ETATS-UNIS : Ce qu’il faut retenir de la dernière conférence de presse de Barack Obama

Le 44e président des Etats-Unis donnait mercredi sa dernière conférence de presse avant l’investiture, vendredi, du républicain Donald Trump.



Clap de fin sur huit années de présidence Obama. Le 44e président des Etats-Unis a répondu pour la dernière fois aux journalistes lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, à quarante-huit heures de l’investiture de son successeur.

Sur Chelsea Manning

Barack Obama, qui a commué la peine de Chelsea Manning mardi, a dit estimer que « justice a[vait] été rendue » dans cette affaire. « J’ai jugé, au regard des circonstances, que commuer sa peine était pleinement approprié », a-t-il dit, ajoutant que Chelsea Manning a déjà purgé « une dure peine de prison ». La militaire transsexuelle, qui s’appelait Bradley Manning au moment des faits reprochés, sera libérée le 17 mai.

Sur ses relations avec Donald Trump

Refusant de revenir sur les détails de ses échanges avec le président élu Donald Trump, Barack Obama a réaffirmé qu’ils étaient « cordiaux ». Concernant le programme de M. Trump, il a fait part de son hypothèse : « Puisqu’il a gagné sa campagne en s’opposant à un bon nombre de mes initiatives (…), il est normal de sa part d’aller de l’avant avec sa vision (…). Je ne m’attends pas à ce qu’il y ait beaucoup de points communs. Mais peut-être que sur certains sujets, lorsqu’il sera au pouvoir et qu’il regardera la complexité des dossiers (…), il arrivera aux conclusions que j’ai déjà tirées. »
Barack Obama faisait alors référence à deux dossiers en particulier : l’assurance maladie et la création d’emplois. Il a ajouté : « Mais je ne pense pas que l’on en saura plus avant qu’il ait une chance de s’asseoir dans le bureau Ovale. »
Le président sortant a par ailleurs confirmé qu’il serait présent, accompagné de sa femme, Michele Obama, à l’investiture de son successeur. Amusé, il a ajouté être vexé car, selon la météo, il fera moins froid que lors de sa première cérémonie d’investiture.

Sur le conflit israélo-palestinien

Evoquant le fait que Donald Trump a promis d’installer l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, Barack Obama a mis en garde son successeur contre une situation potentiellement « explosive » s’il exécutait des « mouvements unilatéraux soudains ».
Il a déclaré : « Je suis inquiet parce que j’estime que le statu quo est intenable, qu’il est dangereux pour Israël, mauvais pour les Palestiniens, mauvais pour la région et mauvais pour la sécurité aux Etats-Unis.»

Sur la Russie

Interrogé au sujet de Moscou, M. Obama a d’abord répondu qu’il était « dans l’intérêt de l’Amérique et du monde, que nous ayons une relation constructive avec la Russie ». Rappelant qu’au début de son mandat il avait essayé « de travailler avec le président et le gouvernement russes », il a déploré que lorsque Vladimir Poutine est revenu à la présidence, « la rivalité anti-américaine s’est intensifiée ».
Selon son analyse, « l’idée selon laquelle tout ce que les Etats-Unis faisaient était nécessairement mauvais pour la Russie » s’est généralisée, ce qui a mené au retour de « l’atmosphère antagoniste connue durant la guerre froide ».

Sur le rôle des Etats-Unis au plan international

Rappelant le « rôle essentiel que les Etats-Unis doivent continuer de jouer à travers le monde » pour défendre les droits humains, des femmes ou la liberté de la presse, M. Obama a insisté sur le fait qu’il était « important » de continuer à « être du bon côté » : « Car si nous, la plus grande et la plus puissante démocratie du monde, ne défendons pas ces valeurs, la Chine, la Russie et les autres ne le feront pas. »

Sur son propre futur

Au sujet d’un éventuel retour en politique, Barack Obama a tenu à être clair : « Je n’ai pas l’intention de me présenter à quoi que ce soit bientôt. Il est important pour moi de prendre du temps et de rester silencieux. »

Ajoutant que sa priorité pour l’année à venir était de passer du temps avec sa femme et ses deux filles, M. Obama a rappelé : « Je suis toujours un citoyen. » Au regard de cela, il n’a pas écarté la possibilité de « s’exprimer » à nouveau publiquement sur des sujets comme la discrimination, le droit de vote, la liberté de la presse ou l’immigration si « les valeurs fondamentales » de l’Amérique étaient en jeu.

« Je crois en ce pays, je crois au peuple américain, je crois que les gens sont davantage meilleurs que mauvais », a-t-il assuré à la fin de sa prise de parole, avant de conclure : « Au fond de moi, je pense que ça va aller (…) Bonne chance. »

Le Monde
Jeudi 19 Janvier 2017




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