Dossier politique / Candidats à la présidentielle de 2019 : Forces et faiblesses


Dossier politique / Candidats à la présidentielle de 2019 : Forces et faiblesses
Le Sénégal s’achemine vers des élections présidentielles en 2019. Les candidats ne présentent pas tous les mêmes capacités ni les mêmes potentialités. Chacun d’entre eux présente des forces et des faiblesses.
Le sociologue Aly Khoudia Diaw livre ici un diagnostique sans langue de bois ni complaisance des forces en présence, tout en prenant en compte le fait que tout le monde ne peut être répertorié ici et l’analyse ne tient pas toujours compte du fait que le candidat est dans une coalition de partis ou non. Ainsi on retrouve le peloton de tête, la jeune candidature et les révélations, les incontournables et possibles faiseurs de roi et enfin les nouveaux postulants

Le peloton de tête

Macky Sall

Il a l’avantage d’être le candidat sortant, il a les moyens et la logistique de l’état. Il a fait toute la chaine du pouvoir grâce à maitre Abdoulaye Wade qui l’a nommé à tous les postes. S’il décidait de se comporter comme un roi, il pourrait contraindre tout le monde dans l’administration, du commis d’administration au premier ministre. Il a fait, comme ses prédécesseurs des réalisations (autoroute, infrastructures liées au PUDC, politique sociale comme la bourse de sécurité familiale, la carte d’égalité des chances, la CMU, etc.). 

Cependant il a un sérieux problème avec la gestion du capital humain. Il accumule trop de contentieux, trop de mécontentement, et semble en vouloir à tout le monde. Il s’est dédit plus d’une fois et verse parfois dans l’injustice et la brimade d’honnêtes citoyens. Son principal adversaire ce sont bien les contentieux sociaux. Et ce sentiment est tenace chez les populations. S’il ne passe pas au premier tour, des tentatives désespérées de sa part sont à craindre.

Khalifa Sall

Un bon passé militant, socialiste pur de la première heure, il est récompensé au soir des élections locales de 2009, après une longue traversée du désert du parti socialiste et la démission de beaucoup de ses ténors. Il a été investi tête de liste à Dakar par ce qu’il était le seul à y croire et surtout parce que Tanor ne croyait pas que le PS puisse venir à bout de la grande machine libérale, devant Pape Diop tête de liste et Karim Wade à la troisième place. Tous ceux qui l’ont pratiqué témoignent d’un homme humble, correcte et effacé, sans excès. Personne ne l’a jamais entendu parler en mal de qui que ce soit dans le landernau politique. Plusieurs fois félicité par l’ARMP et les autres organes de contrôle  d’après plusieurs sources d’informations, il est le plus grand danger pour le candidat sortant car il peut se retrouver au second tour avec Macky Sall par un concours de circonstance, comme cela ne manque jamais en politique. L’exemple du candidat sortant est là.  Partout au Sénégal, le sentiment le plus partagé c’est qu’il a été mis en prison pour des raisons purement politiques. Sa seule faiblesse est certainement qu’il ne pourra pas battre campagne lui-même si on le maintient jusque là en prison. Mais son appareil politique s’en chargera.

Idrissa Seck

Il est la bête noire du régime en place. IL a connu tous les honneurs et toutes les situations en politique. Honnête et engagé, pieux et cultivé, il peut se présenter devant Macky au second tour par un concours de circonstance et surtout parce qu’il a un solide appareil politique derrière lui, des moyens logistiques et financiers conséquent en plus d’une bonne implantation sur l’ensemble du territoire national. On dit qu’en l’absence de Khalifa et de Karim, il est l’alternative face au candidat sortant. Son défi le plus immédiat sera de rassembler le maximum de soutien et de parti autour de son programme.

Sa faiblesse pourrait se résumer à son supposé ego surdimensionné, son pédantisme, son inaccessibilité même pour ses proches collaborateurs et sa tendance très marquée pour l’extérieur.

Karim Wade

Candidat de son père Abdoulaye Wade et non du PDS comme les militants libéraux tentent de nous le faire croire, il est là uniquement à cause du bon vouloir de son père. Ceux qui sont d’accord peuvent accepter et rester, ceux qui ne sont pas d’accord peuvent partir. Mais sa candidature est une position politique dont l’objectif est de maintenir la mobilisation et la flamme, c’est une candidature par défaut. IL n’a pas de passé politique au PDS et s’est toujours comporté comme un prince héritier. Sa faiblesse réside dans le fait qu’il n’a aucune méritocratie en politique, ne prend jamais ses responsabilités. La principale faiblesse du PDS, c’est bien lui et il ne faudrait donc pas s’étonner que des militants demandent de désigner un autre candidat. C’est un gâchis pour le PDS qui pourtant est la deuxième force politique au Sénégal si l’on s’en tient aux dernières statistiques.

Jeunesse et nouvelle révélation

Ousmane Sonko


Jeune et engagé, il est la révélation de cette présente campagne. Calme, serein et indémontable, il s’est dressé face au régime jusqu’à le conduire à la bourde que l’on sait, c'est-à-dire son exclusion. Un jeune homme bon sous tout rapport. Un homme innovant et méritocratique Sa faiblesse réside dans l’absence d’appareil politique et d’homme d’envergure, et certainement aussi de moyens financiers. Il peut être faiseur de roi si par extraordinaire il n’arrivait  au second tour. 

Thierno Bocoum

Personnalité politique correcte, humble et discipliné, il a acquis une noblesse politique auprès d’Idrissa Seck. IL fait partie des jeunes sur lesquels on peut compter. Il connait tout en politique. IL peut se positionner en faiseur de roi. Sa faiblesse réside dans le manque de moyens financiers et un défaut d’appareil politique digne de ce nom à la mesure de ses ambitions. Mais qu’on ne s’y trompe pas, en politique, rien n’est acquis

Bougane Gueye Dany

Il est le prototype même de la méritocratie. Il ne doit rien à personne et a su tracé sa voix tout seul . Généreux et serviable, il a acquis ses lettres de noblesse dans le business et dans le social. Jeune et intègre, on ne lui connait aucun excès, aucune dérive et son image passe très bien au sein de l’opinion qui l’a plébiscité presque partout ou il est passé. Il est riche, il a ses médias et est bon communicateur, ce qui suscite la peur chez le camp d’en face et chez ses autres concurrents. IL est une alternative crédible pour tous ceux qui ne voudront pas voter pour un politicien. Sa faiblesse réside dans sa virginité politique et l’absence d’un appareil politique et d’homme d’envergure pour l’accompagner dans sa mission. 

Les incontournables et possibles faiseurs de roi : 

Pape Diop Bokk Gis-Gis

Honnête et intègre, on ne lui connait aucune casserole. Il a une notabilité politique et un appareil ainsi que des moyens conséquents pour aller à l’assaut du Macky. A défaut d’aller au deuxième tour, il peut être un faiseur de roi car le deuxième tour au Sénégal est une question de moyen.

Abdoulaye Baldé

Il ne se prépare pas réellement pour aller à l’assaut du peuple sénégalais et leur proposer un programme. On ne l’entend pas beaucoup sur le plan de l’animation politique et se complait dans une position régionaliste. Il peut être un solide allié au second tour et par conséquent faiseur de roi.

Aida Mbodj

Honnête et engagée, elle a un parcours politique sans commune mesure et a gagné ses lettres de noblesse. C’est une battante et une redoutable manœuvrière, capable d’élaborer des stratégies pour monter un échafaudage et parvenir à ses fins. Notabilité politique et possible faiseur de roi. Tout le monde se l’arracherait au second tour

Me Aissata Tall Sall

Elle a acquis sa notabilité politique à la suite d’un long parcours militant au parti socialiste. Correcte, d’une grande urbanité, engagée, elle passe pour la Ségolène royale sénégalaise. Tout comme Baldé, elle donne l’impression de ne pas se préparer réellement à affronter le Sénégal des profondeurs pour présenter son programme. Elle aussi, les deux premiers se l’arracheraient volontiers. 

Abduol Mbaye

Il a gouté au pouvoir politique et ne peut plus s’en passer. Il cherche à se positionner et devrait commencer par chercher un véritable appareil politique et un programme digne de ce nom à proposer au peuple sénégalais. A cause de ses moyens, il peut être un bon allié et faire parti des faiseurs de roi

Cheikh Hadjibou Soumaré

Fonctionnaire  honnête et intègre, on ne lui connait aucun écart et demeure très civilisé. Sa virginité politique ne veut rien dire car il semble que les sénégalais se démarquent de plus en plus de la classe politique traditionnelle. C’est du sérieux cheikh et il force le respect et peut être un bon allié au second tour.

PR Issa Sall

Le professeur Issa Sall est un brillant intellectuel qui a crée la surprise lors des dernières législatives. On dit qu’il puise dans l’électorat des « daaras », ce qui pourrait faire penser le PUR est un parti religieux. Il doit lever cette équivoque car lui a les moyens de porter un programme et de le vendre aux sénégalais. Il ferait un très bon allié au second tour.

Les nouveaux

Ce sont toutes les nouvelles personnes qui ont déclaré leur candidature, qu’elle soit fictive ou non. On attend de voir mais en attendant, bienvenue  dans l’enfer de la politique et bonne chance.

PR ALY KHOUDIA DIAW SOCIOLOGUE
Mardi 25 Septembre 2018




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