Des salariés d'Air France en garde à vue, colère de la gauche et des syndicats


Des salariés d'Air France en garde à vue, colère de la gauche et des syndicats

Une semaine après les violences spectaculaires à Air France, six salariés de la compagnie ont été placés en garde à vue lundi, provoquant de nombreuses réactions à gauche et chez les syndicats qui dénoncent la "criminalisation" du personnel.

Quatre salariés de la branche Cargo et d'Air France Industries, ont été arrêtés "sans incident" vers 06H00 à leur domicile, puis un autre plus tard, a-t-on appris auprès du parquet de Bobigny et de sources policières.

Selon le parquet, une sixième personne a été "placée en garde à vue dans la matinée". Une des gardes à vue a été levée en fin de journée.

D'après une source proche du dossier, certains ont un mandat syndical à la CGT.

"On tente de criminaliser l'action syndicale et les salariés", a réagi Miguel Fortea, le secrétaire général de la CGT Air France, à l'occasion d'un rassemblement de soutien qui a réuni quelque 150 personnes à Roissy.

Sur place, Pierre Laurent (PCF) et Olivier Besancenot (NPA) ont dénoncé en choeur des tentatives d'"intimidation", "indignes de la République" selon le sénateur communiste. Clémentine Autain (Ensemble) a déploré une "incompréhension de la colère sociale" et une "victimisation du patronat".

Plus tôt, l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot (EELV) a fustigé des gardes à vue faites "pour humilier". Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) a évoqué un "jour de deuil".

"La police fonctionne comme ça avec tout le monde", a commenté François Fillon (Les Républicains), qui ne va "pas pleurer" sur le sort des interpellés.

Le député Front de gauche François Asensi a demandé au gouvernement de "suspendre le versement du CICE" --l'une des mesures phares de soutien aux entreprises du gouvernement-- à Air France, tant qu'il n'y aura pas une "remise à plat" du plan social.

Plusieurs centaines de salariés avaient fait irruption le 5 octobre dans la salle du comité central d'entreprise (CCE) de la compagnie à Roissy, consacré à un plan de restructuration menaçant 2.900 postes.

Le directeur des ressources humaines Xavier Broseta s'était retrouvé torse nu, chemise déchirée et avait dû escalader un grillage pour échapper aux manifestants. Au total, sept personnes avaient été blessées.

- 'Un cri de colère' -

"C'était un cri de colère, pas un lynchage", a déclaré Marc Hoquet, un mécanicien et délégué Sud, lors du rassemblement.

"Ca aurait pu être moi, j'y étais", a ajouté Eric Piotrowski, un technicien non syndiqué. "Depuis 2006 on a perdu la moitié de notre effectif", "c'est ça la violence sociale et morale".

Selon un délégué CGT, des salariés vont maintenir "nuit et jour" une présence symbolique à Roissy, en attendant la levée des gardes de vue.

Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête, confiée à la police aux frontières. Au moins dix plaintes ont été déposées: celles de six vigiles et trois cadres de l'entreprise pour des "violences" et celle d'Air France pour "entrave au CCE" et "dégradations".

Une enquête interne à la compagnie a également permis d'identifier une dizaine de salariés comme impliqués dans ces violences.

Parallèlement, les premières notifications de sanctions devaient être envoyées lundi à des salariés, a affirmé à l'AFP une source proche du dossier, sans plus de précision. Air France avait fait savoir que les sanctions disciplinaires pourraient aller jusqu'au licenciement.

Le Premier ministre Manuel Valls avait promis des "sanctions lourdes" contre les "voyous", François Hollande avait condamné des violences "inacceptables". L'État possède 17% du capital d'Air France.

Après avoir renoué le dialogue vendredi avec les syndicats de pilotes, la direction a poursuivi son tour de table lundi.

Air France lancera un plan social "à partir de janvier" en cas d'échec des négociations fin 2015 sur de nouvelles mesures de productivité, a expliqué à l'AFP Flore Arrighi, la présidente de l'Unac, un syndicat de PNC (stewards et hôtesses), après une rencontre avec la direction.

La compagnie se donne deux mois et demi pour parvenir à un accord permettant d'éviter la totalité des 2.900 suppressions de postes envisagées.

Jusqu'à présent, elle s'est heurtée au refus des syndicats sur sa principale demande: faire voler les navigants une centaine d'heures de plus par an, à salaire égal.

Source: AFP

Mardi 13 Octobre 2015




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