:37
l'islam egal diam nous nous avons serigne touba et autre suivons les et Dieu nous protégera s ils pense que l'islam c est la charia il se trompent. l'islam a fait 13 ans avant que celle ci voit le jour. l'islam c est lahilaha ila alha point. FALL MODOU TALIBE NDIAME DAROU

5.Posté par TITE LIVE le 10/05/2014 13:59
QUELLES PRATIQUES !!!

QUI EST L' AUTEUR DE CES ECRIVASSERIES ????

SOYEZ HONNETES ET SERIEUX DANS VOS METHODES . IL EN VA DE VOTRE CREDIBILITE .

6.Posté par baich le 10/05/2014 14:48
Analyse pertinente. Il faut y ajouter leurs réseaux économique, commercial et financier à travers le système de distribution des grossistes et détaillants guinéens, leurs bureaux de change informels, les sociétés d'import export et les entreprises de transport.. A Dalifort, Pikine, Guédiawaye..0, ils ont leurs propres mosquées et écoles. Les femmes ont adopté le tchador à l'iranienne. Attention Danger!!!

7.Posté par Bass Diop le 10/05/2014 17:25
oh Bkary Sambe ne te fatigue pas, tu ne peut pas arreter la mer avec tes petit bras!!!!!!!!!!

8.Posté par @ Yaakaar le 12/05/2014 15:29
Morte de rires!!!! tu m'as tuée ooohhh!! on dirait de vrais pd!!

9.Posté par Tullius Detritus le 12/05/2014 23:25
Tout est dit, de manière cohérente. Dommage que l'article ne soit pas signé…

« Au Sénégal, les confréries sont des citadelles à prendre… » (sous-entendu : par les extrémistes musulmans).

Ça, c'était le préambule de la conférence d'Antoine Sfeir "Des printemps arabes aux tempêtes du désert" qu'il a donnée à Sorano le samedi 29 mars 2014. Et comme les citadelles défendent l'accès à un territoire tout entier, si elles sont attaquées et réduites, c'est le territoire tout entier qui passe sous la coupe des assaillants !

Depuis près de dix ans, je souscris à cette remarque d'amis Sénégalais musulmans : « Le Mouridisme est le meilleur rempart contre les extrémistes musulmans. Jamais les mourides n'abandonneront leurs prérogatives et l'influence qu'ils en tirent. Les "Baye Fall" et leurs pilons se chargeront de neutraliser tous ceux qui manifesteraient des velléités de vouloir attenter à la puissance de leur Khalife. »

10.Posté par thiaw le 14/05/2014 23:11
L'article n'a pas été signé; c'est un signe de malhonnêteté, mais on sait que c'est Bakary Sambe. Monsieur Sambe, tu as l'habitude de publier ces genres d'articles pour créer des conflits entre musulmans sénégalais mais sache que tu ne réussiras pas. Et tu ne peux pas empêcher aux structures et personnes que tu calomnies de faire ce qu'ils ont a faire. Reste dans ton coin pour critiquer, et les gens continuent à travailler.

11.Posté par diomassa le 28/05/2014 11:33
c'est une question que je veux poser à M. Samb. Pourquoi vous mettez des photos d'hommes armées? Est ce ces frères musulmans que vous êtes entrain d'accuser sont violents? J'en a appelle à votre conscience et devant Dieu si vous êtes réellement musulman. Une autre question: est ce qu'on est obligé d'être Tidiane, Mouride ou layène pour être Musulman? Et pourquoi Sérigne Touba a crée le mouridisme alors que le tidianisme existait?
Est ce que vous savez que les fils et petits fils de nos guides religieux sont dans ces mouvements islamiques?
Etes vous tolérant? Que voulez-vous réellement?



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