Effondrement d’un mur à Mermoz Pyrotechnie : 4 petits garçons décèdent, 3 autres blessés

Encore un accident macabre dû à l’état défectueux des bâtiments dakarois. Hier dimanche, au quartier Mermoz Pyrotechnie, le mur souterrain d’un bâtiment en chantier s’est affaissé sur 7 enfants qui jouaient non loin de là. Quatre petits garçons, âgés de 9 à 10 ans, ont trouvé la mort dans l’accident et trois autres ont été blessés par le mur.


Effondrement d’un mur à Mermoz Pyrotechnie : 4 petits garçons décèdent, 3 autres blessés
 Hier à Mermoz Pyrotechnie, non loin de la Vdn, les habitants ont passé la journée dans la consternation, tant ils ont été meurtris. Quatre bouts de bois de Dieu sont morts dans l’affaissement d’un mur souterrain d’un immeuble en construction et trois autres s’en sortirent avec des blessures.
En arrivant dans le quartier, on n’a pas besoin de demander le lieu du drame ou les maisons éplorées, car ici tout le monde est impacté par le drame. Devant chaque maison, sont assises, sur des chaises, des femmes. Visages larmoyants et têtes recouvertes de voile, elles discutent à voix basse. Les hommes, qui cachent mal leur émoi, valsent entre les maisons, présentant leurs condoléances ici et là.
A la question de savoir la maison mortuaire, on reçoit la réponse que presque tout le quartier est concerné. D’autant que dans chaque maison on a, soit perdu un enfant, soit connu et chéri l’un des petits garçons. Au bout de la ruelle à l’asphalte gratté qui laisse la place à une piste rouge en chantier, juste à droite, les sapeurs pompiers ont érigé un cordon sécurité, interdisant ainsi tout accès dans le périmètre de la tragédie. C’est le lieu de l’accident meurtrier où le mur d’un chantier a ôté la vie à quatre petits garçons. Encore sous le choc, les habitants observent le pan du mur qui venait d’engloutir, il y a quelques heures, des enfants du quartier. Il s’agit d’un début de chantier et le mur qui surplombait ce qui doit être le souterrain d’un futur  immeuble s’est affaissé sur les enfants qui jouaient sur les lieux. Le pan du mur et les briques meurtrières mélangées au sable par la panique des sauveurs laissent imaginer le supplice des victimes. Le souterrain est tellement profond qu’il ressemble à un cratère. Juste à côté, il y avait le mur contigu à un autre immeuble dominant le trou. C’est la partie gauche qui a cédé. Le chantier ayant été abandonné il y a plusieurs mois, les enfants avaient dompté l’espace et commencé à y planter des variétés de plantes telles que les arachides. Au moment de l’accident, d’après les témoignages, certains garçons étaient en train d’arroser les plants.  Toutes les victimes sont âgées entre 8 et 12 ans. Ceux qui ont trouvé la mort, quant à eux, ont entre 9  et 10 ans. Il s’agit des petits Talla, Pape, Seydou et Moustapha.
Les enfants arrosaient leurs plants…
En face du lieu du drame, une autre maison mortuaire. Demba Guèye, recevant des parents et des membres du voisinage, essaie de dissimuler sa douleur bien qu’il ait perdu un neveu en plus d’un autre gravement blessé. Il montre les omelettes qu’il était en train de préparer et qu’il n’a évidemment pas eu le temps de prendre pour son petit déjeuner, lorsqu’il a entendu le bruit assourdissant du mur qui s’écroulait. «Les enfants étaient sous le mur dans le souterrain du bâtiment en construction. Ils avaient planté de l’arachide là-bas et avaient l’habitude d’y aller pour l’arroser. Il y avait 7 enfants au moment de l’effondrement. Les quatre enfants ont été complétement engloutis par le mur. Et pour les trois autres, ce sont leurs pieds qui ont été coincés par les briques. On a couru et nous avons aidé les trois garçons à se libérer des gravats», confie Demba Guèye. Après avoir extirpé les trois petits, poursuit ce dernier, ils ont essayé de sauver les 4 autres prisonniers sous le mur et le sable ; mais malheureusement il était trop tard. «Des voisins ont amené des pelles, on a commencé à creuser cherchant les petits garçons, mais on ne savait pas exactement de quel côté ils étaient sous le mur. On a tout fait avant l’arrivée des sapeurs pompiers. Finalement, on a vu une chaussure et on a continué à creuser. Et d’un seul coup, on a retrouvé les corps de trois enfants qui étaient dans un même espace. Le 4ème corps a été trouvé au moment où j’étais à l’hôpital où j’avais conduit les autres blessés», raconte abasourdi l’oncle du petit Talla qui n’a pas survécu. 
Le souterrain n’avait aucune protection 
Il dénonce le fait que le souterrain ait été creusé sans aucune mesure de sécurité, sans barrière de protection et que le chantier soit abandonné depuis plusieurs mois. «C’est le mur du souterrain qui a été construit à côté de celui d’une maison contiguë qui s’est affaissé sur les enfants. Ils ont creusé le souterrain et l’ont laissé comme ça sans mesure de sécurité. Tous le agents chargés de la construction de ce bâtiment ont abandonné le chantier depuis longtemps. Depuis presque un an, le chantier est l’arrêt, on n’y voit personne. Avec les pluies de l’hivernage  passé, le mur qui ne respecte pas les mesures de sécurité a lâché. C’est la volonté divine, mais il faut respecter la réglementation», peste Demba Guèye. Il soutient que dans le quartier,  personne ne connaît le propriétaire du bâtiment en chantier, car dans un premier temps, il était attribué à un Arabe qui l’aurait vendu à un Indien qui a fait creuser le souterrain. Et  ce dernier l’aurait aussi cédé à un Sénégalais.
M. Guèye qui a perdu un neveu dans le drame soutient que tous les morts sont ses enfants car «ce sont des petits qui m’aimaient beaucoup et dès que j’arrivais dans le quartier je leur offrais des bonbons».
Quant aux trois enfants blessés, ils se portent mieux et ont subi des scanners, des radios avant de revenir chez eux.  Les habitants du quartier soutiennent qu’ils vont se concerter pour voir comment organiser des funérailles communes pour leurs enfants morts au même endroit en attendant la suite qui sera donnée à l’affaire par les responsables étatiques. En tout cas, il urge de prendre des mesures sur ce chantier, car avec l’affaissement du mur, même la fondation de l’immeuble adjacent le souterrain est menacée.
L'As
Lundi 5 Décembre 2016
Dakar actu




Dans la même rubrique :