ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC ME OUSMANE N'GOM : " LA DECLARATION DE MOUSTAPHA DIAKHATE RELÈVE DE L'AFFOLEMENT ET DE LA MESQUINERIE"

Dans cet entretien qu’il nous a accordé, l’ancien ministre de l’intérieur revient sur la polémique enclenchée par sa sortie Jeudi dernier sur la libération de Karim Wade, une polémique qu’il assimile à de « l’affolement et de la mesquinerie » de la part de son auteur. A la tête du mouvement « Liberal Ca Kanam », l’ancien ministre de l’intérieur prend la défense de son remplaçant à la place Washington, Abdoulaye Daouda Diallo et magnifie le dialogue national.


Lors du lancement de votre mouvement « Libéral Ca Kanam » vous aviez indiqué que vos idéaux étaient de permettre à tous les sénégalais de participer au développement économique du Sénégal. Dites-nous en un peu plus.

Le mouvement a été créé avec une nouvelle philosophie et une nouvelle démarche. Parce que juste ici les mouvements politiques avaient comme objectif la participation aux élections, l’animation, la mobilisation des militants pour des rassemblements mais n’avaient pas d’impact sur leurs vécus quotidiens et leurs formations. Ce qui n’est pas forcement le rôle des partis politiques, car lorsque la constitution du Sénégal dit que les partis politiques participent à l’expression du suffrage, ce n’est pas seulement le jour des élections, c’est toute la vie. Parce que c’est comme cela que le suffrage doit etre apprécie et vu le jour des élections. C’est ce qui a été fait ou ce qui n’a pas été fait pendant toute l’année ou toute la mandature. C’est comme cela que nous concevons le rôle du parti politique, c'est-à-dire encadrer le militant, le former et l’aider non seulement à être un bon citoyen mais aussi l’aider dans son vécu quotidien. Lui permettre d’avoir une bonne formation, de pouvoir s’épanouir dans son environnement. Nous avons pensé qu’il fallait changer de démarche. Non seulement ressusciter ce que l’on avait appelé à l’époque les écoles de parti, mais ensuite donner l’opportunité à chaque citoyen de participer à la construction nationale. C’est ainsi qu’il pourra bénéficier des retombées de cette emergence parce qu’il se sentira digne, il aura une occupation et une activité  génératrice de revenus. Et c’est cela également qui peut accélérer la marche vers cette émergence. C’est ce que nous appelons démocratie économique, tout le monde se sentira impliqué dans la construction nationale et bénéficiera de la répartition juste et équitable de fruits de la croissance et se sentira digne et fier. C’est ce concept de démocratie économique qui est innovateur et que nous avons introduit dans la scène politique. Nous allons le décliner de plusieurs façons, d’abord par la formation, l’encadrement des militants mais aussi par l’identification des besoins de la société ; c’est pour cela que j’ai parlé d’inverser la pyramide de la formation éducation. Il faut partir des besoins de la société. Le Sénégal que nous voulons bâtir, comment il doit être ? Et à partir de ce moment là, lorsque nous aurons, par une enquête minutieuse qui se fera en parfaite collaboration avec l’Etat et tous les acteurs de la société,   identifié tous les besoins de la société, la formation devra se faire dans cette direction. Ce qui amènera  à avoir des citoyens qui ont le profil de l’emploi. Nous nous acheminons vers une société de production de gaz et de pétrole, il faudrait que d’ores et déjà on anticipe à former des jeunes qui vont occuper des postes d’importance, ce qui fera que l’essentiel de revenus reste dans nos pays. Si nous le faisons pas ce sont des étrangers ou d’autres venant d'Europe ou partout ailleurs qui le feront. C’est la crise, on a connu les indignés un peu partout et ils ne vont pas hésiter à revenir et occuper ces positions ; c’est pourquoi il faudrait former les jeunes dans ce sens pour aller vers cette démocratie économique. C’est à dire la participation de tous à la construction nationale et que chacun puisse bénéficier de la répartition juste des fruits de la croissance. Qui sera en quelque sorte une croissance durable, soutenue et saine parce que fondée sur le travail des ressources humaines sénégalaises.

Lors du lancement du parti vous aviez soutenu avoir tourné le dos à la politique politicienne. Mais il a été beaucoup question ce jour-là du dialogue national. Aujourd’hui la consultation sur le processus électoral prend des tournures pas attendues avec l’opposition qui éclate en deux camps. Quelle analyse faites-vous de cet état de fait ?

Il ne faut pas s’en émouvoir, l’opposition c’est un corps vivant. C’est un corps qui n’est pas uniforme ou homogène. Au contraire l’opposition est toujours composite. C’est cela l’essence même de la démocratie, il faut comprendre parfaitement qu’il y ait des divergences d’appréciation ou de vision. C’est même sain dans une opposition. Cela ne remet pas en cause le dialogue national ou la consultation nationale. Ce qui se passe avec l’histoire des partis de la concertation avec le fichier électoral ou le processus ce qui est plus large puisque cela va de l’inscription sur les listes jusqu’à la proclamation, ce qui se passe est tout à fait normal. Il faut que les partis politiques fassent les réglages entre eux, voient ceux qui ont plus d’affinités et se regroupent en pole. Ce qui permettra à l’Etat d’avoir des interlocuteurs bien identifiés. Et de traiter avec chacun en fonction de ses centres d’intérêts et de sa vision. Mais la discussion sur le processus ne résume pas le dialogue national. C’est une séquence du dialogue qui est plus large plus global avec tous les acteurs de la vie économique, sociale. Les partis politiques certes, mais aussi les syndicats, les associations la jeunesse, les femmes et bref tous les segments de la société sénégalaise. Et encore une fois nous sommes optimistes par rapport à la poursuite du dialogue national et par rapport à son succès.

12 points avaient été inscrits à l’ordre du jour des discussions sur le processus électoral, vous êtes acteur politique. Est-ce que ces points vous ont satisfait ?

Moi je suis convaincu que le Sénégal comme j’ai eu à le dire est désormais une « petite grande puissance démocratique ». Nous avons réussi à batir les infrastructures démocratiques modernes de notre pays, capable de conduire vers des élections libres transparentes et démocratiques. Mais il ne faut pas dormir sur nos lauriers, il faut maintenir nos acquis et les renforcer. C’est ce que nous sommes en train de faire, c’est cela que le President de la République a accepté de faire en mettant sur la table la question du fichier électoral, la question de l’examen des différentes étapes du processus. A l’époque, nous avions été jusqu'à une fois que le fichier et déclaré transparent et fiable pour l’organisation d’élection libre et transparente, à mettre en place le comité de veille. Ce comité était composé des représentants des partis politiques, mais aussi des partenaires techniques, la société civile mais aussi les représentants de l’Etat et la CENA. Ce comité était chargé de regarder chaque semaine le fonctionnement du système et d’attirer l’attention des acteurs sur les failles éventuelles ou les points qu’il fallait renforcer pour garantir la fiabilité du processus. Et que nous puissions participer à la stabilité institutionnelle par d’abord la paix des esprits et des corps pour que nous puissions aller de façon paisible vers l’échéance électorale. Il ne sera pas mauvais de remettre sur la table le comité de veille, ou une structure similaire pour pacifier l’espace politique et les esprits, ce qui permettrait à tout le monde de se faire confiance et d’aller tranquillement vers l’échéance électorale.

L’opposition avait récusé le ministre de l’intérieur lors des discussions l’autre jour, ce qui avait été votre cas en 2012. Ont-ils raison, ces membres de l’opposition de penser que Abdoulaye Daouda Diallo peut aider à une victoire du Chef de l’Etat Macky Sall ?

Je pense que ce n’est pas possible au Sénégal de frauder des élections, encore une fois l’opposition est présente à toutes les étapes du processus électoral de l’inscription sur les listes jusqu’à la proclamation des résultats. Et elle a une copie des procès-verbaux de tout ce qui se passe, elle peut dire son mot et faire des observations à tout moment. Il ne peut plus y avoir de fraudes sur des élections au Sénégal. Je pense que la fixation sur le ministre de l’intérieur c’est un blocage psychologique, mais encore une fois dans toutes les démocraties modernes c’est le ministre de l’intérieur qui organise des élections. Le contraire c’est dans des pays où il y a des crises, des drames, des divisions entre les acteurs politiques et la société. Le Sénégal doit tendre vers une démocratie majeure, il l’est déjà on doit la consolider et organiser des élections comme cela se fait en France, aux Etats Unis en Grande Bretagne où le ministre de l’intérieur organise les élections avec l’administration. C’est important de savoir qu’il y a l’administration territoriale qui est partout au niveau du pays et qui dépend du ministre de l’intérieur et cela peut rôder le système. Et permettre d’organiser des élections sans couacs, vous avez vu qu’au Sénégal on a organisé des élections où les résultats ont été donnés,  avec l’implication de la presse qui est libre dans notre pays, dès le soir à 20 heures. Et le lendemain tout le monde est allé au travail, les enfants sont allés à l'école. Il faut que l’on maintienne ce cap et que l’on continue d’avancer avec ce niveau de démocratie.

Vous prononçant sur la probable libération de Karim Wade, vous aviez regretté que l’on ne vous ait pas suivi dès le début. Cette sortie a suscité celle de Moustapha Diakhaté qui ne vous a pas ménagé. Comment avez-vous accueilli ses critiques ?

Écoutez, je ne veux pas commenter cette sortie qui relève beaucoup plus de l’affolement et de la mesquinerie qu’autre chose. J’ai dit que j’ai tourné le dos à la politique politicienne. Lorsque j’ai fait la déclaration sur la probable libération de Karim Wade, c’est une conviction que personne ne peut contester, parce que depuis le départ que ce soit du côté du PDS ou de l’Etat, ils savent que je m'étais prononcé de façon claire pour que nous puissions pacifier le système politique. Même les guerres finissent autour de la table. A supposer même qu’il y ait eu des contentieux, que ce soit des contentieux politiques, économiques, financiers ça aurait pu être réglé autour de la table. C’est pour cela que j’avais dit que les problèmes politiques doivent avoir des solutions politiques. Le Président Macky Sall n’était pas contre d’ailleurs, parce que dès le départ vous avez vu les contacts qu’il y a eu avec le PDS et l’actuel régime. Je vous ai expliqué notre rencontre à la grande mosquée de Mermoz, à la tenue du congrès de l’international libéral. Le Président Wade aussi m’avait même demandé de préparer une résolution sur les retrouvailles de la famille libérale. Donc quelle que soit l’ampleur des contentieux ont aurait pu les régler politiquement et le pays y aurait gagné beaucoup. Parce qu’on aurait évité cette psychose qui a fait fuir les investisseurs, les partenaires financiers et techniques qui avaient peur d’investir leurs billes au Sénégal. On aurait pu donc régler ce problème là et le Sénégal en aurait tiré un grand profit politique. C’est ce que j’appelle la solution politique. Je ne parle pas de deal. Je suis contre les deals, mais je parle de solution « workable » pour parler comme les anglo-saxons, praticables que l’on peut mettre en oeuvre sans créer beaucoup de problèmes. Mais malheureusement on a tourné le dos à ça, il y a eu la chasse aux sorcières et cela nous a conduits là où nous sommes. Et ce qui devrait arriver est arrivé avec cette psychose. Aujourd’hui plus que jamais, je suis convaincu qu’il faut aller vers cette solution politique, je me suis battu pour la libération de Karim Wade, je me souviens la presse à l’époque avait titré un jour « je conduis une marche avec une convocation de l’IGE dans la poche ». Cela ne m’empêchait pas de participer aux marches, mais cela ne m’enlevait pas la conviction que la solution politique était la meilleure, c’est pourquoi je l’ai proposée à plusieurs reprises. Mais on n’a pas suivi mes conseils, c’est pourquoi je l’ai regretté ; et j’ai dit mieux vaut tard que jamais et si on m’avait suivi on aurait évité ces incarcérations intempestives, cette chasse aux sorcières et on aurait trouvé une solution politique pour laquelle le pays aurait gagné beaucoup depuis fort longtemps. Mais tu sais même Dieu, il parle d’abord aux gens qui sont intelligents, c'est-à-dire les gens qui comprennent. Parce qu'un message lorsque l’on le tient il y a de gens qui comprennent tout de suite, il y en a qui comprendront après demain et il y a en qui ne comprendront jamais. C’est comme cela la vie. Donc moi je parle aux gens qui peuvent comprendre et qui verront rapidement que cette solution est la meilleure si on l’avait appliquée tout de suite. Et le président Sall a parfaitement raison de s’engager dans cette direction. Pour le reste, je sais les officines où ces déclarations incendiaires se concoctent, je sais même la personne dont vous parlez n’est que la plume de la génitrice de ce que Djibril War appelle « les esprits revanchards et haineux », je sais bien d’autres choses avec d’autres personnes qui participent à ces soirées nocturnes et clandestines. J’ai même demandé à ma cellule de minorer tout cela est de ne pas réagir

Etes vous donc pour la dissolution de la CREI ?

La CREI ? Je vous demande de vous reporter aux articles que j’ai écrits depuis le départ, j’avais même dit que la Crei est inexistante et illégale. J’ai eu à faire des déclarations même à l’Assemblée nationale devant l’ancien ministre de la justice. J’ai écrit dans la presse ailleurs, dans Dakaractu vous pouvez le retrouver également avec des arguments juridiques qui ont été commentés par des universitaires et validés. Je continue de penser que ce que j’ai dit c’est cela et que la CREI n’a pas sa place dans le dispositif judiciaire sénégalais. Et puisque qu’elle existe, nous ne pouvons pas échapper à ces décisions, nous sommes obligés de nous soumettre à ces décisions là ; « dura lex sed lex », mais encore une fois, le plus tôt elle disparaitra de nos dispositions juridiques, le mieux ce sera...
 
Mercredi 15 Juin 2016




1.Posté par Almamy le 15/06/2016 17:55
Au délà du cas de Karim, Ousmane Ngom a t il eu des assurances que les poursuites contre Oumar Sarr, Samuel SARR, Madické, lui-meme, etc.. n'auront plus lieu ?
N'est ce pas lui qui disait à ses camarades du PDS qui lui reprochaient son manque d'engagement, que "son épouse et lui sont dans un prison à ciel ouvert de Macky SALL" ?

2.Posté par SALIOU DIENG ZALTAMBA le 15/06/2016 18:03
Les CONSEILLERS MUNICIPAUX ? DEPARTEMENTAUX DE LA REGION DU SENEGAL ORIENTAL demandent au chef de L'Etat , à Mr le PREMIER MINISTRE et au MINISTRE DE L'ECONOMIE de faire QUITTER L'actuel TRESORIER PAYEUR REGIONAL de TAMBACOUNDA.
L'ENSEMBLE DES COLECTIVITES LOCALES DU POLE TERRITOIR SENEGAL-ORIENTAL et les OPERATEURS ECONOMIQUES sollicitent l'intervention de Mr le PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE pour faire quitter le TRESORIER PAYEUR REGIONAL qui n'a fait que quelques mois à TAMBA mais ça suffit.
J'invite tous les conseillers à une marche régionale pour le DEPART DU TRESORIER PAYEUR REGIONAL DE TAMBA; LES COLLECTIVITES LOCALES EN ONT MARRE DE CE PAYEUR.

3.Posté par amour a la patrie le 15/06/2016 22:35
y a que les mechants et les jaloux qui ne sont pas d accord avec ousmane ngom.je voulais juste rappeler que personne ne peut parler du liberalisme sans me ngom parce qu il a ete seul a cote de me wade present au grand combat pour la consolidation de la democratie au senegal.



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